Test du Wacom Cintiq 13HD

Anthony Nelzin-Santos |

Dans la gamme d’« écrans interactifs à stylet » de Wacom, le Cintiq 13HD remplace le Cintiq 12WX. Il est plus compact tout en ayant un plus grand écran HD et dispose d’un nouveau socle et d’un nouveau stylet. Wacom nous a présenté son Cintiq 13HD au mois de février et nous avons eu l’occasion de le tester pendant un peu plus d’un mois.





Une petite Cintiq…



Selon Wacom, les clients trouvaient l’écran de la Cintiq 12WX trop petit, alors que cette tablette était par ailleurs assez imposante. Le Cintiq 13HD adopte donc un écran de 13,3" plus grand, tout en étant lui-même très compacte grâce à des bordures plus fines : il mesure ainsi 24,8 x 37,4 cm pour 1,4 cm d’épaisseur et 1,2 kg, alors que le Cintiq 12WX mesurait 27 x 40,5 cm pour 1,7 cm d’épaisseur et 2 kg.





Si la tablette est plus fine et plus légère, c’est d’abord parce qu’elle n’intègre plus de socle, Wacom livrant à la place un socle amovible. En théorie, c’est une bonne idée. On peut placer la tablette dans quatre positions sur un plan de travail (plat, 22°, 30° et 50°) contre trois pour le 12WX. Ou bien enlever le socle pour travailler confortablement les jambes croisées ou la tablette sur le bras, comme un carnet à dessin — un insert en silicone tombant pile sous les doigts pour améliorer la préhension et le 13HD est à peine tiède après plusieurs heures de fonctionnement.



La réalité est différente : fabriqué en plastique, le socle est très flexible et trop léger. Le bruit lors de l’emboîtement fait craindre pour la durée de vie des taquets, et il a tendance à se déboîter dès qu’on veut changer l’angle. Ce n’est pas un problème de manipulation, mais bien de conception, puisque même les concepteurs du Cintiq 13HD ont eu du mal à ne pas déboîter le socle lors de leur présentation. Bref, ce socle détonne alors que la qualité d’assemblage et de finition de la tablette elle-même est irréprochable.





L’abandon du boîtier de conversion au profit d’un câble breakout est bienvenu. Il se branche à la tablette à l’aide d’un connecteur semblable au connecteur 30 broches d’Apple ; un mètre plus loin, trois câbles en partent : un vers l’alimentation, un vers un port USB et un vers un port HDMI. Même correctement enroulé, l’ensemble prend tout de même un peu de place dans une sacoche, d’autant que dans la plupart des cas, il faudra rajouter un adaptateur HDMI-DisplayPort.






Finalement, un boîtier de conversion, c'était pas si mal…




Au final, le Cintiq 13HD est beaucoup plus facile à glisser dans un sac que son prédécesseur, mais on vous conseillera tout de même de le protéger — une housse pour MacBook Pro 15" fera l’affaire, Wacom a calé les dimensions de sa tablette sur celles de l’ordinateur le plus populaire chez ses clients. Un accessoire de plus à rajouter : si le 13HD est bien le plus léger et le plus fin des Cintiq, il n’est donc pas véritablement mobile — il est plutôt transportable.



…ou une grosse Intuos ?



Ce qui est d’autant plus frustrant que le Cintiq 13HD rappelle énormément les tablettes de la gamme Intuos : Wacom ne fait d’ailleurs aucun mystère de ses intentions, il s’agit d’amener des propriétaires d’Intuos à la gamme Cintiq. Le Cintiq 13HD reprend ainsi l’arrangement des boutons des Intuos, disposant de quatre Express Keys mais abandonnant la molette tactile au profit d’un D-pad cinq boutons (« Rocker Ring » : croix et bouton central).





On perd donc les fonctions de zoom ou de changement de taille d’outils progressifs, mais on peut toujours assigner à chacun des neuf boutons du Cintiq 13HD une fonction précise grâce à l’utilitaire Wacom. On peut donc retrouver des fonctions de zoom (boutons haut et bas du D-pad par exemple), et surtout assigner à un seul bouton plusieurs raccourcis via un menu radial. Chaque menu pouvant lui même contenir des sous-menus, on peut théoriquement assigner 4 000 fonctions à chaque bouton, le tout application par application !






NB : l'utilitaire Wacom est compatible avec toutes les versions de Windows depuis XP, toutes les versions d’OS X depuis Mac OS X 10.6 et certaines distributions GNU/Linux. C’est bien, mais il faut garder à l’esprit que Wacom abandonne ainsi Windows 2000, Mac OS X 10.3 et Mac OS X 10.4.




