Sécurité : Apple s’oppose de nouveau aux autorités américaines

Mickaël Bazoge |

Il est « impossible » d’accéder aux données d’un iPhone bloqué sous iOS 8 ou plus, a assuré Apple à un juge américain. Le constructeur répondait à James Orenstein, juge fédéral de Brooklyn, afin de l’éclairer sur sa décision à venir concernant une requête du Department of Justice, ce dernier voulant extraire des informations d’un iPhone dans le cadre d’une enquête.

Pour 90% des terminaux en circulation qui fonctionnent sous iOS 8, la porte est tout simplement fermée à double tour par le chiffrement mis en place par le système d’exploitation. Et si Apple n’a pas en sa possession le mot de passe pour déverrouiller la serrure, alors il est impossible de piocher dans le contenu de l’appareil.

Tim Cook, Rupert Murdoch et l'amiral Michael Rogers (directeur de la NSA) en marge de la conférence du Wall Street Journal — via @geoffreyfowler

En revanche, Apple peut donner un coup de main pour les 10% de smartphones dotés d’un système d’exploitation antérieur à iOS 8, où le groupe possède la « possibilité technique » d’accéder aux informations contenues dans un iPhone bloqué. C’est d’ailleurs le cas du mobile en cause dans l’affaire qui intéresse le juge.

Mais Apple a demandé à James Orenstein de ne pas se plier à la requête du ministère de la Justice américain : « Forcer Apple à extraire les données dans ce cas, en l’absence d’autorité juridique, est de nature à dégrader la confiance entre Apple et ses clients et ternir considérablement la réputation de la marque », estime le constructeur qui a fait du respect de la vie privée l’alpha et l’oméga de sa politique en matière de gestion des données privées.

Le juge s’était montré sceptique quand, au début du mois, il avait demandé à Apple s’il était « techniquement faisable » de désactiver la sécurité sur un iPhone. Comme on pouvait s’y attendre, la réponse du constructeur confirme qu’il n’a aucun moyen de pénétrer dans un iPhone sans mot de passe ou d’en contourner les mesures de sécurité.

Cet argumentaire est répété à l’envi par Tim Cook, et encore une fois hier lors d’une conférence pour le Wall Street Journal (lire : Environnement, confidentialité : Apple en pointe, selon Tim Cook). Pour le CEO d’Apple, le chiffrement est une nécessité et les portes dérobées sont inacceptables.

En décembre 2013, Tim Cook invité à la Maison Blanche.

Dans le même dossier, Apple a fait savoir qu’il s’opposerait au CISA (Cybersecurity Information Sharing Act), alors que cette loi doit passer devant le Sénat d’ici quelques jours. La Pomme a déclaré au Washington Post que « la confiance de nos clients signifie tout pour nous, et nous ne pensons pas que la sécurité devrait se faire au détriment de leur vie privée ». Apple n’est pas seule dans cette affaire : Twitter, Wikipedia, Reddit, ou encore Microsoft, Facebook, Google et Amazon pressent le Sénat US de ne pas endosser le CISA dans sa forme actuelle.

Cette législation a pour objectif de pousser les entreprises à partager des informations entre elles et avec le gouvernement dans le cadre des menaces cyberterroristes. Les opposants au projet déplorent eux l’absence de cadre juridique pour protéger la vie privée, et la création de droits exorbitants accordés au gouvernement pour un accès aux données confidentielles sous couvert de protection des attaques informatiques.

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