Flash sur mobile : une copie à revoir d'urgence

Anthony Nelzin-Santos |
« Je suis la dernière personne au monde qui voulait croire aux propos de Steve Jobs quand il confiait au Wall Street Journal penser que "Flash était de l'histoire ancienne" » : c'est ainsi que commence l'article d'Avram Pitch au sujet de Flash sur mobile. Une ligne plus loin : « après avoir utilisé Flash Player 10.1 sur le nouveau Droid 2, premier téléphone sous Android 2.2. où Flash est préinstallé, je suis triste d'admettre que Steve Jobs avait raison ».

Pitch a commencé par visiter les sites conseillés par Adobe, regroupés dans l'application Adobe Flash Showcase, en fait une interface pour le site m.flash.com. Il se dit pleinement satisfait de la lecture vidéo sur les sites proposés : nous avons nous-mêmes pu vérifier que le streaming est plutôt fluide, en 3G comme en Wi-Fi. Mais dès que l'on sort un peu des sentiers battus, les choses se compliquent : nous avions constaté sur Nexus One que la lecture pouvait parfois être saccadée, y compris en Wi-Fi, avec un temps de latence important au démarrage (lire : Android : Flash 10.1 en version finale). Pitch confirme, y ajoutant l'impossibilité de faire défiler une page où une vidéo était chargée malgré le processeur puissant. Pire encore, ce message « Cette vidéo n'est pas optimisée pour mobile » qui apparaît parfois, alors qu'Adobe prône l'universalité totale de sa plateforme.



La différence vient en fait de l'optimisation des contenus : les vidéos de sites de télévision de rattrapage sont spécialement conçues pour l'affichage sur ordinateur, alors que les sites conseillés par Adobe ont été évidemment taillés sur mesure pour le mobile. Certains sites sont d'ailleurs conçus pour charger une version plus légère sur mobile, une fonction de Flash.

Après la vidéo, Pitch a testé quelques jeux, et l'histoire est la même : la plupart des jeux Flash étant conçus pour une utilisation à la souris et au clavier, ils sont injouables sur mobile : « Flash a été conçu pour le PC avec une souris, par pour les téléphones avec les doigts », disait Steve Jobs. Sur des sites Internet « normaux », mieux vaut désactiver le plug-in, ou ne le charger qu'à la demande : Pitch a été incapable de charger certaines pages parce que le téléphone n'arrivait pas à charger certains contenus en Flash.

Sa conclusion est la même que la nôtre : avoir le choix est certainement agréable, mais en l'état actuel de l'implémentation de Flash sur Android, inutile. L'iPhone ayant joué son rôle dans la transition vers le HTML5, Flash est d'ailleurs de moins en moins utile : « Adobe doit avoir une meilleure réponse à la question de la pertinence de Flash dans un monde où d'autres technologies sont en train de le remplacer à la vitesse grand V ». On serait tentés d'ajouter, maintenant que nous avons le recul de l'utilisation de Flash sur Android depuis quelques jours, que le plus grand ennemi de Flash sur mobile n'est autre que Flash lui-même et la communauté de développeurs : les contenus sont pour la plupart inadaptés au contexte mobile. L'expérience mobile de Flash est la meilleure preuve que le crédo de l'universalité parfaite prôné par Adobe n'est plus valable, et déjà une impasse.
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