Megaupload fermé par la justice américaine [MAJx2]

Arnaud de la Grandière |
Le site Megaupload, l'une des plateformes d'hébergement et de distribution les plus prisées sur Internet ouverte en 2005, vient d'être fermé par la justice américaine. Les 18 noms de domaines affiliés (dont ceux de MegaVideo, MegaPix, MegaBox et MegaLive) sont également inaccessibles.

Le fondateur et dirigeant de MegaUpload, Kim Dotcom (né Schmitz) a été arrêté en Nouvelle Zélande, avec trois de ses associés, trois autres complices sont encore recherchés. Le département de la justice américain signale que chacun encoure des peines de prison ferme, de cinq à vingt ans, pour racket en bande organisée, conspiration, violation du droit d'auteur, et blanchiment d'argent. Des descentes ont été également réalisées aux Etats-unis et dans huit autres pays pour saisir des biens de l'entreprise et bloquer des serveurs, certains installés aux Etats-unis, Pays-bas et Canada. L'opération n'a cependant rien à voir avec les lois SOPA et PIPA qui ne sont à l'heure actuelle toujours pas votées.

Il est presque surprenant que cette fermeture ait mis autant de temps à arriver : à l'inverse d'hébergeurs tels que YouTube ou Dailymotion, le site MegaVideo basait son modèle économique même sur le piratage d'œuvres audiovisuelles, puisqu'il permettait non seulement la diffusion de vidéos de longue durée, mais n'en permettait même la lecture complète que contre un abonnement, passé 72 minutes de visionage. On imagine mal débourser une somme quelconque pour regarder plus de 72 minutes de films de vacances… Pire encore, le site se gardait bien de référencer les contenus illégaux sur sa page d'accueil ou dans ses résultats de recherche, mais rétribuait les utilisateurs sur des liens externes vers ces mêmes contenus. De fait, nombre de sites référençant des vidéos illégalement diffusées en streaming s'appuyaient notamment sur MegaVideo, motivés par cette rétribution.

L'ironie du sort c'est que MegaUpload s'est faite prendre à son propre jeu, puisque nombre de sites ou de logiciels ont proposé des moyens de contourner les limitations de MegaUpload, parfois contre paiement (bien sûr inférieur à l'abonnement de MegaUpload). En somme, les utilisateurs de ces derniers payaient pour ne pas payer MegaUpload, et utilisaient MegaUpload pour ne pas payer les œuvres diffusées au tarif plein. La boucle était bouclée. Quant aux utilisateurs légitime de ces sites, qui ont payé leur abonnement, ils en sont pour leurs frais.

MegaUpload avait fait preuve d'une certaine morgue, d'abord en accusant Orange de limiter la bande passante de ses utilisateurs, puis en publiant une vidéo faisant figurer divers artistes sur YouTube. Universal avait indument fait retirer cette vidéo, ce qui lui vaudra une procédure intentée à son encontre par MegaUpload.



[MAJ 23:33] En signe de protestation suite à la fermeture de MegaUpload, Anonymous s'en est pris aux sites d'Universal Music, du Département de la justice, de la Recording Industry Association of America, et de la Motion Picture Association of America par le biais d'attaques de déni de service. Les quatre sites sont inaccessibles ou fortement congestionnés.

[MAJ 20/01 11:06] D'autres sites ont été victimes de la vengeance d'Anonymous : celui du FBI, de Warner Music, et de l'Hadopi. Le geste est plus symbolique qu'autre chose, sachant qu'il s'agit de sites institutionnels dont la mise en panne durant quelques heures ne coûte pas bien cher à leurs propriétaires.
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