Les déploiements de la fibre optique et de la 4G freinés par une partie de la population

Nicolas Furno |

La fibre optique et la 4G (et bientôt la 5G) sont en cours de déploiement sur tout le territoire français, avec des objectifs ambitieux fixés par les autorités. Tout le monde est censé avoir accès au très haut débit d’ici une dizaine d’années, et le réseau mobile de quatrième génération devrait couvrir l’intégralité du territoire dès la fin de l’année prochaine. Ces deux objectifs ne seront peut-être pas tenus toutefois, et ce n’est pas forcément la faute des opérateurs et fournisseurs d’accès à internet.

Du côté de la 4G, l’échéance est très proche et elle ne sera sans doute pas respectée. En théorie pourtant, tout avait été prévu lors de la signature du « New deal mobile » courant 2018. La couverture 4G devait être complète fin 2020 et pour cela, les communes qui ont encore des zones blanches sur leur territoire doivent se signaler et les opérateurs ont obligation de couvrir ces zones. Ce plan assez simple est toutefois enrayé par endroits, comme l’explique Le Figaro.

Des antennes cellulaires « déguisées » en sapin en Roumanie (photo Alexandru Panoiu (CC BY 2.0)).
De faux arbres dans les Yvelines. Dans d'autres cas ce seront des toits comportant de fausses cheminées avec des antennes à l'intérieur

La cause : des élus et habitants qui s’opposent à l’installation d’antennes 4G supplémentaires, condition indispensable pour couvrir ces zones blanches. Les mêmes élus qui demandent officiellement à couvrir leur commune refusent parfois ensuite d’autoriser l’implantation des antennes demandée par les opérateurs. Les oppositions se font sur des critères esthétiques, ou encore par peur des ondes mobiles et le quotidien indique que les opérateurs reçoivent souvent des demandes pour installer les antennes loin des habitations, ce qui n’a pas de sens.

Le clocher de l’église au centre du village semble un bon endroit pour installer une antenne, mais ce n’est pas toujours le cas, notamment pour les communes encaissées où il faut au contraire choisir un point en hauteur. Certains élus demandent à installer les antennes dans une forêt située à l’écart des maisons, au mépris des exigences techniques.

Ces oppositions bloquent entre 20 et 30 % des dossiers d’après Le Figaro, qui ajoute que les délais sont extrêmement longs en conséquence. Alors que six mois suffisent en moyenne pour installer une nouvelle antenne mobile en Allemagne, il faut compter 36 mois en France. Autant dire qu’à ce rythme, l’objectif de fin 2020 n’est pas prêt d’être atteint.

C’est un petit peu la même chose avec la fibre optique et la fin du réseau cuivré, annoncé par Orange au début du mois. L’ancien réseau téléphonique devra être supprimé à l’horizon 2030, mais il y a là encore des oppositions d’une partie de la population, qui refuse le changement de technologie. Le journal Les Échos détaille les préparatifs pour cette transition qui devra supprimer 16 millions de poteaux et environ 110 millions de kilomètres de câbles en cuivre sur tout le territoire.

Un poteau et des fils de cuivre en Angleterre (photo Des Morris (CC BY-NC-ND 2.0)).

Pas d’argument esthétique ou de santé a priori cette fois, mais le passage en marche forcée du cuivre à la fibre optique agace de nombreux clients Orange depuis plusieurs années déjà. La force de l’habitude et le fait que l'ADSL donne toute satisfaction font que certains clients ne comprennent pas pourquoi ils devraient changer. Il faut dire que le FAI historique facture 5 € de plus par mois pour la fibre, ce qui ne facilite pas la transition. Au-delà, le réseau cuivré présente l’avantage de fonctionner sans électricité, ce qui est pratique dans certaines régions pour pouvoir appeler en cas de coupure. Résultat, un tiers seulement des foyers éligibles souscrivent à la fibre optique et des copropriétés refusent toujours son installation.

Orange est bien conscient des cas particuliers qui restent et qui ne fonctionnent que sur le réseau cuivré pour le moment. Les téléalarmes et les barrages EDF l’exploitent aussi et il faudra trouver des solutions. Les expérimentations vont commencer dès 2020 et l’entreprise espère pouvoir convaincre le grand-public, notamment en égalisant le tarif de ses offres. Ne vous attendez pas à une baisse des offres en fibre optique, c’est plutôt une augmentation de celles en ADSL qu’il faut prévoir, sachant que c’est l’ARCEP qui régule les tarifs aujourd’hui.

L’ARCEP impose aussi que les clients soient avertis au moins cinq ans avant la coupure des lignes de cuivre et Orange espère réduire ce délai pour accélérer le processus. Dernière piste envisagée par l’opérateur historique, ne plus réparer le réseau cuivré là où la fibre optique est disponible. En cas de panne, les clients n’auraient plus le choix que de basculer sur la nouvelle technologie. Voilà qui ne devrait pas calmer les ardeurs de ses opposants…

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