Google Knowledge Graph : cap sur Wolfram Alpha

Stéphane Moussie |
C'est en quelque sorte la réponse du berger à la bergère, mais sur un terrain différent. Alors que Microsoft a dévoilé la semaine dernière son « New » Bing qui va puiser dans les réseaux sociaux qu'il intègre également dans une barre latérale (lire : Bing en fera toujours +), Google vient de dévoiler le Knowledge Graph. Matérialisé par un panneau situé à droite des traditionnels résultats de la page de recherche, le Knowledge Graph (« graphe de connaissance » en français dans le texte) ambitionne de n'être rien de moins que l'équivalent du graphe social de Facebook appliqué à la connaissance.

La firme de Mountain View dit avoir recensé plus de 500 millions d' « objets » (bâtiments, personnalités, films, équipes de sports...), notamment piochés dans Wikipedia et Freebase, ainsi que plus de 3,5 milliards d'informations à leurs sujets. Autant d'éléments informationnels que Google a liés entre eux, d'où l'appellation de graphe.



Le Knowledge Graph apporte trois bénéfices selon son inventeur. Tout d'abord, le moteur de recherche comprendrait mieux les ambiguïtés de langage. Google saurait faire la différence entre Taj Mahal, le monument en Inde, et Taj Mahal le chanteur ou le restaurant du coin. En un clic l'utilisateur peut orienter la recherche vers le « bon » Taj Mahal.

Deuxième apport du Knowledge Graph, et certainement le plus visible, un nouvel élément d'interface qui vient afficher des informations basiques à propos de la requête effectuée. Tapez « Marie Curie » dans Google, un panneau fait son apparition avec les renseignements essentiels sur ce personnage célèbre. Un panneau qui, d'après les premières captures d'écrans, ressemble à s'y méprendre à l'infobox de Wikipedia. Plus besoin de quitter le moteur de recherche — et ses publicités — pour accéder au contenu de l'encyclopédie collaborative.

Panneau du Knowledge Graph à gauche, infobox Wikipedia à droite... (clic pour agrandir)


Troisième et dernière amélioration : le Knowledge Graph favoriserait la sérendipité — le fait de découvrir par hasard quelque chose que l'on ne cherchait pas au départ. En appliquant de nouvelles règles de confidentialité en mars qui poussait à une personnalisation plus poussée des résultats, Google avait été accusé par certains de réduire les chances de tomber sur un « hasard heureux » (lire : Nouvelles règles de confidentialité chez Google : Paranoid Android ?). L'ingénieur de Google auteur du billet explique qu'il a découvert quatre livres grâce à la fonctionnalité « People also search for » (« Les personnes recherchent également ») du Knowledge Graph.

Google s'éloigne donc du virage social que vient de prendre Bing — un virage en fait déjà entamé pour Mountain View avec « Search, plus Your World » qui intègre Google+ aux résultats de recherches — pour se diriger vers Wolfram Alpha. Wolfram Alpha c'est ce moteur de recherche — intégré à Siri dans sa version américaine — capable de « comprendre » le langage naturel et d'apporter une réponse plutôt qu'une liste de résultats. À la question « quel est le plus grand pays du monde ? », Wolfram Alpha répond « la Russie » quand Google en est toujours à renvoyer une liste de liens. Ce paradigme est sur le point de changer avec le Knowledge Graph.

Ce graphe de connaissance est en cours de déploiement sur la version étatsunienne du moteur de recherche. Mountain View n'a pas donné de précision quant à sa disponibilité dans le reste du monde. Autre nouveauté, plus mineure, à faire son arrivée aux États-Unis sur un service de Google : il sera bientôt possible de définir l'emplacement de son logement et de son travail dans Google Maps.
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