Rétro : un Spartacus aux enchères

Anthony Nelzin-Santos |
1996 : Apple fête ses vingt ans, et veut marquer le coup avec un ordinateur qui résumerait la philosophie de la société tout en ouvrant une nouvelle période de vingt ans. Cet ordinateur, c'est le Twentieth Anniversary Macintosh (TAM, aussi connu sous le nom de code Spartacus), le premier Mac de bureau de Jonathan Ive, qui a déjà travaillé sur le PowerBook et le Newton. Le projet est vite défini autour d'idées comme la finesse (écran plat), un certain minimalisme (peu de câbles, système de rangement du clavier) et l'adoption des dernières avancées technologiques (lecteur CD, système sonore haut de gamme).

Le TAM rate 1996 et sort finalement en 1997 pour 7 499 $ ou 50 000 francs. Avec son processeur PowerPC 603e cadencé à 250 MHz, sa carte graphique ATI Rage II 2 Mo de VRAM, ses 32 Mo de RAM et ses 2 Go de disque dur, ce n'est pas une bête de course, mais le reste de sa fiche technologie en fait une superbe démonstration technologique. Il n'a pas de souris, mais un trackpad que l'on fixer au clavier pour éviter de faire traîner un câble. Le socle de la machine accueille ce clavier pour le rangement, tandis que le dos du TAM dispose d'un ingénieux système de gestion des câbles. Le Spartacus possède un lecteur disquette mais aussi un lecteur CD et surtout un écran LCD 12,1" 800x600 : sa forme en fait un hommage au Macintosh. Son système sonore conçu par Bose et son tuner FM et TV le transforment en station de divertissement.

Ce très bel objet est fabriqué à 12 000 exemplaires, le moule étant volontairement cassé pour éviter toute nouvelle production. Steve Jobs et Steve Wozniak en reçoivent un exemplaire chacun, tandis que 399 unités sont mises de côté pour fournir des pièces détachées. Vendu dans les 5 plus gros marchés d'Apple, le TAM est tout sauf un succès commercial : son prix passe vite à 25 000 francs — mais il reste une de ses machines ayant forgé le mythe Apple. Pieusement conservé par ses propriétaires qui lui ont parfois greffé un processeur G3 et l'ont fait passer à Mac OS 9 (OS 9.1 maximum, incompatible avec Mac OS X), il est rare de voir apparaître un TAM aux enchères.

Jon Ive n'a presque pas changé. Presque.


Si vous voulez acquérir un morceau d'histoire de l'informatique, sachez qu'on en trouve un en ce moment sur eBay dans sa boîte d'origine dans un état extrêmement proche du neuf (ce qui ne garantit pas qu'il ne soit pas affecté par le fameux buzz des enceintes). Alors que la côte habituelle est d'un gros millier de dollars, les enchères ont d'ores et déjà passé les 3 000 $.

On retrouve aujourd'hui quelques idées du TAM dans nos Mac. Le lecteur CD placé en position verticale, était par exemple une hérésie à l'époque, mais elle deviendra la norme chez Apple dans les années 2000. L'alimentation externe est un truc qui a été utilisé pour affiner le Mac mini, jusqu'à que les alimentations deviennent suffisamment petites pour être réintégrées. La philosophie de l'iMac (écran plat, câbles rejetés et gérés par un trou unique, surface du pied réduite au maximum) est elle directement héritée de celle du TAM. Et que dire du trackpad, à l'heure du Magic Trackpad ?
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