Microsoft veut mettre fin à IE6

Arnaud de la Grandière |
Alors que fut un temps, Microsoft pouvait s'enorgueillir de l'omniprésence de son navigateur web, voilà qu'aujourd'hui celle-ci fait figure de caillou dans sa chaussure : nombre d'internautes utilisent encore et toujours l'indéboulonnable Internet Explorer 6. Il faut dire que cette version a été la dernière en date pendant pas moins de cinq ans, et on en mesure aujourd'hui encore les conséquences : près de dix ans après sa sortie, d'après NetApplications 12 % des internautes s'entêtent à utiliser ce navigateur, en dépit de la marche du progrès. Il faut bien évidemment y voir un effet Windows XP, que nombre d'entreprises continuent à utiliser, rechignant à faire le saut vers l'inconnu de la mise à jour face à un système éprouvé.

Les inconvénients d'un tel attachement finissent par gêner son propre géniteur, qui s'investit derrière HTML5. Microsoft vient d'ailleurs de dévoiler une version HTML5 de Bing, son outil de recherche concurrent de Google. Précisément ses solutions basées sur le standard restent inaccessibles aux utilisateurs d'IE6, qui donc représentent un manque à gagner en termes de parts de marché, sans compter les nombreuses failles de sécurité exploitées en long, en large et en travers par une kyrielle de malwares. Ces failles représentent également un lourd tribut pour Microsoft, qui doit continuer à proposer chaque mois des rustines pour l'antique navigateur au lieu d'une refonte plus robuste.

C'est pour remédier à ce problème que Microsoft elle-même se joint à la cohorte des évangélistes luttant contre la persistance d'IE6. La firme de Redmond a en effet mis sur place un site, nommé The Internet Explorer 6 countdown, encourageant les derniers utilisateurs d'IE6 à faire table du passé en faveur d'un navigateur plus moderne, allant même jusqu'à faire sienne l'antienne "friends don't let friends use Internet Explorer 6" (les vrais amis ne laissent pas leurs amis utiliser Internet Explorer 6).



Pour aider à anéantir ce reliquat du passé, Microsoft propose différents moyens, comme un bouton à mettre sur votre site web, qui ne s'affichera que sur IE6 et qui engage le visiteur à se mettre à jour, ou encore faire passer le mot partout où c'est possible. Le tout sans même mettre l'accent sur la dernière version d'Internet Explorer, tout au plus peut-on trouver un bouton permettant la mise à jour sur la page, mais le message est clair : n'importe quel navigateur sera préférable à IE6.

Jeff Veen, designer web de son état, ne manque pas de souligner l'ironie du sort dans un tweet cruel : Je n'ai jamais vu une société œuvrer si agressivement à ce que le public *cesse* d'utiliser son produit. Et de fait, la mésaventure aura peut-être fini de convaincre Microsoft que la voie du monopole est contre-productive, comme son comportement ces dernières années le laisse à penser.

La campagne s'inscrit dans une période plus tendue que jamais pour Internet Explorer, dont l'hégémonie se voit inexorablement grignotée par ses concurrents, Firefox et Chrome en tête. Cependant le navigateur resiste encore : d'après une étude d'At Internet, sa part de trafic se monte à 49.1% des sites web en Europe, en chute de neuf points par rapport à l'an dernier, mais en stabilisation par rapport à décembre 2010.
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