Apple ne manque pas d'Air

Vincent Absous |
Si on a pu constater que Steve Jobs ne faisait plus le déplacement de Paris pour inaugurer l’Apple expo devant la presse et les aficionados du monde Mac, si on a pu constater que la Pomme n’avait même pas fait le déplacement de Londres pour participer au salon Mac Expo, en revanche, on ne peut que constater une évidence : Macworld Expo reste un événement incontournable. Si l’an passé, le rendez-vous de San Francisco avait été marqué par la présentation d’iPhone, cette année, le Mac a repris ses droits. Certes, l’iPhone était présent et même bien présent (pensez, Apple en a vendu tout de même 4 millions d’exemplaires !), on va le voir, mais la vedette de la conférence de Steve Jobs aura bien été celui qu’on annonçait depuis plusieurs jours : le MacBook Air. Tour d’horizon d’un keynote historique.

Pas de surprise pour l’iPhone

Ainsi, l’iPhone va-t-il bénéficier d’un tout nouveau logiciel interne. Comme annoncé depuis un certain temps, le téléphone y gagne un certain nombre de fonctions attendues : envoi d’un même SMS à plusieurs destinataires, possibilité de réorganiser les icônes sur le SpringBoard, l’interface principale, possibilité même de créer sur celle-ci plusieurs pages, possibilité de place sur ces pages des liens Internet, nouvelle fonction « Locate Me » permettant à l’utilisateur de connaître — approximativement — sa position dans le module Google Maps, etc. D’autres étaient moins attendues : l’affichage des paroles d’une chanson, les WebClips (comme ce que permet déjà Dashboard dans Leopard). La nouvelle version du logiciel pallie un certain nombre de défauts de jeunesse du téléphone. Pour en bénéficier, les possesseurs de l’appareil n’ont besoin que de lancer une synchronisation.

Et Apple n’oublie pas les possesseurs d’iPod touch et les développeurs. À condition de payer 20 $, les premiers peuvent bénéficier de cinq nouvelles applications que connaissent déjà ceux qui utilisent un iPhone : Mail, Maps, Note, Météo et Bourse. Quant aux développeurs, ils disposeront le mois prochain du fameux SDK, promis de longue date, le kit de développement qui leur permettra de proposer leur propres applications.

Apple TV reloaded

On pensait qu’Apple TV allait finir dans un placard de Cupertino ; on avait tort. Présenté par Steve Jobs sur la même scène l’an passé, le media center d’Apple a le droit à une seconde chance. Le patron d’Apple a en effet présenté une nouvelle version du logiciel qui anime le petit pavé. Et pour mieux assurer son avenir, on baisse son prix, de 299 $ à 229 $. En Europe, par contre, le prix reste inchangé pour le moment : 299 € !

Saura-t-il convaincre cette fois ? Pour Steve Jobs, en tout cas, il a tous les atouts : discrétion de l’objet lui-même ; élégance de l’interface revue et corrigée, mais toujours très simple, c’est promis ; lien avec un Mac pour la synchronisation et avec plusieurs ordinateurs pour la lecture en streaming de leurs contenus audiovisuels. La version 2 du logiciel d’Apple TV permet que le boîtier se passe désormais d’ordinateur. Le périphérique sait en effet diffuser le contenu des galeries photos hébergées sur .Mac et sur Flickr. Il sait aussi aller chercher et même acheter musique, films et séries sur iTunes Store. Autant de nouveautés qui seront proposées à ceux qui possèdent le boîtier d’ici une quinzaine, via une mise à jour du logiciel interne. Sur le papier, Apple TV a toujours eu de quoi convaincre. Sauf qu’il lui manquait certainement jusqu’à présent un élément essentiel : du contenu !

L’annonce d’un service de location de films pourrait changer cette donne-là. Disponible aux USA dès aujourd’hui, ailleurs dans le monde cette année (mais iTunes Vidéo devait être proposés aux consommateurs européens en 2007…), iTunes Movie Rental, c’est son nom, offrira du contenu, c’est promis. Des accords ont été signés dans ce but avec les plus grands studios : Universal, Fox, Warner, Disney, Paramount, Miramax, Sony, NewLine, LionsGate, MGM, Touchstone. Reste un problème, un frein même : la qualité du film. Apple promet une qualité DVD ou HD et un son 5.1. Les films pourront être achetés directement depuis l’Apple TV.