On ne saurait trop vous recommander de dédier une ExpressKey au passage de l’écran du Cintiq 13HD à celui de votre ordinateur. On peut ainsi passer rapidement d’un mode actif (on travaille sur le Cintiq) à un mode passif (le Cintiq est une simple tablette graphique qui pilote le curseur sur l’autre écran, où l’on aura par exemple stocké les palettes de Photoshop). Ajoutez-y quelques raccourcis utiles sur les autres, et vous n’aurez plus besoin de toucher à votre clavier, ce qui est d’autant plus pratique en déplacement ou au fond de son fauteuil.



Le nouveau stylet Pro Pen est plus agréable à tenir (grâce à son nouveau revêtement gommé) et plus équilibré (il est plus fin à l’arrière) que le précédent. Livré avec neuf pointes et ses accessoires dans une boîte de transport, il offre 2 048 niveaux de pression et est toujours sensible à l’inclinaison. On peut d’ailleurs l’utiliser sur les anciennes Intuos et Cintiq, ou recycler d’anciens stylets sur la Cintiq 13HD.



Un excellent toucher…



Les propriétaires d’Intuos intéressés par ce Cintiq ne regretteront qu’une seule chose, qu’il ne soit pas décliné dans un modèle « touch ». Même si comme on l’a dit on peut retrouver des boutons de zoom sur le 13HD, ils sont toujours moins agréables à utiliser qu’une roue codeuse ou que tout simplement les doigts.





À propos de toucher, il faut remarquer que la surface du Cintiq 13HD est absolument fantastique. Comme elle est parfaitement lisse, le stylet glisse de manière ininterrompue. Mais une fois l’écran allumé, on a l’impression que la surface est légèrement granuleuse, comme si l’on avait à faire à une sorte de papier rétro-éclairé. L’effet, saisissant, est renforcé par la bonne résolution de l’écran (166 ppp, définition de 1920 X 1080 px pour 13,3" en 16:9), la luminosité forte et uniforme (700 nits) et les excellents angles de vision (178° dans les deux sens, dalle IPS).



Certains remarqueront que l’écran du Cintiq 13HD ne couvre que 72 % de l’espace sRGB et 75 % de l’espace AdobeRGB — c’est vrai, et un moniteur spécifique restera donc nécessaire pour les travaux nécessitant la plus grande fidélité colorimétrique. Mais c’est déjà mieux que la plupart des écrans d’ordinateurs portables et par ailleurs, la gamme dynamique de l’écran semble suffisante pour qu’on ne puisse jamais déceler le moindre effet de banding.





On peut par contre déceler un certain décalage entre le stylet et le curseur. Ce n’est pas un problème de latence, du moins pas avec les Mac les plus récents, mais plutôt un problème de parallaxe : la distance entre la pointe du stylet et l’écran est sensible, l’écran n’étant pas laminé et la couche sensible Wacom ajoutant de l’épaisseur.



…mais un produit pas fait pour tout le monde



On finit par s’y faire, mais force est de constater que le Cintiq 13HD n’est pas fait pour tout le monde. En plus de l’avoir testé pour de la retouche photo et du dessin (en venant de l’Intuos 3), nous l’avions confié au graphiste Marc Gianelli (lui aussi utilisateur d’Intuos).



Il estime que pour le design web, le 13HD est inutile voire « contre-productif » : « c’est particulièrement étrange de dessiner directement quelque chose de complètement virtuel. » Pour l’illustration, au contraire, il est emballé : « le Cintiq 13HD est parfait pour l’illustration. Les niveaux de pression et l’inclinaison du stylet sont bien retransmis, c’est assez proche d’un toucher réel à mon sens. On est seulement bloqué… par son propre niveau de compétences. »





On ne peut que confirmer cette impression : on se surprend à perdre toute notion du temps à dessiner sur le Cintiq 13HD — on finit presque par oublier qu’il existe, et l’on travaille naturellement, comme on le ferait sur papier… les possibilités du numérique en plus. Les choses sont un peu différentes pour la retouche photo, où le Cintiq 13HD est certes très utile, mais pas forcément meilleur qu’une simple Intuos.



Faut-il craquer pour un Cintiq 13HD si l’on a déjà une Intuos ? Tout dépend de ce que l’on fait avec une tablette graphique. La manipulation directe se révèle utile et confortable dans certains cas, surtout pour l’illustration, la peinture numérique…, un peu moins pour la retouche photo. Pour d’autres applications néanmoins, la manipulation indirecte ne pose aucun problème, et une bonne vieille Intuos suffira largement.

Note

Les plus :

  • Finition excellente
  • Bon suivi du stylet
  • Très utile dans certaines applications

Les moins :

  • Socle amovible de mauvaise qualité
  • Transportable plutôt que mobile
8
10

Prix :

Accédez aux commentaires de l'article