L'ARCEP étudie la consommation des box Internet, avec quelques surprises

Pierre Dandumont |

L'ARCEP vient de publier l'édition 2024 d'un petit guide intéressant : il contient des informations sur la consommation de certains équipements présents dans la majorité des foyers, comme les box Internet. Et un point est mis en avant, visiblement contre-intuitif pour certains : la consommation d'une box ne dépend pratiquement pas de son utilisation.

Dans le PDF résumé, l'ARCEP s'intéresse aux émissions de gaz à effet de serre des opérateurs, mais aussi à la consommation des box. Selon eux, elles représentent 3,3 TWh par an, soit 0,7 % de la consommation d'électricité en France. Ils indiquent surtout — après avoir effectué des mesures sur 38 box, 23 décodeurs et 8 répéteurs — que la consommation est très variable.

La consommation des box (source ARCEP).

Les box xDSL, en voie de disparition, consomment en moyenne 8,5 W, tout comme les modèles destinés à la fibre qui intègrent tous les composants (la majorité des modèles modernes). Les anciennes box qui reposent sur deux boîtiers — un ONT qui va effectuer la conversion entre la fibre et l'Ethernet et la box —, elles, consomment plus : 11,4 W. C'est assez logique, étant donné la présence de deux appareils. Enfin, les box qui contiennent un ou des disques durs consomment logiquement plus : 19,4 W en moyenne, avec un maximum mesuré de 25 W. Les quelques modèles de box 4G, elles, consomment peu (3,8 W en moyenne) mais la 5G monte la facture (énergétique) : 8,4 W, du même ordre qu'une box xDSL. Rappelons que les fournisseurs d'accès mettent bien en avant les gains énergétiques sur les dernières générations.

Aperçu de la Freebox Ultra, la nouvelle box haut de gamme de Free

Pour les décodeurs TV, la consommation demeure assez faible dans l'absolu : 3,9 W pour un modèle moderne en moyenne. Mais les anciens décodeurs consomment parfois nettement plus (8,7 W pour ceux de la génération 2010/2015) et la présence d'un lecteur de Blu-ray (comme chez Free) ou d'un disque dur à un impact évident.

La consommation dépend très peu du trafic

Si vous avez l'habitude de couper le Wi-Fi ou si vous préférez passer par la 4G au lieu du Wi-Fi pour ne pas faire monter la facture de votre foyer, vous avez probablement tort : l'ARCEP montre que la consommation des box ne dépend que très peu de l'usage. Vous pouvez télécharger des gigaoctets de distributions GNU/Linux ou vous contenter de vidéos en SD pour un résultat en pratique très proche. La consommation de base d'une box (le modèle n'est pas précisé) est assez stable en réalité (7,6 W dans l'exemple), et la connexion d'équipements en Ethernet (0,2 W) ou un trafic élevé (0,2 W aussi) n'ont que peu de conséquences. Le Wi-Fi peut consommer 1,9 W, ce qui reste négligeable dans l'absolu : si vous coupez la connexion sans fil la nuit pour faire des économies, vous gagnez environ 5,5 kWh sur un an… soit entre 1 et 2 € selon votre fournisseur d'électricité.

La consommation dépend peu du trafic (source ARCEP).

L'étude complète est disponible en parallèle de la version liée plus haut, et donne quelques détails intéressants. Elle pointe notamment le fait que les box équipées de prises Ethernet à 2,5 Gb/s ou 10 Gb/s consomment plus que celles qui se limitent à 1 Gb/s et que le Wi-Fi 6 consomme plus que le Wi-Fi 4 (11n) mais que les vieilles box consomment plus que les récentes (ce qui contrebalance la différence). Dans la même veine, elle explique que les box fournies avec un boîtier CPL — de plus en plus rares — consomment jusqu'à 5 W une fois éteintes, la connexion CPL restant active.

Enfin, même si c'est un peu contre-intuitif encore une fois, la consommation des décodeurs TV modernes (sortis ces trois dernières années) est assez stable dans le temps : la différence entre un décodeur non sollicité (en veille) et la lecture d'une vidéo en haute définition est faible, de l'ordre de 1,5 W. Sur les anciens modèles (2010-2015), cette différence peut atteindre plus de 5 W. C'est un point lié aux circuits de décodages modernes, qui consomment très peu.

Pour terminer, l'ARCEP met bien en avant un point : tenter de remplacer un vieux décodeur ou une vieille box par un modèle plus récent et plus économe est certes intéressant d'un point de vue individuel (si le changement s'effectue sans frais) mais ne l'est pas nécessairement d'un point de vue collectif. Les impacts environnementaux de la fabrication et du transport peuvent en effet contrebalancer les gains sur la consommation inférieure.

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