Un brevet pour améliorer le streaming video

Arnaud de la Grandière |
Vous avez sûrement déjà remarqué que la vidéo numérique en ligne pouvait parfois avoir un aspect "sale" : certaines zones floues, d'autres constellées de carrés, bref, on en viendrait à regretter le bon vieux temps de l'analogique.

Ces dégradations sont le résultat de la compression : si les données étaient livrées brutes, elles utiliseraient énormément plus de bande passante, ce qui les rendraient inexploitables dans la majorité des cas. Prenons une métaphore : au lieu d'envoyer un gâteau par la poste, il peut être plus efficace d'envoyer la recette et les ingrédients, à charge du destinataire de reconstituer le gâteau à l'arrivée. C'est exactement ce qui se passe avec la vidéo en ligne, c'est votre ordinateur qui reconstitue l'image à partir des information compressées. Mais ce qu'on gagne en bande passante, on le perd en processeur : plus le ratio compression/qualité d'une vidéo sera efficace, plus celle-ci nécessitera de travail de la part de votre ordinateur pour la reconstituer. Pour abaisser le plus possible la bande passante requise pour transférer une vidéo, le codec (compresseur/decompresseur) va discriminer des éléments de l'image qu'il considère comme moins importants, ce qui a pour résultat d'abaisser le niveau de détail de l'image.

La compression d'une vidéo est à la fois spatiale (compression d'une image sur toute sa surface : plusieurs pixels similaires sont résumés à un seul) comme temporelle (compression d'une image par rapport aux images précédentes, les parties similaires seront résumées à celles d'une image clé). Moralité, les images les plus difficiles à compresser de manière efficace sont celles ou les éléments bougent le plus, sur la plus grande surface possible. Les reflets du soleil sur les vagues d'une surface d'eau en plein écran, c'est donc un vrai cauchemar, et c'est une séquence qui va typiquement paraître très dégradée.

Car le codec ne fait pas toujours dans la dentelle, et si la plupart du temps les parties de l'image qui sont dégradées ne nous sautent pas aux yeux (différentes nuances d'une même couleur sur une petite surface par exemple), dans d'autre cas, comme l'exemple évoqué plus haut, c'est beaucoup plus évident. C'est pour remédier à ces situations qu'Apple a déposé un nouveau brevet : l'idée consiste à recréer des détails là où ils ont été perdus, sans même avoir leur "recette". A la lecture, le décodeur va repérer les zones dégradées qui sont manifestes, et rajouter du "bruit" aléatoire sur la zone (des variations infimes de couleur pixel par pixel) afin d'estomper l'effet de "flou" qu'on retrouve typiquement sur ce genre d'images, et se faire moins sensible pour le spectateur.

La technique pourra être appliquée à partir d'un ordinateur, d'une Apple TV ou d'un iPhone, elle sera donc peu gourmande en calcul et devrait quelque peu améliorer le rendu des vidéos.
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