L’analyste qui veut la tête de Tim Cook

Christophe Laporte |

On ne peut pas plaire à tout le monde. Cet adage est vraiment pour tout le monde, y compris pour Tim Cook. Dans la longue liste des analystes qui suivent la firme de Cupertino, l’un d’eux veut vraiment sa peau. À plusieurs reprises, Trip Chowdhry a appelé à la démission de Tim Cook.

Trip Chowdhry à droite

En juillet 2013, l’analyste écrivait déjà dans une note : « l’équipe dirigeante en place menée par Tim Cook et Peter Oppenheimer [NDLR : son directeur financier sur le départ] a détruit de la valeur pour les actionnaires à Apple ». L’analyste fait référence au cours de l’action d’Apple, qui entre la présentation de l’iPhone 5 et le moment où il rédigeait cette note avait reculé d’environ 40 % en dépit de la mise en place d’une politique accommodante pour les actionnaires avec le versement de dividendes notamment.

Non seulement Trip Chowdhry veut se débarrasser de Tim Cook, mais il a un plan pour cela. Son idée ? Mettre au poste de CEO Jon Rubinstein et à celui de Directeur financier Fred Anderson, deux hommes qui ont participé en compagnie de Steve Jobs au redressement spectaculaire d’Apple.

Le premier est parti en 2006, car il était en désaccord avec certains choix d’Apple comme celui de passer à l’architecture Intel. Il partage avec Tony Fadell le titre du papa de l’iPod. C’est lui qui suite à un déplacement au Japon a eu l’idée d’utiliser des disques 1,8 pouces de chez Toshiba pour le baladeur d’Apple (lire : Interview : Jon Rubinstein sur l'iPod et Palm).

Toutefois, la suite est moins reluisante pour Rubinstein. Après avoir quitté Apple, il est devenu en 2009 le patron de Palm. Si technologiquement, Palm a fait des choses très intéressantes, ce fut un échec commercial retentissant. Jon Rubinstein est peut-être arrivé trop tard avec trop peu de moyens, et n’a eu d’autres choix à la fin que d’accepter la proposition de rachat par HP (lire : La vente de Palm à HP a été du « gâchis » pour Rubinstein). Depuis, il occupe son temps notamment en siégeant au conseil d’administration d’Amazon. Il serait dit-on l’instigateur du Fire TV (lire : Fire TV : le boîtier TV d'Amazon plait à moitié).

Le second, Fred Anderson, a eu également une part importante dans le redressement des finances d’Apple. Il a mis en place les méthodes qui sont sur le point de vue financier encore en oeuvre chez Apple. Il a toutefois servi de fusible lors de l’affaire des stock-options anti-datée et a quitté son poste en 2006.

C’est dans les vieilles marmites que l’on fait les meilleures recettes. C’est bien connu, mais si cette proposition peut paraitre séduisante au premier venu, elle n’est guère réaliste. Ou alors à faire prendre un remède de cheval à une société qui a réalisé au dernier trimestre un résultat net trimestriel record de 13,1 milliards de dollars.

Car si Rubinstein est parti d’Apple, c’est également parce qu’il était en conflit avec certaines personnes clés de l’organigramme d’Apple, notamment Jonathan Ive, qui fait figure de vache sacrée depuis la disparition de Steve Jobs.

Comme le note le blog Fortune Tech, cette lubie contre Tim Cook ne date pas d’hier. En un an, il s’est exprimé au moins à cinq reprises avec le même message en substance : Tim Cook doit partir, Jon Rubinstein est le seul à comprendre ce qui doit être fait et à la capacité de le réaliser. Le message est passé, mais il ne semble pas faire l'unanimité…

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