Windows 10 gratuit pour tous et… des hologrammes pour le prochain chapitre de Microsoft

Mickaël Bazoge |

« Le prochain chapitre » : c'est ainsi que Microsoft a baptisé la conférence de ce 21 janvier, dont l'ambition est de poser sur les bons rails la future version de Windows — non pas Windows 9 comme on aurait pu l'imaginer, mais Windows 10 !

Le 30 septembre dernier, Microsoft levait un coin du voile sur Windows 10, en présentant une poignée de fonctions et en livrant un « aperçu technique » destiné aux développeurs, aux entreprises et aux utilisateurs avancés les plus enthousiastes un avant-goût de ce qui va attendre le reste du monde d'ici la fin de l'année 2015. Mais la conférence d'aujourd'hui est bien plus importante pour l'éditeur : il s'agit désormais de faire monter la mayonnaise et l'envie. Et surtout, de donner une nouvelle chance à un système d'exploitation qui a beaucoup souffert de son passage forcé au tout-tactile avec l'interface Metro.

Un Windows pour les regrouper tous

Confiance, mobilité et interaction naturelle sont les trois axes majeurs qui conduisent la démarche de Microsoft dans le développement de Windows 10, qui a déjà à son actif 1,7 million d'utilisateurs/cobayes, qui ont installé le premier aperçu sur 3 millions de PC. Ces centaines de milliers de retours de la part d'utilisateurs expérimentés ont été précieux, Redmond ayant pu s'appuyer sur ces expériences pour continuer à améliorer son logiciel.

Ne l'appelez plus système d'exploitation. Windows 10 est d'abord et avant tout une plateforme qui se déploiera sur toutes les surfaces d'écran, qu'il s'agisse du PC familial, de la console, du smartphone ou de la tablette… et ce, tout à fait gratuitement : le passage de Windows 7 et Windows 8.1 vers Windows 10 sera ainsi gratuit durant la première année de disponibilité du nouveau système (pour les utilisateurs grand public seulement, pas en entreprises). Il en ira de même pour les utilisateurs de Windows Phone 8.1, qui pourront donc télécharger eux aussi Windows 10 sur leurs smartphones.

Microsoft envisage Windows 10 d'un point de vue intéressant : il s'agit désormais d'un service, pour lequel les développeurs pourront concevoir des applications sans se préoccuper de l'appareil hôte. Dans un contexte hétérogène où les processeurs x86 et ARM vont se mélanger tout comme les tailles d'écran, cela risque d'être un sacré casse-tête à gérer. Redmond a néanmoins les outils développeurs pour l'aide à la conception de logiciels universels… y compris pour la Xbox One.

Des fonctions pour le grand public

Cette conférence a aussi et surtout été l'occasion pour Microsoft de dévoiler une série de nouveautés à destination des utilisateurs lambda. Le fameux menu Démarrer fait donc son retour comme convenu, avec d'un côté les apps récentes, les plus utilisées, etc., et de l'autre les fameuses tuiles dynamiques de Metro. S'il est possible de basculer ce menu en plein écran, et ainsi retrouver l'aspect Windows 8, on ne peut s'empêcher de penser que c'est une régression par rapport à ce que souhaitait proposer Microsoft à l'origine.

Un panneau de notifications (Action Center) fait également son apparition, où l'on pourra désactiver le Wi-Fi et le Bluetooth, par exemple. La nouvelle fenêtre des réglages est particulièrement sobre :

La fonction Continuum n'est pas inintéressante sur le papier : lorsque la tablette est séparée de son dock, de son clavier et/ou de sa souris, le PC passe alors en mode « tablette » avec un affichage adapté. Mais on conserve la barre de tâches en bas et le menu Démarrer à tout faire.

Comme prévu, Cortana fait bien son apparition sur Windows, et au contraire de Siri qui, sur OS X, se contente de la dictée vocale, l'assistante virtuelle de Microsoft est identique sur PC et sur smartphone. Et comme prévu, Cortana (qui se niche dans la barre de menus) sera capable d'accomplir bien des tâches, du lancement de la lecture d'un morceau à la recherche d'un document dans le disque dur de l'ordinateur (sans oublier la météo).

