Jouer sans Windows gratuitement

Arnaud de la Grandière |
Si l'arrivée des processeurs Intel dans les Mac a permis l'exécution native de logiciels conçus pour Windows à l'aide de Boot Camp ou de logiciels de virtualisation comme Parallels Desktop, VMware Fusion ou VirtualBox, ces solutions exigent malgré tout l'achat et l'installation d'une version de Windows, et imposent de lui consacrer une place non-négligeable sur le disque dur et en mémoire vive.

Une autre technique permet de s'en affranchir avantageusement. Les "wrappers" sont des briques qui s'interposent entre le logiciel et le système d'exploitation, en redirigeant à la volée les appels aux API de Windows vers celles de Mac OS X, et inversement pour les résultats. Ainsi, il devient possible d'exécuter du code conçu pour fonctionner avec Windows, sans même avoir Windows (l'assembleur x86 étant exécuté tel quel par le processeur). C'est notamment ce système qu'utilise la technologie Cider de Transgaming, exploitée pour certains portages commerciaux.

L'un des wrappers les plus connus et les plus anciens est sans doute le logiciel libre WINE (acronyme récursif pour "Wine Is Not an Emulator", tout indiqué puisque les émulateurs se vouent pour leur part à une traduction du comportement matériel d'une plateforme donnée, à l'inverse des wrappers). Né sur Linux, WINE a connu diverses incarnations, dont la plus connue sur Mac est sans doute Crossover, une version commerciale réalisée par CodeWeavers. Crossover Games est une autre version dédiée plus particulièrement aux jeux. Les jeux sont en effet plus faciles à supporter dans la mesure où ils n'exploitent pour la plupart qu'une portion plus limitée des API de Windows, à commencer par DirectX.

Mais il est également possible de profiter de WINE sur Mac sans bourse délier, au prix d'une compilation manuelle des sources. D'autre part, diverses incarnations "clé en main" de WINE, à l'image de Crossover, sont disponibles gratuitement sur le Net. C'est le cas de WineBottler, mais il existe également des versions dédiées aux jeux à l'image de Crossover Games : WineSkin et PlayOnMac, ce dernier étant un portage de PlayOnLinux. Ces différents logiciels proposent différentes approches : ainsi PlayOnMac centralisera tous les jeux installés, alors que WineSkin créera un exécutable autonome par logiciel installé.



Tout est fait pour faciliter l'utilisation : mises à jour automatique avec la dernière version de WINE, intégration des scripts d'installation pour les jeux supportés, création des fichiers de support de Windows, etc. Tous les jeux ne sont pas supportés (le mieux étant de se référer à la liste de compatibilité sur le site de WINE), mais ceux qui le sont fonctionnent bien. Vous pourrez par exemple jouer sans difficulté à l'excellent Trackmania Nations Forever, et sans risque puisque ce jeu est gratuit.

Pour finir, ajoutons qu'en termes de performances, les wrappers ne font pas nécessairement moins bien qu'un portage "natif" en bonne et due forme (on a même pu voir l'inverse). N'oublions pas que les portages natifs intègrent tout autant une redirection des appels de DirectX vers OpenGL, seule la compilation peut donner un avantage sur ce point. D'autre part, ces wrappers permettent également d'utiliser certains logiciels classiques en dehors des jeux.

Mais le réveil du jeu sur Mac est passé par là : depuis les débuts de WINE, une part de plus en plus importante des jeux supportés est disponible en portage natif.
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