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Le Mac est-il en perte de vitesse ?

Christophe Laporte

jeudi 15 novembre 2012 à 18:40 • 357

AAPL

Longtemps, le Mac a résisté d’une part à la crise et d’autre part à l’émergence des terminaux iOS, contrairement au PC. Lors du special event consacré à l'iPad mini et aux nouveaux iMac, Tim Cook se félicitait que les ventes de Mac progressent depuis six ans plus vite que celles des PC.

Pour appuyer ses dires, il montrait les chiffres du deuxième trimestre où les ventes de Mac avaient bondi de 15 % alors que celles du PC n’avaient augmenté que de 2 %. Quelques jours plus tard, à l’occasion des résultats trimestriels, Apple dévoila une réalité qui était beaucoup moins rose. Au troisième trimestre, les ventes d’ordinateurs estampillés d’une pomme n’ont progressé que de 1 % avec 4,9 millions d’unités vendues.




Si Apple sauve la face en montrant encore un chiffre dans le vert, la plupart des indicateurs sont au rouge. Dans ses marchés de prédilection (États-Unis, Europe et Japon), les ventes de Mac sont dans le rouge. Les Apple Store qui ont souvent permis à Apple de gagner de nouveaux clients tournent au ralenti. Dans ses boutiques, les ventes de Mac n’ont progressé que de 1 %. Ce chiffre est un trompe-l’œil, en douze mois, Apple a eu le temps d’ouvrir plusieurs dizaines de magasins. La seule région où Apple s’en sort bien, c’est en Asie Pacifique où ses ventes ont progressé de 20 %.

On pourra toujours imputer une partie de ces résultats décevants à la crise, mais on rappellera que cela n’a pas empêché Apple d’écouler plus de 14 millions d’iPad. On pourra également imputer cela sur les ventes d’ordinateurs de bureau qui sont en baisse de 24 %, la faute à l’iMac qui n’a pas été mis à jour depuis plus d’un an. Mais là encore, on rappellera que cela fait des années que les ventes d’ordinateur de bureau sont minoritaires par rapport aux ventes de portables.



Ce qui est sans doute le plus inquiétant pour Apple, ce sont que les traditionnels ressorts n’ont pas eu l’effet escompté. En juin, Apple présentait à la fois un modèle majeur — le MacBook Pro Retina 15 pouces — et une mise à jour assez convaincante des MacBook Air. Cette révision en profondeur de la gamme n’a permis de faire progresser ses ventes de portable que de 9 %. Par contre, en revenus, grâce au prix de vente élevé du MacBook Pro Retina, Apple a enregistré une croissance de 17 % sur ce segment.

D’autre part, la sortie d’une nouvelle version d’un système d’exploitation a tendance habituellement à dynamiser les ventes d’ordinateurs. Mais ce ressort semble cassé. Sorti en juillet dernier, Mountain Lion n’a pas un effet catalyseur sur les ventes de Mac. Cela est probablement lié à la nouvelle politique d’Apple qui propose désormais chaque année des mises à jour d’OS X, des mises à jour plus fréquentes, fatalement moins spectaculaires et qui incitent moins à renouveler son matériel.



À la manière de l’iPod, le Mac est-il sur le déclin ? Il y a entre les deux appareils une différence de taille. Alors que l’iPod domine de la tête et des épaules le marché des baladeurs MP3, Apple ne figure toujours pas dans le classement des cinq principaux constructeurs d’ordinateurs au niveau mondial.

À y regarder de plus près, les maux de la gamme Mac sont nombreux et variés. Elle est sans doute en partie inadaptée aux besoins d’aujourd’hui. Concernant les ordinateurs de bureau, entre l’iMac, le Mac Pro et le Mac mini, il y a sans doute une machine de trop. Quand il est à jour, l’iMac est la seule machine dans ce segment à réaliser des volumes de vente importants. Le Mac mini et le Mac Pro vivent dans l’ombre de ce dernier.

Souvent louée par sa simplicité, la gamme Mac est de plus en plus complexe à déchiffrer. À ce jour, sur le segment des portables, il y a trois modèles 13 pouces (MacBook Air, MacBook Pro et MacBook Pro Retina) et deux modèles 15 pouces (MacBook Pro et MacBook Pro Retina). À terme, on imagine qu’Apple fera le ménage en se débarrassant des MacBook Pro, qui sont là en attendant que le prix de la mémoire Flash baisse durablement.



