Test du NAS Drobo 5N

Anthony Nelzin-Santos |

Figurez-vous que nous n’avons jamais testé de produits Drobo en bonne et due forme, alors que le spécialiste du stockage externe a longtemps ciblé la même clientèle qu’Apple. En attendant le 5C, un RAID USB-C présenté comme le parfait compagnon des nouveaux MacBook Pro, nous nous sommes « remis à niveau » avec le 5N, le NAS de Drobo.

Un NAS qui clignote dans tous les sens

La première impression compte, et la première impression dégagée par le Drobo 5N est positive. Loin des NAS façon PC premier prix, le 5N semble avoir été conçu avec soin et attention. Le capot frappé du logo Drobo cache les cinq baies recevant autant de disques. Il ne faut pas d’outil pour retirer le capot, maintenu par des aimants, il n’en faut pas non plus installer les disques, qui se glissent dans leur logement.

Une rangée de diodes horizontale indique le taux de remplissage du système complet, et une rangée de diodes verticale indique l’état de chaque disque. Lorsque le 5N se remplit, un voyant passe à l’orange (à 85 %) ou au rouge (à 95 %) pour signaler qu’un disque pourrait être remplacé par un modèle de plus grande capacité. Le clignotement vert et jaune signale une optimisation des données, tandis que le clignotement rouge signale la panne d’un disque.

En bas, les diodes bleues indiquent le taux de remplissage du système. À droite, les diodes indiquent létat de chaque disque : le disque du haut, de 500 Go seulement, pourrait être remplacé par un disque plus spacieux pour éviter la congestion.
En bas, les diodes bleues indiquent le taux de remplissage du système. À droite, les diodes indiquent l’état de chaque disque : le disque du haut, de 500 Go seulement, pourrait être remplacé par un disque plus spacieux pour éviter la congestion.

Ces diodes sont emblématiques, mais elles peuvent être atténuées, voire désactivées, si elles dérangent. Vous ne pourrez pas faire grand-chose contre le bruit généré par les disques et le ventilateur, comparable à celui des appareils Synology et Qnap « professionnels », mais supérieur à celui des NAS « domestiques » (env. 30 dB). Drobo permet de ralentir les disques en cas d’inactivité, mais pas de couper plus agressivement le refroidissement.

Ces réglages s’effectuent non pas au travers d’une interface web, mais par le biais d’une application, le Drobo Dashboard. Avantage, inconvénient ? C’est sans doute une affaire de gout : il est plus difficile d’administrer un 5N à distance, mais il est plus facile d’administrer plusieurs Drobo dans une même interface. Et quoiqu’elle ne soit pas véritablement native, l’application s’intègre convenablement à macOS.

La gestion des disques dans le Drobo Dashboard.
La gestion des disques dans le Drobo Dashboard.

Au-delà du RAID

Ainsi, elle est capable d’envoyer une notification en cas de problème avec l’un des cinq disques. Cette configuration n’est pas la plus courante dans le monde des NAS, où l’on passe souvent de quatre à six baies, mais forme le cœur de la gamme de Drobo. Elle autorise des modes RAID flexibles et sécurisés, comme le RAID 5 et le RAID 6, à ceci près que Drobo utilise son propre système RAID.

Une « alerte jaune » du Drobo Dashboard.
Une « alerte jaune » du Drobo Dashboard.

BeyondRAID, c’est son nom, s’accommode de disques de capacités différentes, encaisse un nouveau disque ou un échange sans broncher, et permet de passer à un fonctionnement de type RAID 5 (tolérance de la panne d’un disque) à un fonctionnement de type RAID 6 (tolérance de la panne de deux disques) d’un clic. Sa flexibilité vaut à Drobo la loyauté de nombreux clients, qui peuvent mettre à jour leur matériel sans changer de disques.

Mais son fonctionnement est parfois obscur : Drobo parle de « couche de virtualisation » placée « au-dessus d’un RAID traditionnel », qui « choisit l’algorithme de protection adapté selon la disponibilité des données », et peut ainsi « écrire des blocs de données alternant entre les différents niveaux de protection RAID. » Autrement dit, BeyondRAID fait sa soupe.

En cas de problème matériel, il n’est pas possible de récupérer les données sans acheter un nouveau Drobo, système propriétaire oblige. Plus régulièrement, la propension de BeyondRAID à réorganiser les données pour un oui ou pour un non ralentit les opérations, et empêche la manipulation des disques qu’il est censé faciliter.

Un coup d’accélérateur

Mais BeyondRAID n’est pas la seule raison d’acheter un 5N : le NAS à cinq baies de Drobo est en fait un NAS à six baies, la sixième pouvant accueillir un SSD au format mSATA. Il ne s’agit évidemment pas d’ajouter du stockage, ces barrettes n’offrant que quelques centaines de gigaoctets tout au plus, mais d’accélérer les transferts de fichiers. Drobo parle d’ailleurs… d’« accélérateur ».

Sans cet accélérateur, le 5N offre déjà de bonnes performances. Ou plutôt, il offre les performances que l’on attend d’un NAS de son rang, c’est-à-dire qu’il permet de saturer la connexion Ethernet Gigabit en lecture et de (presque) saturer les disques en écriture. On peut bien sûr regretter qu’il ne possède pas plusieurs ports Ethernet, que l’on pourrait agréger pour augmenter les débits avec des disques très rapides ou des SSD, et que BeyondRAID n’offre pas l’équivalent d’un RAID 0, qui permettrait de multiplier les performances.

