Test de l'iMac Pro : à quel point est-il plus rapide que votre machine ?

Anthony Nelzin-Santos |

Parce qu’il a bien failli remplacer le Mac Pro, parce qu’aucun autre Mac n’est aussi puissant, parce qu’il ne vaut pas moins de 5 499 €, l’iMac Pro mérite un traitement particulier. Avant de vous livrer notre avis général, nous vous proposons d’étudier certains aspects de l’iMac Pro, pour mieux comprendre cette machine très spéciale et mieux informer votre éventuelle acquisition. Cinquième article de cette série, que vous pouvez suivre avec le mot-clef « Test iMac Pro 2017 », consacré aux performances de l’iMac Pro.

L’iMac Pro est puissant et rapide, là n’est pas la question. À quel point est-il plus puissant et plus rapide que telle ou telle machine, là est la question que se posent de nombreux professionnels. Une question qui n’a pas une seule réponse, mais plusieurs, selon les domaines et les applications.

Le processeur Intel Xeon W de l’iMac Pro. Image iFixit (CC BY-NC-SA).

Prenons le cas de deux professionnels, qui utilisent des MacBook Pro ou des Mac Pro, et d’un prosumer, un de ces « amateurs éclairés » qui forment le noyau dur de la clientèle de l’iMac. Commençons par Sébastien, qui nous a confié le modèle d’un produit de sa société réalisé avec KeyShot, une application de conception 3D photoréaliste. De nombreuses photos de produits informatiques, d’automobiles, ou même de vêtements sont en fait des modèles créés avec KeyShot.

Sur le MacBook Pro 15 pouces avec Touch Bar de Sébastien, qui n’est pourtant pas la machine la moins rapide au catalogue d’Apple, la manipulation du modèle est lente et pénible. La génération de l’affichage prend plusieurs secondes, et les ventilateurs de la machine se font rapidement entendre. La génération d’une animation du produit sous la forme d’une vidéo 1080p de 26 secondes, que nous ne pouvons pas vous montrer car le produit n’a pas encore été annoncé, lui prend environ deux jours et demi.

Sur notre iMac Pro de test, le modèle « d’entrée de gamme » doté d’un processeur Intel Xeon W octacœur à 3,2 GHz et d’une carte graphique AMD Radeon Pro Vega 56 avec 8 Go de mémoire HBM2, l’affichage est presque instantané et la manipulation de KeyShot beaucoup plus fluide. La génération de la vidéo prend 18 heures, pendant lesquelles la machine a bien chauffé mais est restée inaudible. La raison de cet écart massif ? KeyShot est parfaitement capable d’utiliser les 16 cœurs du processeur en même temps que l’accélération graphique.

La réalisation de modèles KeyShot n’est pas une activité centrale de sa société, mais il pense maintenant acheter un iMac Pro et proposer cette prestation plus régulièrement. L’investissement est conséquent, mais il n’est pas déraisonnable, d’autant qu’il ouvre une nouvelle source de revenus. Il pourra d’autant plus facilement être amorti que l’iMac Pro pourra être employé comme une station de travail centrale, la machine vers laquelle les salariés utilisant des portables pourront se tourner lorsqu’ils auront besoin de puissance.

Passons maintenant à Charlie, qui réalise des films institutionnels et nous a envoyé un projet Final Cut Pro. Les rushes ont été tournés en 2160p25 avec une caméra Sony FS5, encodés au format XAVC Long GOP à 100 Mb/s. S’il travaille habituellement avec Film Convert, il a cette fois corrigé la colorimétrie avec les outils intégrés, et ajouté quelques titres et pictos. Le projet a été réduit à une vingtaine de secondes pour faciliter le transfert, mais suffit à réaliser des mesures pertinentes.

Sur son Mac Pro doté d’un processeur Intel Xeon E5 hexacœur à 3,5 GHz et de 32 Go de RAM, l’exportation du fichier master prend 26 secondes au format H.264 et 8 secondes au format ProRes 422. Sur notre iMac Pro de test, elle prend seulement 13 secondes au format H.264 et moins de 7 secondes au format ProRes 422, toujours dans un silence assourdissant. Les gains ne sont pas négligeables, mais ne sont pas renversants, car Final Cut Pro X est loin d’épuiser la machine.

Avec un projet 1080p ou même 4K, en H.264 ou en ProRes 422, Final Cut Pro n’utilise jamais plus de la moitié des ressources de la machine. Dans ce cas, le vieux Mac Pro n’est pas largué, et l’iMac Retina 5K doté de l’option Intel Core i7 pourra être plus pertinent. Il nous a fallu passer à des fichiers 5K bruts pour pousser l’application à utiliser pleinement les 16 cœurs de l’iMac Pro.