Elle n’est pas toujours cohérente non plus. Le MacBook Pro Retina 13’ en est l’illustration parfaite. Cette machine, vendue très cher (1749 €), peine à se différencier du MacBook Air 13’. Certes, elle possède un écran Retina, mais elle ne se distingue pas clairement sur le plan des performances du MacBook Air 13’ haut de gamme, lequel est vendu 200 € de moins et comporte deux fois plus d’espace de stockage.

Pour se distinguer, Apple a joué comme toujours la carte de l’innovation et celle du haut de gamme. C’est ce qu’elle a essayé de faire avec ses MacBook Pro Retina. Si le 15 pouces a fait un carton lors des premières semaines suivant sa commercialisation, le 13 pouces connait « un succès d’estime » dans les Apple Store. Autrement dit, tout le monde reconnait que c’est une belle machine, mais personne ne se précipite pour l’acheter.

Attendu depuis longtemps, ces MacBook Pro Retina, bien que séduisants sur le papier, ne sont pas parvenus à créer une rupture comme les MacBook Air 2010 (les premiers à adopter des barrettes SSD) avaient réussi à le faire. Certes, ces écrans Retina sont séduisants, mais cela n’a pas permis à Apple de vraiment faire la différence. Il n’y a pas eu le même engouement que lorsque l’iPad et l’iPhone ont adopté cette technologie.

Si les nouveaux MacBook Pro n’ont pas réussi à changer la donne, il n’est pas dit que les nouveaux iMac arrivent à faire beaucoup mieux. C’est indéniable, l’iMac est une superbe machine. Mais sans parler des problèmes de calendrier, Apple n’aura pas la partie facile.



Ces nouveaux modèles coûtent très cher : 1349 € pour le 21,5" entrée de gamme et 1879 € pour le 27". Des machines qui sont loin d’être données, et qui de surcroit ne sont même pas vendues avec un SSD par défaut.

Tout ceci pose une question simple : est-ce que les gens — qui plus est dans un contexte économique difficile — sont prêts à payer entre 1349 € et 2500 € (avec toutes les options) pour un ordinateur de bureau de nos jours alors que les tablettes et smartphones dernier cri ne coûtent que quelques centaines d’euros ? Apple joue clairement la carte du luxe, mais cette carte ne lui a pas toujours réussi. On pense au Cube, qui était à bien des égards une superbe machine, mais qui a été un flop retentissant commercialement.

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Cette carte pose un autre problème à Apple. Ces dernières années, le Mac a eu plusieurs solides moteurs de croissance assez différents. On pense entre autres à l’effet halo, au passage à Intel qui a permis de considérablement rapprocher le Mac du PC, à sa meilleure prise en charge de Windows au fil du temps avec Snow Leopard notamment (support d’Exchange), ou encore aux ratés de Microsoft (et plus particulièrement de Windows Vista). Tout ceci a permis à Apple de surfer sur la vague.

Or, si l’on en croit Tim Cook, le nouveau relais de croissance pour Apple, c’est l’Asie et plus particulièrement la Chine (lire : Tim Cook et la stratégie d'Apple). Apple peut-elle réussir sur ces marchés alors qu’elle a tendance à vendre certains de ses modèles (MacBook Pro, iMac) plus cher qu’à l’accoutumée ?

Paradoxalement, ce coup de mou pour le Mac intervient au moment où Microsoft vient tout juste de commercialiser Windows 8. Et les deux frères ennemis ont misé sur des stratégies radicalement différentes. Avec le Mac, Apple joue la carte du classicisme en proposant des « camions » qui restent bien distincts de ses terminaux iOS. De son côté, Microsoft et ses partenaires jouent la carte des modèles hybrides : mi-tablette, mi PC portable. Une approche qui déplait fortement à Tim Cook (lire : Le futur selon Microsoft (encore)) qui avait résumé cela de la façon suivante : « Je suppose qu'on pourrait concevoir une voiture qui vole et qui flotte, mais je ne suis pas sûr qu'elle ferait toutes ces choses correctement ».

C’est dans ce contexte assez particulier que la rumeur voulant qu’Apple adopte les processeurs ARM pour ses ordinateurs refait surface (lire : Mac : Apple envisagerait de quitter Intel). Cette rumeur revient de temps à autre, et n’est pas toujours prise au sérieux. Pourtant, c’est sans doute l’une des rares voies qui s’offrent à Apple si elle désire (vraiment) réinventer ses ordinateurs, prendre de nouvelles directions et lancer de nouveaux concepts.

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