Test du Mac Pro 2023 : la machine ne fait pas le pro

Anthony Nelzin-Santos |

Surprise ! Alors que la rumeur ne l’attendait plus, le Mac Pro s’est finalement invité à la WWDC pour boucler la transition architecturale d’Apple, qui abandonne définitivement les processeurs Intel. Une conclusion aussi tardive, puisqu’elle aura pris trois ans plutôt que deux, que précipitée, puisqu’elle intervient avant la finalisation d’une puce à la mesure de cette machine extrêmement professionnelle.

Surprise ! (Non.) Le nouveau Mac Pro reprend l’imposant boitier de son prédécesseur, il faut dire qu’on n’en demandait pas plus, et la puce M2 Ultra du Mac Studio, il faut dire qu’on espérait un peu plus. Mac Pro dehors, Mac Studio dedans, ce nouveau modèle coute la bagatelle de 8 299 €, 3 500 € de plus que le Mac Studio équivalent et 1 800 € de plus que le précédent Mac Pro. Ce qui pose une question : à quoi bon ?

Image MacGeneration.

Une sculpture computationnelle

En attendant l’arrivée de ses collègues du design studio, Bart André passait ses matinées à faire tourner les machines CNC pour produire des formes géométriques diverses et variées. Après avoir découpé un « motif hexagonal de formes négatives soustraites d’un côté » d’une plaque de plastique ABS, puis de l’autre « mais décalé de sorte que l’intersection des deux soustractions crée des formes intéressantes », le designer aux 2 366 brevets et modèles a obtenu… un joli sous-bock.

Sauf qu’une bonne idée n’est jamais perdue. Lorsque les hexagones deviennent des sphères et que la plaque de plastique devient un bloc d’aluminium recyclé à 70 %, le sous-bock devient la façade du Mac Pro. En plus de provoquer les cauchemars des trypophobes, les 158 trous1 perturbent le flux d’air aspiré par les ventilateurs pour réduire l’encrassement. John Ternus assurait que le Mac Pro n’avait « pas besoin de filtres », mais la fine couche de poussière déposée après quelques jours d’usage dément le vice-président d’Apple en charge de l’ingénierie matérielle.

Une grille plus traditionnelle se cache derrière le treillis, probablement pour prévenir l’insertion d’objets qui pourraient abimer les pales des ventilateurs de 133 mm, sculptées de manière à produire le son le moins désagréable possible. Image MacGeneration.

Reste que ni l’apparence ni la construction de la machine n’ont pris une ride. Entre les deux piliers en acier chromé, les composants s’empilent de la cave (le bloc d’alimentation) au grenier (le système de verrouillage). La carte-mère est montée sur une cloison qui divise le boitier en deux chambres : côté recto, la chambre principale comprend la puce M2 Ultra coiffée d’un imposant radiateur ainsi que les cartes d’extension, et côté verso, la chambre secondaire comprend… des carters en plastique.

Comme toutes les structures vestigiales, ils ne sont pas complètement inutiles, mais leur fonction est nettement amoindrie. Alors qu’ils forçaient la circulation de l’air entre les barrettes de mémoire du Mac Pro 2019, les petits carters de part et d’autre du hautparleur recouvrent maintenant les emplacements des SSD en forme de barrettes. Les deux logements sont occupés sur les modèles dotés de 4 à 8 To de stockage, mais l’un d’entre eux reste vide sur les modèles dotés de 1 à 2 To de stockage.

Le hautparleur sépare les deux emplacements pour les barrettes de stockage et cache une partie de la monture du radiateur de la puce M2 Ultra. Image MacGeneration.

Le grand carter qui mène au ventilateur d’extraction n’est plus (facilement) amovible : il encadre le radiateur de la seule autre puce occupant une place significative sur la carte-mère, le contrôleur assurant la commutation des lignes PCIe et le multiplexage des hubs Thunderbolt. Les ventilateurs sont solidaires d’un support, que l’on peut retirer d’un seul coup pour passer un coup de soufflette au printemps, mais pas solidaires dans l’effort.

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