Le Mac mini atteint l'âge de raison

Anthony Nelzin-Santos |
Lors de la Macworld 2005, Steve Jobs a présenté de petits produits Apple : l'iPod shuffle… et le Mac mini. Ils fêtent aujourd'hui leurs sept ans.



Selon certains, c'est le conseil d'administration, à une époque où Apple préparait son passage aux puces Intel, qui aurait poussé à la création du Mac mini, contre l'avis de Steve Jobs. Selon d'autres, c'est le digne successeur du Cube G4, et du Cube NeXT avant lui, et donc né de la volonté de Steve Jobs, obsédé par l'idée d'un ordinateur de bureau simple et épuré, aux antipodes des tours PCs. La vérité est certainement quelque part à mi-chemin : le conseil d'administration mangeait à l'époque dans la main de Steve Jobs, et le Mac mini est loin de la polyvalence du Cube.



Une chose est sûre : proposé à 500 € sans clavier, écran ou souris (il était BYODKM, « bring your own display, keyboard and mouse »), le Mac mini a été conçu pour les switchers, ces utilisateurs venus du monde PC pouvant ainsi passer au Mac à moindres frais. Il ne s'agit pas de la mini-tour réclamée aujourd'hui encore à cor et à cris, il ne s'agit pas non plus du Mac qui a été le plus souvent mis à jour ou dont le tarif, paradoxalement, a été le plus avantageux. Mais grâce à son format réduit et sa forte intégration (que les concurrents ont eu du mal à égaler jusqu'à récemment), il a permis des usages qu'Apple elle-même, sans doute, n'avait pas imaginé.



Le Mac mini, qu'il soit G4 (1,25 à 1,42 GHz, ATI Radeon 9200 32 Mo) ou Intel (Core Duo ou Core 2 Duo, 1,5 à 2,53 GHz, Intel GMA 950 puis Nvidia GeForce 9400 M) n'a jamais été un foudre de guerre, mais sa puissance suffisait à un usage comme station bureautique et Internet. Extrêmement économe (85 W en charge), il a néanmoins souvent été utilisé comme serveur, au point que des sociétés comme MacMiniColo en ont leur activité principal. Compact (16,5 x 16,5 x 5 cm), discret et silencieux, il a aussi été très populaire comme système média center, notamment grâce à Front Row et la télécommande infrarouge fournie.

Apple met en avant l'utilisation du Mac mini comme média center.


Ces usages « imprévus » ont poussé Apple à progressivement revoir le positionnement de son Mac mini, d'abord avec un modèle serveur lancé en 2010, puis avec une toute nouvelle conception monocorps en aluminium à la mi-2010. Le Mac mini n'est désormais plus le « Mac du peuple » : embourgeoisé, il veut être le serveur des maisons connectées et des PME avancées, et le média-center des salons tendance. Plus fin, plus plat, plus facile à démonter et pouvant accueillir deux disques, le nouveau Mac mini se passe même de lecteur optique depuis l'été dernier.



Il a indéniablement perdu en polyvalence, mais reste la deuxième machine de bureau la plus vendue chez Apple (derrière l'iMac), et possède des fonctions dont nul autre Mac ne peut se targuer. C'est par exemple le seul modèle de la gamme à posséder un port HDMI, ce qui le rapproche de l'Apple TV, et a donc pouvoir générer un flux vidéo HD 1080p accompagné d'un flux audio stéréo, Dolby Surrond 5.1 ou 24-bit/192 kHz huit canaux. Il dispose aussi d'un ensemble de connexion assez varié : quatre ports USB, un port Thunderbolt, un port FireWire 800, un emplacement SD, et un couple entrée/sortie audio.

Machine d'entrée de gamme d'Apple, parfois considérée comme mal-aimée, le Mac mini a permis à la firme de Cupertino d'aller à la rencontre de nouveaux publics. Tantôt station de travail discrète mais puissante, tantôt serveur de fichiers efficace, tantôt média center de luxe, le Mac mini est une machine souvent oubliée, mais emblématique de la transformation d'Apple dans les années 2000 et qui possède toujours un certain capital sympathie chez les « fans » de la marque.
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