Finissons par Georges, « photographe amateur » selon ses propres mots, mais qui utilise du matériel tout à fait professionnel. Il nous a fait parvenir six fichiers bruts pris avec un Canon EOS 5DS (plein format, 50,6 Mpx) pour réaliser un panorama avec Autopano Giga. Sur son iMac 5K fin 2015 doté d’un processeur Core i7 à 4 GHz et de 32 Go de RAM, le premier assemblage des photos prend 70 secondes, et l’exportation du panorama final un peu plus de 130 secondes.

Sur notre iMac Pro, le premier assemblage prend 50 secondes, et l’exportation 61 secondes. Le processeur n’y est cette fois pour rien : l’application de création de panoramas est totalement incapable d’utiliser plus d’un cœur. La carte graphique est à la manœuvre : l’éditeur et le moteur de rendu de l’application d’Autopano exploitent OpenCL et l’accélération graphique.

Les panoramas filent dans Lightroom Classic, où nous avons aussi importé des fichiers issus du Sony Alpha 7R (plein format, 36,4 Mpx) et du Canon PowerShot G5X (1 pouce, 20,2 Mpx). La manipulation des clichés est infiniment plus agréable que sur le MacBook Pro fin 2013 doté d’un processeur Intel Core i5 bicœur à 2,4 GHz utilisé pour la rédaction de cet article, encore heureux, mais pas incroyablement plus fluide que sur un iMac 5K 2017 doté d’un processeur Intel Core i5 quadricœur à 3,8 GHz.

La différence entre les deux iMac est plus sensible lors de la réduction du bruit, l’utilisation du pinceau correcteur, ou encore l’application d’un dégradé, sans être considérable. Le fait est que ces tâches ne bénéficient pas énormément du parallélisme, contrairement à l’exportation, 35 % plus rapide sur l’iMac Pro. S’il y a une différence notable, c’est une différence de niveau sonore : on peut suivre la montée en charge de l’iMac 5K à l’oreille, alors que l’iMac Pro ne perd jamais son calme.

Ces trois exemples montrent bien que la puissance de l’iMac Pro produit des effets très différents selon les applications, et même selon les workflows. Nous l’avons déjà dit : l’iMac 5K, surtout avec l’option Core i7, peut être un meilleur choix que l’iMac Pro. Mais dès que les tâches se prolongent, dès que les applications utilisent plusieurs cœurs ou l’accélération graphique, l’iMac Pro s’impose.

Puisqu’il est illusoire de vouloir tester toutes les applications, le fonctionnement de certaines nous échappant totalement, nous avons réalisé plusieurs tests standardisés exploitant le processeur et la carte graphique. Les réaliser sur votre propre machine devrait vous donner une bonne idée des capacités de l’iMac Pro :

Quelques explications pour référence :

  • Geekbench 4 : un test synthétique des performances sur un seul cœur (single) et sur tous les cœurs (multi) du processeur ;
  • Cinebench R15 : un test synthétique basé sur Cinema 4D, une application de modélisation 3D, des performances du processeur et de la carte graphique avec OpenGL ;
  • LuxMark : un test synthétique basé sur LuxMark, basé sur le moteur LuxRender utilisé par Blender et Maya, des performances du processeur et de la carte graphique avec OpenCL ;
  • BruceX : un test d’export d’un projet Final Cut Pro court mais complexe ;
  • Logic Benchmark : un test de montée en charge de Logic Pro ;
  • MDP Remote : une mesure du temps de compilation de l’application MPD Remote dans Xcode, du lancement de la compilation au lancement de l’application dans le simulateur, comprenant le lancement du simulateur lui-même ;
  • Tomb Raider : mesure donnée par l’outil de mesure intégré au jeu, représentatif d’un jeu exigeant mais assez ancien, en définition native avec les réglages par défaut ;
  • F1 2017 : mesure donnée par l’outil de mesure intégré au jeu, représentatif d’un jeu récent prenant en charge Metal, en définition native avec les réglages par défaut.

Nous reviendrons en détail sur ces résultats, et ceux d’autres mesures de performances, dans la conclusion de notre test de l’iMac Pro octacœur.

Après ces cinq premiers « épisodes », nous publierons prochainement notre première conclusion sur l’iMac Pro octacœur. Nous reprendrons cette série, après avoir reçu le modèle décacœur, avec une comparaison des cartes Vega 56 et Vega 64.

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