Sur tablette, Windows 10 conserve son écran d'accueil à base de tuiles. Beaucoup de petits changements ont été opérés, comme un panneau de réglages plus clair, un clavier virtuel que l'on peut déplacer n'importe où sur l'écran, Skype peut s'intégrer au sein de la messagerie instantanée, … L'éco-système logiciel, c'est évidemment le nerf de la guerre pour les terminaux mobiles. Microsoft le sait mieux que personne, l'éditeur étant à la traîne dans ce domaine avec Windows Phone… y compris pour sa propre suite Office ! C'est pourquoi l'éditeur n'a pas résisté à la tentation de présenter la version d'Office optimisée pour les écrans tactiles, après que la suite bureautique ait été adaptée à iOS et Android. PowerPoint ressemble ainsi à la version pour iPad :
Notons l'apparition du support de l'impression sans fil dans les apps Office… quelques années après AirPrint. Un nouveau client Outlook fait également son apparition, là aussi en version universelle. Certaines animations ne manquent pas de ressembler à ce que l'on connait sur iOS :
Les applications universelles Windows 10 partagent un clair air de famille entre elles. Une certaine homogénéité se dégage, peu importe le support. C'est particulièrement vrai pour l'app photos :

Parmi les grosses nouveautés logicielles, Microsoft a sorti de son chapeau un nouveau navigateur internet. Baptisé pour le moment Project Spartan (encore une référence à Halo), ce butineur se présente comme une « nouvelle expérience de navigation sur internet ». Nouvelle interface qui rappelle Chrome et Firefox, nouveau moteur sous le capot, tout est nouveau.

Il sera possible de prendre des notes (virtuelles) sur les pages web à même l'écran, de rédiger des commentaires dans des post-it (que l'on pourra partager par la suite). Un mode Lecture, qui rappelle fichtrement celui de Safari, est aussi disponible, tout comme la possibilité de conserver des pages en mémoire pour une consultation hors connexion.

Microsoft oblige, l'application Xbox pour Windows 10 est particulièrement complète. Sorte de SmartGlass pour les machines de bureau et les tablettes, ce logiciel mixe Game Center avec Steam, tout en autorisant l'enregistrement et la diffusion de clips vidéo. Le Xbox Live est évidemment de la partie. Redmond a clairement voulu s'adresser au plus grand nombre avec cette conférence, et notamment aux joueurs — à tous, puisque les titres pourront opposer indifféremment joueurs Windows 10 et Xbox One. De plus, il sera possible de jouer à un jeu Xbox One sur son PC via streaming.

L'aperçu public de Windows 10 sera disponible dans le courant de la semaine prochaine. La première build pour les smartphone tombera au mois de février.

Two more things

Microsoft n'allait pas quitter les feux de la rampe sans proposer un petit quelque chose en plus. Il s'agit d'un écran de 4K de 84 pouces embarquant tous les composants d'un PC. La dalle est tactile et multi-points, le boîtier est bardé de capteurs et il embarque deux capteurs photo.

La Microsoft Surface Hub pourra servir en entreprises par exemple, mais on imagine facilement des usages dans des hôtels. Et évidemment, cet écran roule sous Windows 10.

Dernière mignardise pour la route : Microsoft a présenté Windows Holographic, qui est un mix de technologies mêlant casque de réalité virtuelle (l'HoloLens) , sorte de Google Glass aux stéroïdes, avec la réalité augmentée.

Cette technologie affiche des fenêtres virtuelles dans l'environnement de l'utilisateur, comme Skype par exemple. Microsoft parle d'hologrammes, mais on est plus proche de la réalité augmentée que l'on connait bien depuis quelques années sur iOS. Windows 10 contient toutes les API nécessaires pour développer des apps Holograms, que l'on peut manipuler avec des mouvements de bras dans l'espace. Kinect est passé par là.

Le casque est autonome : pas besoin de connexion à un PC. Il faudra ensuite s'enquérir de la durée de la batterie… ainsi que de l'aspect esthétique : pas facile de porter un si gros casque au quotidien. Mais sur le lieu de travail, cela pourrait être utile. Microsoft ne précise pas quand cette impressionnante technologie (développée avec la NASA) sera disponible, si elle l'est vraiment un jour.

Plus terre à terre, Satya Nadella le CEO de Microsoft a conclu cette conférence avec un cri du cœur : « Nous voulons que les gens aiment Windows tous les jours ».

Accédez aux commentaires de l'article