Apple et les DRM : lettre ouverte de Steve Jobs

La redaction |
Attaqué de toute part, tant par ses concurrents que par les artistes indépendants, les associations de consommateurs et les pouvoirs publics de plusieurs pays européens, Apple contre-attaque. Dans une lettre ouverte publiée mardi soir, Steve Jobs justifie personnellement son choix de verrouiller jusqu'à présent la musique achetée sur l'iTunes Music Store par ces DRM qui limitent la lecture et la copie des morceaux. Ce fut, rappelle-t-il, la condition sine qua non imposée par les "big four", autrement dit ces quatre majors qui détiennent 70% du marché de la musique, pour mettre leur catalogue en ligne.

Trois ans plus tard, alors que les débats sur l'interopérabilité font rage, Apple est à la croisée des chemins. Trois choix sont envisageables. Garder confiance dans un modèle fermé, comme Microsoft et Sony. C'est ce modèle qui permet aux industriels de continuer d'innover, explique Steve Jobs, en même temps qu'il balaie les accusations de modèle fermé. Sur un iPod, seuls 3% de la musique proviennent en moyenne de l'iTunes Music Store. "Les utilisateurs d'iPod ne sont clairement pas enchaînés à l'iTunes store pour obtenir de la musique", justifie-t-il.

L'autre choix, c'est la licence de Fairplay, le système de DRM d'Apple. Cela permettrait à d'autres fabricants de commercialiser des baladeurs compatibles iTunes ou à des plates-formes de vendre des morceaux protégés pour l'iPod. C'est une fausse bonne idée, explique en substance Steve Jobs, qui invoque cette fois des justifications techniques. D'une part, multiplier les interlocuteurs augmente les risques de fuite et de voir le système cassé. D'autre part, les mises à jour pour combler les brèches n'en sont que plus délicates. Conclusion, en licenciant FairPlay, Apple "ne pourrait plus garantir la protection de la musique" des quatre majors, qui lui retireraient leurs catalogues.

La troisième solution, c'est l'abolition des DRM. Et là, Steve Jobs se fait retors. Certes, ce serait la meilleure solution. "Les DRM n'ont jamais fonctionné et ne fonctionneront peut-être jamais pour endiguer le piratage de musique", lance le patron d'Apple. Si ces protections étaient supprimées, "l'industrie de la musique pourrait créer un afflux de nouvelles entreprises prêtes à investir dans de nouveaux disquaires en ligne et de nouveaux disquaires. Cela ne peut être que positif pour eux", ajoute-t-il. Dès lors, qu'est-ce qui retient Apple ? Mais les majors, justement, sur lesquelles Steve Jobs fait porter toute responsabilité. Car leurs positions n'ont pas encore changé.

Dès lors, dans une conclusion aux accents consuméristes, Steve Jobs invite les Européens, si en pointe dans le combat contre les DRM, à se mobiliser pour faire plier les "big four" qui vendent la quasi totalité de leurs musiques sur des CD non protégés. Après tout, Vivendi est un groupe français, EMI est anglais et Sony BMG détenu à moitié par un allemand. "Les persuader de licencier à Apple et aux autres leur musique sans DRM créera un marché sans DRM vraiment interoperable. Apple y participera sans réserve", promet-il. Éludant toutefois les questions sur la vente dès à présent et sans protection des morceaux d'indépendants, les 30% restants, premier signe tangible d'un engagement pour une musique débarrassée de ses verrous.
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