Apple contre le reste du monde : anecdotes de fond de prétoire

Anthony Nelzin-Santos |
Les jours se suivent et se ressemblent dans la chronique judiciaire d'Apple, mais quelques éléments glanés ici ou là peuvent parfois faire sourire (un peu). La cour du district nord de l'Illinois qui accueille le procès Apple v. Motorola a ainsi des allures de cour de récréation — d'autant qu'elle est présidée par le juge Richard A. Posner, une figure connue, respectée et crainte du système judiciaire américain.

À la mi-mars, il avait sévèrement tancé les avocats de Motorola, qualifiant l'enchaînement de leurs arguments de « ridicule » — et critiquant de manière générale leur propension à compliquer inutilement les choses pour noyer le poisson. Apple n'est néanmoins pas en reste : le juge a recadré assez sèchement les avocats de la firme de Cupertino et leurs pratiques en matière de dépôt de requêtes : « je n'en peux plus des requêtes futiles d'Apple. À la prochaine du genre, je lui interdirai de déposer toute requête sans autorisation préalable. »

Quelques jours après que le juge a répondu par la négative à une requête d'Apple visant à interrompre le témoignage d'un expert, il en a en effet reçu une autre identique, allant jusqu'à convoquer l'état de santé de l'épouse du dit expert pour justifier le décalage de sa comparution. De quoi agacer ce spécialiste qui a été désigné comme responsable de ce dossier.

Les avocats d'Apple usent et abusent aussi de requêtes dans le cadre du procès contre Samsung, cette fois dans un cadre plus mesuré et justifié. L'une d'elles vise à faire masquer les logos des écrans mis à dispositions des jurés — des écrans de marque Samsung. Une demande qui n'est pas vide de sens : la présence de Samsung dans l'espace physique de la salle d'audience peut lui donner un avantage psychologique.

De même, ils ont demandé à ce que des éléments tiers soient fermement exclus : pas question selon eux de citer la biographie de Steve Jobs par Walter Isaacson, notamment sur la fameuse « guerre thermonucléaire », ni d'utiliser la question de la sous-traitance en Chine. Samsung a fait des demandes similaires, arguant qu'il fallait exclure les mentions des comparaisons entre les produits Apple et Samsung par « les blogueurs Apple », ainsi que les contributions d'Henry Urbach, expert convoqué par Apple pour discuter de l'« influence culturelle » du design d'Apple.
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