1Password : des NFT plutôt qu’une application macOS native

Anthony Nelzin-Santos |

Après une première levée de fonds de 200 millions de dollars en 2019, une seconde de 100 millions l’an dernier, et une troisième au début de l’année, AgileBits assurait pouvoir « bâtir le futur de la cybersécurité ». Ce futur passe visiblement par les NFT, ces vessies numériques qu’une poignée d’apprentis spéculateurs prend pour des lanternes, plutôt que par une suite d’applications 1Password natives et soignées.

L’intégration de 1Password dans les portefeuilles Phantom. Image 1Password.

L’entreprise canadienne s’enorgueillit d’une intégration entre son gestionnaire de mots de passe et les portefeuilles Phantom, qui permettent d’échanger des cryptomonnaies et de collectionner les NFT édités sur la blockchain Solana. (Si vous n’avez rien compris à cette phrase, filez lire notre guide des cryptomonnaies et notre décryptage des NFT. Vous comprendrez encore moins après.)

D’un simple clic sur un bouton « Save in 1Password », l’adresse et le mot de passe du portefeuille seront enregistrés dans 1Password, ainsi que l’indispensable phrase de récupération secrète. AgileBits « croit que vos clés et phrases de récupération méritent le même niveau de protection que les numéros de cartes de paiement, les données médicales, et tout ce qui est stocké dans votre coffre 1Password ».

Ce n’est pas faux, la perte de la phrase de récupération empêchant l’ouverture du portefeuille. Reste que cet empressement à surfer sur le buzzword du moment, quelques mois après avoir annoncé l’abandon de l’application macOS native par manque de ressources, ne manquera pas de provoquer la controverse.

AgileBits est désormais la sixième plus grande entreprise technologique canadienne, après une succession de levées de fonds qui la valorisent à 6 milliards d’euros. L’éditeur de 1Password veut doubler sa taille pour dépasser le millier de salariés, mais réalise « seulement » 130 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel.

« 1Password bientôt dans le métavers ? », disions-nous après que Jeff Shiner, le CEO d’AgileBits, assure vouloir « faire les gros paris nécessaires pour entrer dans de nouveaux domaines et vraiment voir avec quelle ambition nous pouvons atteindre nos objectifs. » À ce train, la blague sera bientôt réalité (virtuelle).

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