Netflix veut éliminer son empreinte carbone d’ici fin 2022

Nicolas Furno |

Netflix annonce son intention d’atteindre la neutralité carbone d’ici à la fin de l’année 2022. Pour y parvenir, le géant du streaming va mettre en place plusieurs mesures avec deux objectifs : réduire les émissions de carbone liées directement ou indirectement à son activité à hauteur de 45 % d’ici à 2030 ; compenser celles qui ne peuvent pas être éliminées avec des initiatives chargées de sauvegarder et enrichir les environnements naturels de captation du carbone.

Ces mesures n’ont rien d’exceptionnel et de nombreuses entreprises mettent en place de telles actions, notamment pour respecter l’Accord de Paris sur le climat. Adopté fin 2015, il prévoit plusieurs objectifs, dont celui de la neutralité carbone, ce que Netflix pense pouvoir atteindre à la fin de l’année prochaine. Le cas du numéro un du streaming est toutefois particulièrement intéressant, car l’entreprise américaine est régulièrement accusée d’être responsable d’une grosse pollution liée à ses activités.

Plusieurs études publiées ces dernières années ont en effet tendance à accuser les activités du numérique d’être très polluantes. Netflix est souvent pointé du doigt, avec des chiffres chocs sur la quantité de carbone générée par une minute de diffusion d’une vidéo. Ces études se basent toutefois en général sur des bases faussées, si bien que les résultats aggravent considérablement la situation par rapport à la réalité. Ce que l’entreprise prouve à nouveau avec son annonce, puisque la part des centres de données chargés de diffuser ses vidéos est presque négligeable dans son bilan carbone.

Sur l’année 2020, l’empreinte carbone globale de Netflix a été estimée à 1 100 000 tonnes métriques. La moitié de cette empreinte est générée par la production de nouveaux contenus, en particulier les tournages de séries et films, une activité très polluante, puisqu’il faut déplacer de grandes quantités de matériel et beaucoup de personnes dans le monde entier. L’autre moitié est lié à ses activités internes : à la fois les bureaux et employés de Netflix, les pollutions liées à la publicité et enfin les centre de données et la diffusion des contenus.

Graphique MacGeneration, données Netflix.

Mais dans le détail, cette dernière catégorie ne représente qu’une petite part de ce qui reste. Au total, Netflix estime que seuls 5 % de son empreinte carbone sont liés directement au streaming de ses vidéos. Cela recouvre le carbone généré par Amazon, que l’entreprise utilise en guise d’hébergeur, et toutes les pollutions associées au déploiement de son réseau de distribution dans le monde entier. En revanche, le service ne compte pas la pollution liée aux connexions internet de ses abonnés, ni celle générée par les appareils qui servent à accéder aux vidéos.

La plupart des études sur l’impact du numérique ont tendance à surévaluer la consommation des équipements et des connexions à des serveurs distants. Pour réduire son empreinte carbone, Netflix n’aura quasiment rien à faire du côté de ses serveurs, puisque c’est le domaine qui est déjà le mieux optimisé. C’est surtout sur les tournages de ses productions, sur ses bureaux et employés ou encore sur les moyens mis en place pour ses publicités qu’il va falloir agir.

Ces activités sont plus polluantes et il est plus difficile de réduire leur empreinte écologique. Pour réduire l’empreinte carbone d’un tournage, il n’y a pas beaucoup de solutions : on peut jouer sur l’équipement, utiliser systématiquement des LED pour l’éclairage par exemple, mais l’impact le plus important concerne les déplacements de personnes et de matériel. À moins de se contenter de filmer des huis-clos avec seulement deux acteurs, Netflix va forcément continuer à beaucoup polluer dans ce domaine.

C’est pour cette raison que l’entreprise ne se contente pas d’envisager une baisse de ses émissions de carbone. Son plan d’action prévoit aussi de préserver les écosystèmes existants qui stockent le CO2, comme les forêts tropicales. Netflix va aussi investir dans des projets qui permettront d’augmenter la captation du carbone, avec entre autres la restauration de grandes prairies dans l’Oregon et un programme de défense de forêts au Kenya.

Ce plan d’action, détaillé plus longuement à cette adresse, n’est que le début, prévient Netflix qui entend bien maintenir son impact carbone nul à l’avenir. Et puisque l’entreprise est devenue l’un des plus gros créateurs de contenus au monde, elle compte aussi sur son poids pour mettre en avant le sujet de l’écologie dans ses programmes.

En 2020, 160 millions de ménages ont regardé au moins une création Netflix qui traitait de cette thématique, dont l’excellente série Notre planète sortie en 2019. On peut ainsi s’attendre à d’autres œuvres originales sur le sujet dans les prochaines années.

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