Palm se glisse dans les pas d'Apple

Florian Innocente |
Le salut de Palm viendra-t-il de Jon Rubinstein, ancien lieutenant de Steve Jobs avec qui il participa à la renaissance d'Apple ? Pris en tenaille entre les BlackBerry, les HTC et autres iPhone, Palm a pris des mesures depuis un an pour tenter un retour au premier plan, celui qu'il occupait à l'époque de son premier smartphone le Treo et avant lui sur le marché des PDA.

Rubinstein avait suivi Steve Jobs chez Apple en 1997 où il s'occupa de la division matérielle avant de présider celle créée spécialement pour l'iPod. Il a quitté Apple il y a deux ans et rejoint Palm à l'été 2007 comme président exécutif. Et à lire l'article que lui consacre le New York Times, il ne passe pas ses journées à déplier des trombones.

Son objectif est moins de surpasser la concurrence que de se surpasser soi-même "Tout le monde est en train d'essayer de faire un iPhone killer, nous on veut faire un killer Palm product (un "produit Palm qui tue").

Lors de son recrutement, il s'était vu confier la charge de faire le ménage dans le matériel de Palm comme dans son logiciel. Des produits déjà annoncés et présentés au public ont été annulés, à l'image du Foleo, un portable ultraléger.



De nouvelles têtes sont apparues, Rubinstein a fait son marché parmi ses relations et de jouer aujourd'hui sur l'esprit d'équipe “Je ne vais pas sauver cette entreprise, ils vont sauver cette entreprise".

Stephane Maes le vice-président de la division marketing des smartphones raconte sa première réunion chez Rubinstein dans sa résidence secondaire près de Mexico. Maes était venu avec son équipe et un chargement d'à peu près 30 modèles de futurs Palm. Pendant trois jours ils sont passés sur le grill des questions de son nouveau patron qui, à l'issue de ce debriefing, a décidé d'abandonner plusieurs modèles. Pour d'autres, des modifications furent réclamées alors que leur lancement approchait.

Parmi les survivants il y avait le Centro sur lequel la société avait misé de nombreux espoirs. Des ingénieurs furent envoyés en Chine et à Taïwan afin de surveiller la production de plus près. Le logement de la batterie qui couinait fut redessiné et plusieurs bugs durent être corrigés dans le logiciel.



Les éléments plastiques de la coque nécessitaient également d'être paufinés. Lors d'une réunion, Rubinstein insista pour savoir qui était responsable de cette partie, et d'insister et insister encore jusqu'à qu'un nom émerge. Par le passé raconte un dirigeant de Palm ce genre de détails aurait été évacué. À l'instar de ce qui se fait chez Apple, même les emballages sont maintenant étudiés de près.

Ce chambardement dans les méthodes de travail et dans les lignes de produits n'a pas été sans frictions, certains tenaient absolument à conserver le design inauguré par le Treo. Pour l'aider à secouer le cocotier Rubinstein a recruté des gens comme Mike Bell, 16 ans chez Apple, où il travailla sur AirPort et sur les composants logiciels de bas niveau pour les différents Macintosh. Nouveau aussi Michael Abbott qui supervisa les services en ligne .NET chez Microsoft.

Chez Palm aujourd'hui il s'agit de poser de nouveaux rails "Ce n'est pas un seul produit qui va nous ramener sur la route du succès. Un produit n'est qu'une brique parmi les fondations. Et chacune doit être meilleure que la précédente" prévient Rubinstein.

Les noms de produits avec des numéros, Treo 680, 700… commencent également à disparaître au profit d'appellations comme "Centro" et le tout nouveau "Treo Pro" lancé cette semaine (ci-dessous). Puis l'amélioration du design des derniers produits s'est accompagnée d'un repositionnement vers de nouveaux publics.



Le Centro, vendu à 2 millions d'exemplaires (99$), a par exemple trouvé preneur auprès des femmes ou des jeunes qui cherchaient un premier smartphone pas trop onéreux. "La marque Palm n'est pas morte, elle est juste endormie" estime l'un de ses responsables. Et d'espérer probablement qu'un analyste cité dans l'article ait raison "Pile au moment où vous pensez qu'ils sont fichus, ils font quelque chose d'intéressant."

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