Adobe version Les Experts

Florian Innocente |
La semaine dernière, Adobe conviait la presse à une démonstration de quelques uns de ses axes de recherche autour de l'image numérique. Deux thèmes se dégageaient : comment réinventer la prise de vue photographique afin de produire des clichés aux utilisations inédites et comment détecter les images contrefaites, comme on en rencontre régulièrement au fil de l'actualité. Il s'agirait d'une question d'éthique si l'on en croit Adobe, représenté à cette occasion par Dave Story, Vice-President of Engineering Interactive Design, car l'éditeur propose avec Photoshop la plus connue des trousses de maquillage.

Photos sur mesure
Pour réinventer la photographie, une fois n'est pas coutume, des labos d'Adobe est sortie une invention matérielle. Une lentille composée de 19 facettes toutes orientées selon un angle différent. Monté sur un appareil photo, cet oeil va saisir une scène selon autant de plans.





Rien de plus facile ensuite que de choisir, au sein de cette photo, une mise au point sur la première statue, ou bien sur la seconde ou pourquoi pas sur le mur arrière si c'est lui que l'on veut mettre en évidence dans l'image (le site Audioblog propose une séquence vidéo de cette partie de la conférence).





Replacé dans un contexte commercial, un photographe pourra proposer à son client une photo dans laquelle il sélectionnera l'angle de vue qui lui convient. Et si d'aventure ce client souhaitait avoir les deux statues affichées nettes à l'écran il suffira de gommer le flou de l'une des statues, comme ici sur son bras.



Ce que Dave Story nomme "Computational Photography" produit ainsi des images "sandwich" dans lesquelles on manipule et affiche à loisir les différentes tranches. Pour l'heure Adobe s'en tient à montrer cette lentille à des fabricants d'objectifs mais rien n'est prévu encore pour sa commercialisation.

Les images géantes
Face à l'accroissement du volume de pixels capturés par les appareils photo et à terme par les téléphones, Adobe travaille avec les participants du Gigapixel Project pour que Photoshop sache gérer des fichiers graphiques au poids phénoménal. Des images géantes dont les dimensions peuvent atteindre aisément les 76 000 x 50 000 points (3,9 giga-pixels !). Avec des niveaux de détails époustouflants. Comme dans ce qui pourrait n'être ici qu'une vue générale de Boston mais où, après un zoom rapide dans le coin inférieur droit de l'image, on peut observer, sans aucune peine, tous les détails d'une cabine de grue.





A noter que certaines des photos riches en détails produites par ce projet sont visibles dans Google Earth en activant l'option Gigapixl Project dans la rubrique "Contenu sélectionné".



Pour David Story, l'obstacle pour gérer ces masses d'informations graphiques n'est plus à chercher du côté des processeurs mais dans la vitesse, ou plutôt la lenteur de circulation des données entre le disque dur et la mémoire vive. Pour y pallier, Photoshop ne va charger en RAM et n'afficher à l'écran qu'une infime portion (la zone bleue ci-dessous) de l'image globale (représentée par le large quadrillage) et mettre à jour ce contenu au fur et à mesure des déplacements dans l'image.



Détecteur de faux
Enfin Adobe travaille sur des outils pour déceler les manipulations effectuées au sein de photographies. Photoshop sait déjà, via sa fonction de "Journal de l'historique" (Préférences > Général), enregistrer toutes les opérations réalisées sur une image et en restituer le déroulé qui révélera une supercherie. Mais cette option est débrayable. Un outil, encore en développement, comme le "Clone Scanner" va lui s'attacher à repérer dans une image les retouches réalisées avec le tampon de Photoshop (ou par toute autre application). Exemple avec ces deux images de plage où des portions de sable ont été utilisées pour effacer quelques personnes.





La retouche est invisible à l'oeil nu (lorsqu'elle est bien faite) mais elle produit des similarités - statistiquement impossibles - entre des pixels présents à différents endroits de l'image. Le Clone Scanner fait ressortir par des tracés (ici rouge en et vert) et des couleurs les zones où le tampon a été appliqué pour masquer des éléments de l'image.



Il faut souligner qu'aucune de ces fonctions n'est encore arrivée au stade de la production. Dave Story expliquait sur ce point que nombre d'inventions chez Adobe n'attendaient que des machines plus puissantes pour sortir au grand jour.
Accédez aux commentaires de l'article