Steam : Gabe Newell et les DRM

Arnaud de la Grandière |


Lors de la Game Developer Conference, Gabe Newell, le co-fondateur et dirigeant de Valve Software, a été distingué le 11 mars par un prix pour l'ensemble de son œuvre. Il y a fait un discours remarqué au sujet des DRM (mesures techniques de protection), un sujet très houleux en ce moment dans le domaine du jeu vidéo : Ubisoft a mis un place un système assez restrictif sur ses derniers jeux sur Windows, comme Assassin's Creed II ou Silent Hunter V.

Celui-ci oblige le joueur à être connecté à internet en permanence pour pouvoir jouer, même s'il ne s'agit pas d'une partie en réseau, afin de garantir que la copie installée n'a pas été piratée. En revanche, le système permet l'installation sur un nombre illimité de machines, permet de jouer sans avoir le disque dans le lecteur, et sauvegarde vos parties en cours en ligne. Ainsi, il est possible de la poursuivre en passant d'une machine à l'autre, à la manière de ce que propose précisément Steam, le système de distribution en ligne de Valve Software, promis sur Mac le mois prochain.

L'inconvénient du système, c'est que vous devez avoir une connexion à Internet pour espérer pouvoir jouer. Si votre connexion a des interruptions, ou si vous aimez jouer dans le train avec votre portable, vous ne pourrez plus profiter des jeux d'Ubisoft. Un inconvénient qui a donné sa pleine mesure alors que les serveurs d'Ubisoft ont été victimes d'une attaque de type déni de service distribué (DDoS), s'effondrant sous le poids de la charge, et privant certains acheteurs légitimes de leur jeu durant quelques heures. Mais l'honneur est sauf pour Ubisoft, qui s'enorgueillit de voir que sa protection n'a toujours pas été "crackée" à ce jour.

C'est dans ce contexte que Gabe Newell a déclaré : « Une des choses que vous entendez beaucoup [chez Valve] c'est la notion de divertissement en tant que service. C'est une façon de faire qui dit 'qu'est-ce que j'ai fait pour mes clients aujourd'hui?'. Ca influence toutes les décisions que nous prenons, et une fois que vous entrez dans cet état d'esprit, ça vous aide à éviter des choses telles que les problèmes de DRM, qui donnent à vrai dire moins de valeur à vos produits en les enveloppant de cette manière négative. »


Une petite phrase qui a été acclamée par le parterre de professionnels qui assistaient à la cérémonie. Il semble donc que ceux-ci ne soient pas plus satisfaits de la situation que les joueurs. Cependant la phrase de Newell n'est pas innocente : Steam propose également un système de DRM, il est vrai nettement moins restrictif. Une manière donc pour Newell de prêcher pour sa paroisse (à noter qu'Ubisoft fait partie des éditeurs présents sur Steam).

Une équation bien délicate à équilibrer : si les DRM se vouent à empêcher le pillage des auteurs, il ne faut pas pour autant qu'ils en deviennent une contrainte pour les acheteurs légitimes. Pour autant, c'est bien le piratage qui a poussé les éditeurs à se protéger de la sorte…
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