Unitron Mac 512, le clone venu du Brésil

Florian Innocente |

L'anniversaire des 30 ans du Mac est l'occasion de rappeler l'histoire de l'un de ses clones, le Unitron Mac 512, né au Brésil. Une machine finalement enterrée sur pression du gouvernement américain, rappelle Cult Of Mac. Au milieu des années 1980, le Brésil interdisait encore l'importation de micro-ordinateurs. De nombreuses marques et machines européennes et américaines étaient alors clonées par des entreprises locales. En 1986, lors d'une foire informatique nationale, Unitron, qui avait déjà copié l'Apple II, fit la démonstration de ses copies du Macintosh 512 (la version boostée du premier Mac 128, avec plus de mémoire).

Unitron Mac 512

Unitron avait d'abord espéré obtenir une licence officielle d'Apple, mais cette dernière souhaitait au minimum 51% des parts de l'entreprise, ce qu'interdisait la législation brésilienne. Unitron se lança seul, avec le soutien des autorités. L'entreprise obtint un prêt de 10 millions de dollars d'une banque nationale et l'assistance technique de labos universitaires.

La machine de Unitron ressemblait énormément au Mac d'Apple, avec une qualité de finition toutefois inférieure, et la présence de deux lecteurs de disquettes 3,5". Ses concepteurs avaient fait un reverse engineering du contrôleur du lecteur de disquettes et d'autres puces d'Apple. La ROM résultante était écrite en C, sauf pour certains pilotes clefs et pour l'émulateur de QuickDraw, écrits en assembleur. Le contenu de cette ROM de Unitron pesait deux fois plus lourd que celle du vrai Mac.

S'agissant du lecteur de disquettes, le gouvernement brésilien avait interdit à Unitron d'importer des modèles 3,5", leur demandant de se tourner plutôt vers des 5,25" produits localement. Unitron envisagea alors de créer sa propre usine de lecteurs de disquettes 3,5", un vrai challenge en soi. Les modèles produits utilisèrent finalement des lecteurs japonais de Chinon (des Sony chez Apple).

Unitron Mac 512 et à droite le Mac 512

Lors de ce développement, Apple parvint à obtenir un prototype de ce clone. Une unité qui contenait la ROM originale conçue à Cupertino et utilisée à des fins de tests de compatibilité pour les autres puces développées par Unitron. Les clones d'Apple II n'avaient entrainé aucune réaction d'Apple, mais en 1987, pour son Mac, elle fit sonner la charge au travers du Congrès américain. Celui-ci menaça le Brésil d'une flambée des taxes sur l'importation de chaussures et d'oranges. La presse brésilienne publia également des articles décrivant Unitron comme des pirates responsables de menaces sur l'économie nationale. Une campagne de discrédit qui omettait le fait que tous les ordinateurs vendus au Brésil étaient eux-mêmes des clones de machines étrangères.

Le projet de ce clone de Mac fut stoppé alors que 500 unités avaient été déjà produites et s'apprêtaient à être livrées. Les informations techniques sur ce clone furent vendues à une société taïwanaise. Mais elle aussi connut les foudres des avocats d'Apple.

Il faudra attendre 1995 pour qu'Apple lance un programme officiel de clones de Mac, avec des marques comme Motorola, Power Computing, Radius, Pioneer, UMAX ou encore DayStar. Ce programme dura deux ans et fut stoppé après le retour de Steve Jobs.

L'une des dernières campagnes de Power Computing à qui Steve Jobs refusa d'accorder la licence de Mac OS 8. Ces clones étaient généralement plus rapide que les machines d'Apple, d'où le clin d'oeil à un contrôle d'identité pour excès de vitesse avec le policier qui demande le permis ("driver's licence").
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