Google et Opera bloquent sur Do Not Track

Florian Innocente |
Le président de la Federal Trade Commission américaine, Jon Leibowitz, s'est ému que Google, contrairement à Mozilla, Microsoft et apparemment Apple, ne se soit pas engagé en faveur de l'initiative "Do Not Track".

Celle-ci permet à l'internaute de spécifier de manière définitive aux sites web s'il accepte ou non que ses informations de navigation soient traitées par les annonceurs afin de recevoir des publicités ciblées ou de connaître ses déplacement entre les sites. Encore faut-il évidemment que les sites récupèrent et acceptent cette demande transmise par le navigateur web (lire aussi Mozilla et Google proposent la fin du tracking).

Microsoft s'est engagé à prendre en charge cette fonctionnalité dans Internet Explorer, Mozilla aussi avec Firefox. Apple n'a pas communiqué sur le sujet. Mais elle paraît au moins tester la chose, en témoigne une option de Safari apparue dans les bêtas de Mac OS X Lion - sans garantie qu'elle y soit encore dans la version finale - (lire Mac OS X Lion : WebGL retiré, Do Not Track ajouté).

Google propose déjà une extension pour Chrome, baptisée Keep My Opt-Outs qui bloque les cookies utilisés à des fins de personnalisation des publicités que vous allez voir dans les pages. Mais il lui est reproché de ne contrer que ces cookies là.

Dans un document destiné à une réunion de travail du W3C sur le suivi des internautes (PDF) Google enjoint de mettre en place une définition claire et transparente de ce que l'on entend par "tracking". Que l'utilisateur sache, aidé par une interface claire, quelles informations sont collectées et dans quel but, avec ses avantages (publicités adaptées à ses centres d'intérêt, éviter que le même message ne soit affiché plusieurs fois alors qu'il pourrait ne l'être qu'une fois, sécurité des échanges, etc) et ses inconvénients.

Google est pris entre deux feux sur cette question. Il fournit un navigateur et tire également la quasi-intégralité de ses revenus de la publicité. Son refus d'intégrer Do Not Track pourrait se retourner contre lui estime Asa Dotzler, de la fondation Mozilla. Il rappelle le cas de Netscape, lorsqu'il existait encore et était géré par AOL, grand pourvoyeur de publicités. Netscape 7 était basé sur Mozilla 1.0 et tous deux sortaient au même moment. Si ce n'est qu'AOL demanda à ses ingénieurs de retirer le bloqueur de pubs conçu par Mozilla. Les internautes ne s'y trompèrent pas et décrièrent cette décision, au bénéfice de Mozilla. Netscape 7.0.1 ramena le bloqueur de pubs… mais il laissait passer celles du réseau AOL.

Le moteur de recherche estime qu'il n'y a pas encore de consensus sur la question chez les annonceurs, rendant dès lors le système inopérant. Jon Leibowitz pour sa part estime que ce n'est qu'à travers un engagement des éditeurs que la pression sera plus efficace. Et qu'une démarche volontaire de part et d'autre évitera d'en arriver à une législation “Mon opinion est que la plupart des gens apprécient plus ou moins la publicité ciblée et qu'ils ne la rejetteront pas. Mais il y a une sorte de mentalité parmi certains annonceurs selon laquelle 'le ciel va leur tomber sur la tête', et c'est tout bonnement idiot'”.

Google n'est toutefois pas le seul à traîner les pieds, Opera, dont un porte-parole est cité par ComputerWolrd, émet lui aussi des réserves “de telles fonctionnalités pourraient conduire à une meilleure protection des données personnelles, mais elles sont susceptibles de donner un faux sentiment de sécurité. Il y a aussi des complications qui se font jour lorsqu'un site ne prend pas en compte la fonction Do Not Track. On étudie la question, mais on n'a pas d'annonce à faire pour l'heure.
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