Kodak attaque Apple et HTC avec cinq brevets

Anthony Nelzin-Santos |
La monétisation du millier de brevets qu'il reste à Kodak est la dernière chance pour la société d'échapper à la faillite. Aux abois, le pionnier de la photographie cherche des liquidités pour prolonger un peu son sursis, juste le temps de vendre ses derniers brevets et d'entamer sa restructuration. Comme une dernière manœuvre avant la grande braderie, Kodak a de nouveau déposé plainte contre Apple pour violation de brevets, et s'attaque cette fois aussi à HTC.

Duprey / SIPA


La firme de Rochester reproche à Apple de violer quatre brevets avec l'iPhone 3G, l'iPhone 3GS, l'iPhone 4, l'iPhone 4S, l'iPad 2 et l'iPod touch 3G : le #7,210,161 sur la transmission automatique d'images depuis un appareil photo numérique vers un fournisseur de services avec un fichier de configuration réseau ; le #7,742,084 sur un fichier de configuration réseau pour transmettre automatiquement des images depuis un appareil photo numérique vers un fournisseur de services ; le #7,453,605 sur la capture d'image destinées à être envoyées par courriel ; et le #7,936,391 sur un appareil photo numérique doté d'une interface de communication permettre de choisir des images à transmettre par le biais d'un réseau cellulaire ou d'un réseau LAN. Bref, des brevets qui couvrent l'essentiel des fonctions de prise de vue et de partage des photophones actuels.

Selon Kodak, la plupart des smartphones Android de HTC violerait aussi ces quatre brevets, plus un cinquième, le #6,292,218 sur la prévisualisation des images. Ce brevet est utilisé par Kodak dans une autre affaire en cours contre Apple et BlackBerry (lire le résumé de l'affaire Kodak v Apple). Vu la tension entre les deux sociétés, on doute qu'Apple et HTC fasse front commun contre le K rouge.

Vu l'état des finances de Kodak, il ne fait aucun doute que cette nouvelle plainte n'est pas destinée à aller à son terme et à permettre l'éventuel versement de dommages. Il s'agit ici pour la firme de Rochester de montrer que son portefeuille de brevets peut encore avoir un valeur : elle en a tiré 1,32 milliard d'euros de royalties entre 2008 et 2010, et a vendu ses 10 000 brevets les moins importants à IMAX pour plusieurs dizaines de millions de dollars (lire : Kodak tente de sauver les meubles). Kodak doit vendre au plus vite les 1 100 brevets importants qu'il lui reste, qui comprennent les six qu'elle utilise contre Apple, RIM et HTC — mais les potentiels repreneurs pourraient jouer la montre et les acheter au prix le plus bas ou monter une OPA hostile à la veille d'une faillite de la société.



Celle qui était autrefois un fleuron de la photographie a lentement décliné en refusant d'investir massivement dans le numérique malgré des travaux très prometteurs (les capteurs Kodak sont au centre de dispositifs d'imagerie de pointe et de quelques uns des plus beaux appareils photo du marché). Le refus de concurrencer l'activité argentique du groupe — qui est paradoxalement toujours rentable et devrait se sortir de ce pétrin sans trop de problèmes — avec le numérique a provoqué un décalage complet avec les réalités du marché dès la fin des années 1990 et la multiplication des activités parallèles. La restructuration en cours vers la photo et l'impression numérique seules pourrait donc bien avoir lieu… sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites des États-Unis, dernier recours avant le clic-clac de fin.
Accédez aux commentaires de l'article