Meta mise à fond sur l’IA et effraye les actionnaires

Félix Cattafesta |

Meta s’est lancée à corps perdu dans la course à l’IA qui agite toute la Silicon Valley depuis la sortie de ChatGPT il y a un an et demi. Si la technologie impressionne et fait les gros titres, elle ne rapporte pas grand-chose pour le moment. Lors de la présentation de ses résultats du premier trimestre 2024, Mark Zuckerberg a prévenu que son entreprise entrait dans un nouveau cycle d’investissement à ce niveau dans le but de créer des « services rentables ». Un discours qui a effrayé plus d’un investisseur : le titre Meta a chuté de 16 % dans la foulée.

Mark Zuckerberg. Crédits : Anthony Quintano (CC BY 2.0)

Pour le moment, les choses vont plutôt bien pour Meta. L’entreprise a vu croître son bénéfice net à plus de 12 milliards de dollars, et a dévoilé un chiffre d'affaires de 36,5 milliards de dollars pour le dernier trimestre. Or, cette croissance devrait ralentir alors que Meta dépense des sommes folles dans l’IA : elle planche sur des puces dédiées et aurait dans l’idée de monter une infrastructure massive pour entraîner ses nouveaux modèles. Les IA commencent à être fortement mises en avant sur les différentes plateformes de la marque, apparaissant par exemple dans les barres de recherches d’Instagram, de Facebook, de WhatsApp et de Messenger aux États-Unis. La marque a également lancé un chatbot concurrençant ChatGPT, disponible directement depuis un site dédié et carburant à l’aide d’un nouveau modèle open source.

Meta continue d’imposer son équivalent à ChatGPT sur ses différentes plateformes

Si c’est intéressant pour le public, tout est pour le moment proposé gratuitement. Mark Zuckerberg a plusieurs idées pour monétiser tout cela : publicités ciblées, modèles plus performants payants, via des services aux professionnels… « La mise en place de l'IA de pointe sera une manœuvre plus importante que pour les autres expériences que nous avons ajoutées à nos applications, et cela prendra probablement plusieurs années », a-t-il prévenu. Les prévisions de dépenses dans le secteur ont été revues à la hausse, pour l’infrastructure comme pour la recherche.

Meta continue également de se ruiner dans le domaine de la VR. Sa section Reality Labs a affiché une perte de 3,84 milliards de dollars au premier trimestre, ce qui n’est pas très surprenant quand on sait que la division a perdu 16,1 milliards sur 2023 (45 milliards au total depuis la fin 2020). La tendance ne devrait pas s’inverser : la chef des finances a prévu une accélération des pertes dues au développement de nouveaux produits. L’entreprise veut limiter la casse en vendant son OS pour casques VR/AR aux autres fabricants, mais il reste à voir si ce pari s’avèrera payant. Un « Quest 3 Lite » serait prévu prochainement selon les rumeurs, mais rien ne dit qu’il trouvera son public.

Meta ouvre le système d'exploitation du Quest à d'autres fabricants

Mark Zuckerberg reste optimiste dans ce domaine : les revenus du Reality Labs ont grimpé de 30 % par rapport au T1 2023, bien aidé par la sortie d’un nouveau casque Quest. Le patron se dit aussi satisfait du succès de ses lunettes connectées en partenariat avec Ray Ban, qui se vendraient mieux que prévu. De son côté, Threads affiche désormais 150 millions d’utilisateurs actifs mensuels, contre 130 millions en février.

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