HTC/Apple : Microsoft n'y voit pas une mauvaise chose

Arnaud de la Grandière |
Dans le cadre de la procédure judiciaire intentée par Apple à l'encontre de HTC, alors que Google a fait savoir qu'elle soutenait Android et ses partenaires, et bien que des appareils fonctionnant sur Windows Mobile soient concernés par la plainte, Microsoft a une approche beaucoup plus neutre, du moins en apparence. Une posture qui peut surprendre dans la mesure où Microsoft soulignait l'an dernier que HTC avait fabriqué 80 % des téléphones exploitant Windows Mobile.

En effet, lors d'un discours tenu devant un parterre d'avocats spécialisés en matière de propriété intellectuelle et de copyright la semaine dernière, Brad Smith, conseiller général et premier vice-président de Microsoft, a déclaré : « Le fait qu'il y ait un litige dans ce domaine n'est pas nécessairement une mauvaise chose ».


Le cadre dirigeant de Microsoft a souligné que les problèmes de royalties pour les technologies radio au sein des téléphones mobiles avaient déjà été réglés, sachant qu'environ 5,5 % du coût de fabrication d'un téléphone est reversé à des ayants-droits, pour la majeure partie à Qualcomm, 1 à 2 % supplémentaires sont reversés aux ayants-droits de logiciels. Mais il reste à tirer les choses au clair concernant des technologies qui sont apparues depuis l'arrivée de l'iPhone.

« La question du moment c'est, comment les accords de licence vont-ils fonctionner pour les logiciels et les autres couches de technologies liées à l'information, qui représentent de fait un pourcentage de plus en plus important de la valeur d'un smartphone. »
Selon lui, les royalties sur ces technologies se monteront entre 5 et 10 % du prix d'un smartphone dans les trois à cinq ans. En admettant que les détenteurs de telles technologies se sentent l'âme de les partager contre rétribution, ce qui n'a jamais été du goût d'Apple.

Quoi qu'il en soit, la valeur de Microsoft tient précisément dans sa propriété intellectuelle, et Android a quelque peu mis à mal son modèle commercial. L'attaque d'Apple, dans ce sens, est la bienvenue pour Microsoft. Doublement d'ailleurs, puisqu'il n'est pas exclus qu'une défaite d'Apple lui fasse perdre certains brevets dont elle se prévaut, ce qui donnerait alors les coudées franches à ses concurrents.

Brier Dudley, éditorialiste au Seattle Times, a pu interroger Brad Smith après son discours, et lui a demandé si Microsoft comptait s'engager dans la procédure d'Apple. « Je pense qu'il est prématuré de les soutenir ou d'avoir une quelconque autre réaction. Mais comme je l'ai dit, le fait que des efforts soient mis en œuvre pour tirer au clair ces problèmes sont un aspect positif dans l'équilibre du marché, parce que typiquement ils nécessitent un rôle important pour les régler. »


Smith a rappelé que Microsoft avait toujours collaboré de près avec les avocats d'Apple et les connaissait bien, plus particulièrement encore depuis que Bruce Sewell, un ancien avocat d'Intel, était devenu le conseiller général d'Apple : « Nous avons beaucoup de liens rapprochés et de bonnes relations. Ca ne veut pas dire qu'on est toujours d'accord sur tout. Mais ça veut dire que nous savons communiquer entre nous et comprendre ce que chacun d'entre nous tâche d'accomplir. »


L'ironie du sort, c'est qu'alors que Google fut un allié d'Apple pour contrer Microsoft, il se pourrait bien que Microsoft s'avère un précieux allié pour contrer Google…
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