Adobe : deux opinions opposées sur l'iPad

Florian Innocente |
L'absence de Flash sur l'iPad n'a été qu'une demi-surprise puisque le système de la tablette est hérité de celui de l'iPhone. Et Apple ne l'a pas caché, lorsque Steve Jobs a fait une démo de navigation sur le site du New York Times, l'icône signifiant l'absence du plug-in idoine est apparue à plusieurs reprises à l'écran.



Adobe a réagi à l'annonce de cet iPad orphelin de sa technologie par deux billets postés sur ses blogs. Chose amusante, l'appréciation est quasiment opposée. Dans le premier, signé par Adrian Ludwig - responsable marketing produit Flash - , après les félicitations sur la qualité de la tablette, cette lacune est présentée comme une nouvelle démonstration du choix d'Apple "d'imposer sur ses appareils des restrictions qui limitent à la fois les éditeurs de contenus et les utilisateurs". Sans Flash sur iPad il sera impossible d'utiliser le format ePub des autres livres électroniques, et pour les utilisateurs d'accéder à de vastes contenus sur le web "70% des jeux et 75% des vidéos" constate Ludwig. Puis il prêche pour la paroisse de l'Open Screen Project qui vise à déployer Flash sur toutes les plateformes, jusqu'aux mobiles et téléviseurs.

Le fait qu'Apple se permette de bouder Flash reste apparemment toujours l'objet d'une forme de vexation mâtinée de stupéfaction chez Adobe. On peut toutefois constater que cela n'a pas trop gêné les ventes d'iPhone et d'iPod touch, ni confiné au désespoir les développeurs de jeux sur l'App Store… D'ailleurs, d'autres acteurs, et pas des moindres, YouTube et Vimeo ont eux aussi fait récemment un pas de côté vis-à-vis de Flash.

Le second billet voit plutôt les choses du côté du verre plein, il est signé Michael Chou, chef produit Adobe AIR. Lui considère plutôt l'angle technique que marketing. Et le discours est du coup tout autre. Il fait fi de l'absence de support natif de Flash, et voit plutôt dans l'iPad une nouvelle opportunité pour les développeurs. Chou rappelle que la prochaine version CS5 de Flash Pro contient justement un outil pour compiler des contenus Flash dans une version compatible iPhone OS. Tout au plus faudra-t-il le perfectionner pour gérer les différentes définitions d'écran. Plusieurs de ces applications nées sur Flash sont maintenant disponibles sur l'App Store depuis octobre dernier (voir l'article Premier test des applications Flash pour iPhone). Sans qu'Apple ne s'en émeuve. Si certains chez Adobe ne digèrent pas les coups de menton d'Apple vis à vis de Flash, le pragmatisme reste la caractéristique de la politique appliquée…

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