Une fois payé, 2,99 $, 3,99 $ ou 4,99 $ selon que le titre est ancien ou récent, selon la qualité choisie, le film pourra être regardé pendant une durée de 24 heures, sur tous les appareils de la galaxie Apple (iPod, iPhone, Mac, Apple TV donc).

Le Mac

De ce côté-ci du monde Apple, tout va bien, merci. Leopard se vend tout seul, ou presque. Apple en a écoulé 5 millions de copies et 20 % des Mac installés chez les particuliers ou en entreprise en sont déjà équipés. Un succès, un succès historique même. Le plus grand qu’ait jamais rencontré une version de Mac OS X. L’occasion en tout cas pour Steve Jobs d’enfoncer le clou.

Time Capsule fait ainsi son apparition. Dans le cas présent, on pourrait dire « fait enfin son apparition ». Time Capsule, cela rappelle cette fonctionnalité présente dans les bêtas de Leopard, absente de la version finale commercialisée le 24 octobre et qui permettait alors d’exploiter Time Machine avec un disque dur externe connecté à AirPort Extreme. Dans le cas présent, Time Capsule, c'est une borne AirPort Extreme, justement, qui embarque désormais un disque dur. Deux versions sont commercialisées, l’une avec un disque de 500 Go (299 €), l’autre avec un disque de 1 To (499 €). De quoi remonter loin dans le temps. Les utilisateurs de portables apprécieront. Il leur faudra attendre toutefois un peu pour ce faire : février. Dommage en revanche pour ceux qui possèdent une borne AirPort Extreme achetée l'an passé : rien de nouveau, Time Machine ne fonctionne pas avec un disque dur externe qui y serait branché.



L’assemblée retient son souffle

Mais, évidemment, ce n’est pas pour s’entendre dire cela que les quelque 4 000 spectateurs du Moscone Center étaient venus sur place. Ils étaient venus certains pour la plupart qu’Apple allait frapper un grand coup, ils n’ont pas été déçus, pas plus certainement que les membres de la communauté Mac. Steve Jobs a en effet présenté MacBook Air, le portable le plus fin au monde ! Entre 4 et 19 mm d’épaisseur, c’est fin, c’est sûr. Au point de pouvoir être glissé dans une enveloppe. L’image est saisissante.



La finesse a un prix, celui du lecteur optique qui n’est pas du voyage (mais on peut prendre en option un SuperDrive USB pour 99 €). On peut toutefois, grâce à une fonction logicielle, « emprunter » le lecteur CD/DVD d’un ordinateur en réseau. Pratique et même indispensable pour installer un logciel. L’écran, un écran LED, fait 13,3 pouces, comme le MacBook. Il est doté de l’iSight d’usage, du même clavier que le MacBook (mais avec un capteur de luminosité qui permet de le rétro-éclairer), d’un disque dur 1,8 pouces de 80 Go (4200 tr/mn), pour le premier modèle, d'une mémoire flash de 64 Go, nettement plus rapide, pour le second modèle (on peut toutefois retenir cette option sur le premier modèle, mais l'addition est salée). La mémoire vive est de 2 Go. Pour ce qui est de la connectique, le MacBook Air est équipé d’un port USB 2.0 (mais pas d'un port FireWire), d’une prise Micro DVI pour connecter un écran externe et d’une sortie audio. Côté processeur, l’Intel Core 2 Duo qui l’anime est cadencé à 1,6 GHz ou à 1,8 GHz. Le Wi-Fi et Bluetooth sont de série. L’autonomie promise est de 5 heures.

Deux configurations sont disponibles à la vente :
- 13" 1,6 GHz - 2 Go de mémoire - Disque dur PATA de 80 Go à 4 200 tr/min - Bluetooth et Wifi 802.11n - 1699 € - CHF 2499
- 13" 1,8 GHz - 2 Go de mémoire - Disque dur SSD de 64 Go - 2868 € - CHF 4248

Pour épater la galerie, il va toutefois falloir attendre un peu. Le MacBook Air est attendu pour le tout début du mois de février, dans un emballage plus écologique, sans PVC, l’ordinateur lui-même étant tout d’aluminium, son écran débarrassé de toute trace de mercure et d’arsenic. Voilà qui devrait faire plaisir à Greenpeace.



Finalement, cela aura été un keynote sans surprise. Il n'empêche, cela aura été un joli keynote…

Vous pouvez retrouver la transcription, minute par minute, de l'événement, en suivant ce lien.
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