Les paradoxes d'Apple en entreprise

bferran |
Et si Apple obtenait enfin des résultats probant dans les entreprises ? À en croire une étude de Gartner publiée dernièrement, l'attrait des Macintosh y serait grandissant. Apple pourrait bénéficier de la stabilité de Mac OS X, de sa bonne réputation en matière de sécurité informatique et de l'homogénéisation de sa gamme autour des processeurs Intel. Ce regain de forme est cependant limité, s'empresse de préciser Gartner. "Dans bien des cas, les Mac remplacent des stations de travail sous Unix et Linux, plutôt que des PC sous Windows", autrement dit une faible part du parc, écrivent les analystes. La raison ? Environ 70% des applications utilisées en entreprise nécessitent encore le système d'exploitation de Microsoft. Et il n'y aurait aucun espoir de passer sous le seuil des 50% avant 2011, indique Gartner, qui doute manifestement de l'efficacité de Bootcamp ou des solutions de virtualisation.

La fidélité à Windows, revendiquée ou subie, n'est cependant pas la seule explication avancée par Gartner. Apple commet aussi des erreurs qui l'empêchent d'implanter des postes de travail Mac à plus grande échelle. Elle ne licencie pas son système d'exploitation à des constructeurs de tierce partie et ne propose donc qu'une gamme unique sous ses couleurs. L'épopée des clones est définitivement oubliée. Or, "nombre d'entreprises rechignent à s'équiper d'ordinateurs auprès d'un seul fournisseur" (Gartner avait d'ailleurs appelé à un accord avec Dell, qui permettrait de gagner des parts de marché en entreprise). Ensuite, Apple n'est pas assez claire sur sa feuille de route, passée et future. "Microsoft assure le support technique de versions de Windows pour au minimum dix ans, tandis que Red Hat et Novell s'engagent à sept ans de support pour les PC d'entreprise sous Linux. Apple se doit de prendre explicitement des engagements similaires", juge Gartner.

Et puis il y a l'image des ordinateurs Apple, plus que jamais marqués par le grand public. L'installation par défaut de la suite iLife, l'intégration poussée du matériel et du logiciel, constituent paradoxalement un handicap pour percer dans les entreprises. C'est "au mieux, inutile et, au pire, diamétralement opposé aux pratiques de la plupart des entreprises et des organisations gouvernementales", écrit Gartner, pour qui "Mac OS X n'est pas une plate-forme appropriée pour une large utilisation". D'où le choix de se concentrer sur des niches, comme peuvent l'être le graphisme et les médias. Et comme devaient l'être, à la sortie du G5, les clusters, un marché qu'Apple voulait porteur pour son développement dans les entreprises et aujourd'hui quelque peu tombé dans l'oubli.
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