Larousse relève le gant. La société, éditrice du fameux dictionnaire, a lancé hier sa propre encyclopédie collaborative sur le net. Elle qui avait un peu manqué le virage numérique de la fin du siècle dernier entend damer le pion à un sacré poids lourd, l'inévitable Wikipédia bien sûr. Et le moins qu'on puisse dire est que Larousse s'attaque à forte partie. Wikipédia en français, c'est plus de 600 000 articles, près de millions de visiteurs. Les enseignants le savent désormais bien : une recherche biographique demandée à des élèves a pour résultat presque assuré une page imprimée chez Wikipédia et bariolée au surligneur, avec à la clef, parfois, des approximations, une hiérarchisation hasardeuse de l'information, une orthographe défaillante, une expression calamiteuse.

Chez Larousse, on doit aimer les challenges corsés. Il faut dire aussi qu'on n'a peut-être plus vraiment le choix. Comme le rapporte Jennifer Rolnin sur Rue89.com, citant une source chez Larousse, l'éditeur ne vend plus vraiment d'encyclopédies papier depuis des années.

Le modèle retenu en tout cas est un peu différent de celui sur lequel repose Wikipédia. Plus proche peut-être de celui qu'entend mettre en œuvre Google prochainement. Deux parties sont proposées : la première est constituée du contenu du dictionnaire encyclopédique de la maison, la seconde des contributions des internautes. Ces derniers n'auront pas la possibilité de modifier le contenu des articles rédigés par les experts. Voilà qui pourrait rassurer alors que ces derniers temps la façon Wikipédia a été critiquée (on se souvient de l'article de Wired, daté d'août 2007, où l'on apprenait qu'un étudiant avait réussi à identifier certaines modifications apportées par la CIA, des entreprises à des articles). On devra toutefois patienter : le site de Larousse, pris d'assaut depuis hier, a cédé et un message prévient le visiteur qu'il lui faudra revenir.