Le Mac est un PC comme les autres

Vincent Absous |
On le sait, un keynote est un événement exceptionnel pour tout aficionado de la Pomme. Y a-t-il d'ailleurs une seule autre marque capable de susciter autant d'attentes ? Que penser alors de ce keynote-là ? Steve Jobs lui-même en entrant sur scène a parlé d'un "jour important" et de la plus importante WWDC de la décennie. Il faut dire qu'il y avait foule : plus de 3 800 personnes étaient inscrites pour cette session, venues de 45 pays.

Dans ces conditions, on ne s'attardera pas trop sur la présentation de la nouvelle version d'iTunes. On le sait, elle apporte le support du podcasting. Apple prend donc ce train-là, c'est une bonne nouvelle. iPod va bien, iTunes Music Store aussi. Merci pour eux. Le baladeur d'Apple continue d'occuper le haut du pavé et s'est adjugé 76 % du marché, pendant que le service de vente en ligne a pris 82 % du sien le mois dernier. 430 millions de titres ont été vendus depuis le lancement. Il n'y a pas, Apple connaît vraiment bien la chanson.

On ne s'attardera pas non plus sur les ventes de Tiger : 2 millions de copies ont été vendues depuis la sortie le 29 avril. Lui succédera d'ailleurs un certain Léopard. Le Mac se vend aussi très bien, semble-t-il. Alors que les ventes de PC ne progressent en moyenne que de 10 %, Apple a une croissance trois fois plus importante depuis le début de l'année. Tout cela est formidable, mais l'on sent bien que ce n'est pas là qu'est le plus important, pas ce soir.

Non, évidemment, l'information de la soirée, celle qui a fait de ce keynote un moment exceptionnel et de cette Conférence 2005 la plus importante de la décade, c'est évidemment l'annonce du choix d'Intel pour équiper les Mac de la fin de la décennie. À partir de 2006, les Mac embarqueront donc un nouveau type de processeurs, mais il ne semble pas qu'Apple abandonne définitivement le PowerPC. c|net, le Wall Street Journal, et d'autres encore ne s'étaient donc pas trompés. Apple entame la troisième grande phase de transition de son histoire. Ce choix-là, Steve Jobs l'a très simplement justifié par l'incapacité d'IBM a satisfaire la demande de son partenaire. Le G5 qui n'arrive pas à embarquer dans les PowerBook, la production erratique.

Évidemment, la transition ne va pas être facile, mais Apple entend bien faciliter le travail des développeurs. Les outils leur sont donnés dès aujourd'hui pour qu'ils puissent se mettre au travail immédiatement. Ainsi, le Developer Transition Kit est-il proposé pour 999 $ aux membres du programme ADC (Select et Premier). L'offre est notamment composée d'un ordinateur frappé d'une Pomme, la tour d'un Power Mac G5, mais avec un Pentium 3,6 GHz dedans. Xcode, présenté en version 2.1, permettra de compiler aussi bien pour le PowerPC que pour une architecture Intel. Les applications Cocoa devraient très facilement se retrouver sur la nouvelle plateforme. Quant à Mac OS X, le portage ne devrait pas être très difficile non plus. Depuis longtemps déjà, les ingénieurs d'Apple travaillent à une version compilée pour tourner sur un PC. Que cette phrase sonne étrangement ! Le patron d'Apple se veut rassurant : il n'y a pas lieu de s'inquiéter. D'ailleurs, les grands noms de l'édition seront là : Microsoft et Adobe ont déjà fait savoir qu'ils suivraient Apple sur ce nouveau terrain. Pour faciliter encore la transition, Apple proposera Rosetta. Derrière ce joli prénom se cache un émulateur ultraperformant permettant de faire tourner des applications écrites pour PowerPC sur Intel.

Évidemment, on n'a pas fini de parler de cette révolution. Certains vont applaudir, d'autres vont exprimer leur colère. Une nouvelle page se tourne. On dira peut-être qu'Apple perd son âme dans cette transition-là. Reconnaissons toutefois qu'il fallait du courage.

Retrouvez la transcription, minute par minute, de ce keynote mémorable. Réagissez sur le forum Spécial WWDC 2005. Un petit mot aussi pour Mellel, Elgato et 4D qui nous ont soutenu pour ce keynote et permettent que MacGeneration fonctionne bien. Merci aussi à Netsample, notre hébergeur, pour tout son travail (non, ce ne sont pas les César).
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