La "Delicious Generation" vient encore de frapper

Florian Innocente |
60 000 $ (environ 46 000 €) de recette le premier jour de sa mise en vente sur Internet. C'est le chiffre avancé dans une interview accordée à TUAW par Saulius et Aidas Dailide, les deux auteurs de Pixelmator (vendu 59 $, soit 1000 clients en 24h). Développé en moins un an, ce logiciel écrit en Cocoa et utilisant tous les ressorts de Mac OS X (Core Image, OpenGL, l'iSight…) reprend les fonctions classiques d'un logiciel de retouche d'image mais habillées d'une interface particulièrement léchée et bardée de transparences et d'icônes animées.



Un style qui a son école, la "Delicious Generation", en hommage à Library, autre OVNI graphique conçu par Delicious Monster. Ce dernier voit d'ailleurs son record battu, lui qui avait écoulé pour 54 000 $ de son logiciel de bibliothèque virtuelle, avant de grimper à 250 000 $ au bout du premier mois de commercialisation. Comme Will Shipley, le patron fort en gueule de Delicious Monster, les deux frangins ne jouent pas franchement sur le registre de l'humilité poussée dans ses derniers retranchements : "Créativité et idées innovantes sont deux éléments que Saulius maîtrise parfaitement" ; "Il n'y a aucune technologie de Mac OS X que Aidas ne maîtrise pas" peut-on lire sur leur page de présentation. Reste que leur logiciel apporte un coup de frais entre les ténors déjà en place que sont Photoshop Elements et GraphicConverter.

Le duo ne mégote d'ailleurs pas sur ses ambitions. S'il passe sous silence GraphicConverter, il prend le logiciel grand public d'Adobe pour cible "Quand on regarde Photoshop Elements on ne sait pas trop à qui il se destine… il est trop compliqué et trop moche pour l'utilisateur moyen. A mon sens l'existence de Photoshop Elements tient davantage à du marketing qu'à la volonté d'apporter une valeur ajoutée. Et vu ce que nous avons fait avec Pixelmator à deux et avec notre budget, nous avons vraiment de quoi rendre la monnaie de sa pièce à Adobe" annonce l'un des deux frères.

De leur point de vue, Pixelmator s'adresse à l'utilisateur fan de Mac OS X qui trouve Photoshop trop pointu et iPhoto pas assez, avec à la marge le professionnel qui voudra faire une retouche rapide. Sur l'évolution de Pixelmator, les frères Dailide prévoient plus d'outils pour la création d'images pour le Web, le support de plug-ins (déjà en place mais désactivé), des outils de retouche non destructifs ou encore des performances améliorées. On devine également une large utilisation des futures ressources graphiques de Leopard d'autant que Pixelmator s'appuie aujourd'hui pour une bonne part sur des fondations open source, celles d'ImageMagick pour la lecture de très nombreux formats d'image et de leur manipulation et édition.

De là à dire que Pixelmator est avant tout et surtout une belle interface il n'y a qu'un pas. Mais cette fameuse "Delicious Generation" (qui regroupe des logiciels comme Disco, AppZapper, Picnic…) avait suscité un billet acide du patron d'un autre éditeur Mac, Rogue Amoeba (Audio Hijack Pro, Airfoil). Son auteur y décriait cette nouvelle génération de (jeunes) développeurs Mac où entre buzz savamment entretenu (des milliers de personnes avaient précommandé Disco sur la seule foi de ses captures d'écrans), marketing viral et interfaces hautes en couleurs et effets étourdissants, l'essentiel venait à se perdre. C'est à dire celui d'une application où le fond primerait sur la forme.

Mais ce débat n'est peut-être pas éteint. Dans une interview à Wired, Wil Shipley, évoquant les mécanismes de Leopard destinés à faciliter la création d'animations (Core Animation), prévoyait "des métaphores inédites autour de l'interface utilisateur" que ce soit dans la représentation graphique (3D par exemple) que dans leur manipulation à la souris. Et d'ajouter à l'adresse des clients de la prochaine version 2 de Library, prévue uniquement pour le 10.5 "Nous nous sommes rendu compte que n'importe quelle application conçue pour Tiger (l'actuel 10.4) aurait vraiment une allure pathétique lorsque sortira Leopard".

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