Jony Ive a conservé son âme d’enfant

Mickaël Bazoge |

Si vous n’aimez pas Jony Ive, il est temps de changer de crémerie : le designer en chef d’Apple n’a pas l’intention de voir ailleurs si l’herbe est plus verte. Tant qu’il continue d’apprendre de nouvelles choses, il restera en place : « Nous faisons [ce que nous faisons chez Apple] depuis longtemps, et nous sommes toujours surpris et nous apprenons tellement », a-t-il dit lors d’une interview menée par Anna Wintour, fameuse rédactrice en chef de Vogue.

@Shara Tibken

Jony Ive déclare que si l’on perd cette âme d’enfant, il est temps de passer à autre chose. Wintour lui a demandé s’il sentait qu’il perdait cette âme chez Apple, le designer a rétorqué : « Oh mon Dieu, non ». Il a ajouté : « En fait, j’ai le sentiment qu’il y a encore beaucoup à faire et énormément d’opportunités, tout particulièrement dans des secteurs où il faut faire travailler différents savoir-faire entre eux ».

L’équipe en charge du design, qui a déménagé dans l’Apple Park, bénéficie d’une expertise « sans précédent » : des designers de polices de caractères y côtoient des coloristes et des experts des technologies haptiques. « L’énergie et la vitalité et le sens des opportunités… C’est extraordinaire et très excitant ».

Jony Ive est aussi revenu sur une des nouvelles marottes d’Apple, à savoir l’hygiène numérique incarnée par la fonction Temps d’écran d’iOS 12. « C’est bon d’être connecté », assure-t-il, mais « le vrai problème c’est ce que vous faites de cette connexion. Je pense que la nature de l’innovation, c’est que vous ne pouvez pas prédire toutes les conséquences », précise-t-il. « De mon expérience, il y a eu des conséquences surprenantes, certaines fabuleuses, d’autres moins ».

L’addiction à un appareil n’est pas, selon lui, le plus gros défi. C’est plutôt « la manière dont l’environnement et le contexte affectent nos relations avec les autres ». Apple développe des solutions pour « restaurer un peu d’humanité » entre nous tous, par exemple avec les Memojis et les fonctions qui s’empilent dans Messages.

Pour Ive, la responsabilité d’Apple ne s’arrête pas à la livraison du produit. « Nous apprenons énormément, ce qui nous donne beaucoup d’informations et nous influence sur ce que nous allons faire à l’avenir. Nous sentons que nous avons une responsabilité morale et civique ».

Comme toujours (mais pourquoi les intervieweurs posent-ils toujours ce genre de questions), le designer ne veut pas évoquer l’avenir du catalogue d’Apple. Pour lui, il est naturel que l’entreprise joue la carte du secret : « Je ne connais pas beaucoup de créateurs qui voudraient évoquer ce qu’ils font quand ils en sont à la moitié ». Il ne veut pas ajouter du bruit à la rumeur, car parfois les projets en cours de développement « ne fonctionnent pas ».

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