La connexion Ethernet Gigabit est saturée en lecture (env. 115 Mo/s), tandis que les disques sont presque saturés en écriture (env. 66 Mo/s).
La connexion Ethernet Gigabit est saturée en lecture (env. 115 Mo/s), tandis que les disques sont presque saturés en écriture (env. 66 Mo/s).

Logiquement, l’accélérateur ne décuple pas les débits. Il permet certes de grappiller encore quelques Mo/s en écriture, mais là n’est pas son principal intérêt. Non, sa valeur réside surtout dans sa capacité à mettre en cache les fichiers les plus utilisés, et ainsi à « lisser » les débits lorsque l’on travaille directement sur le NAS. Cela vous fait penser au Fusion Drive ? L’accélérateur ne fonctionne pas exactement de la même manière, mais le principe de tiering est le même.

Laccélérateur permet de grappiller quelques Mo/s en écriture (env. 74 Mo/s), mais surtout de « lisser » les débits lors du travail sur le NAS.
L’accélérateur permet de grappiller quelques Mo/s en écriture (env. 74 Mo/s), mais surtout de « lisser » les débits lors du travail sur le NAS.

Son effet ne se fait pas forcément sentir lorsque l’on manipule de petits fichiers, mais lors d’un montage vidéo en 1080p60 par exemple, il fluidifie considérablement les opérations. L’addition d’un accélérateur n’est pas absolument nécessaire donc, mais permet d’encore améliorer le confort de travail. Et comme un SSD de 128 Go au format mSATA vaut moins de 70 €…

Un NAS sérieux

Face à ces bonnes performances, on en oublierait presque que le 5N est plus vieux encore que le Mac Pro, puisqu’il est commercialisé depuis décembre 2012. Drobo a fait des efforts pour le maintenir à la page, jusqu’à développer une application iOS pour y accéder à distance, et une autre pour y décharger ses photos et vidéos. Mais force est de constater qu’Asustor, Qnap, et surtout Synology font beaucoup mieux avec leurs apps dédiées aux différents types d’usages et de médias.

Et puis ce n’est pas au dos du 5N que vous trouverez un port HDMI, quelle étrange idée, ni même un simple port USB, allons soyons sérieux. Drobo cible les indépendants et les PME… mais fournit quand même un serveur DLNA/UPnP, Plex, et des utilitaires de téléchargement plus ou moins légal. De fait, le catalogue des « Drobo Apps » est assez fourni, contenant même la seule version de Crashplan installable sans une offrande aux divinités des volcans de Java.

Un extrait du catalogue des Drobo Apps.
Un extrait du catalogue des Drobo Apps.

Au total donc, le Drobo 5N apparait comme un bon compromis entre les boitiers quatre baies multimédia comme le Qnap TS–451 (env. 429 €) et les boitiers cinq ou six baies professionnels comme le Synology DS1515 (env. 650 €). Ce n’est certainement pas le NAS le plus avancé du marché, mais il offre de très bonnes performances, propose une sélection d’applications tout à fait honorable, et a fait preuve d’une robustesse à toute épreuve pendant nos tests.

à partir de 539 €

Achat recommandé

Les plus :

  • Installation sans outil
  • Excellentes performances
  • Interface d’administration sobre mais efficace

Les moins :

  • Mériterait un deuxième port Ethernet
  • Fonctionnement de BeyondRAID parfois obscur
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avatar Niarlatop | 

Hello,
Je pense avoir compris ce qui se passait en fait, j'ai du tester avec un mauvais câble justement en Ethernet, puisque qu'aujourd'hui ça fonctionne correctement, environ 90 Mo/s aussi avec le DS112 depuis mon PC + RJ45.

En fait, mon scénario d'utilisation type est MacBook en WiFi ac <-> NAS en Gigabit Ethernet.

Manque de pot, même en accrochant mon réseau WiFi entre 1000 et 1300 Mb/s d'après macOS, il ne s'agit que de la bande passante de la liaison entre portable et box, et non de la bande passante de transfert effective.
Je pensais naïvement que le WiFi ac à 1300 Mbps (avec l'équipement qu'il faut côté routeur et client) s'approcherait des performances de l'Ethernet Gigabit, hors lorsqu'on on atteint la moitié en débit réel on peut déjà s'estimer heureux.

J'ai mis du temps à comprendre ça puisque j'ai du régler des soucis de protocoles au début sous macOS, j'ai donc pensé que la gestion des couches réseaux était la cause de mes débits lents.

Merci de ton retour, je vais bien m'habituer aux vitesses de transfert moyennes en WiFi ;)

(J'imagine bien la surprise quand tu as branché les nouveaux câbles, ça a dû être ta fête ^^)

avatar pocketalex | 

Jusqu'ici j'étais en wifi N au boulot et à la maison

J'ai fait commander un routeur wifi AC3200, une espèce d'araignée bizarre qui fait peur aux salariés, et je suis passé de 150/300 Mbps sur mon laptop à 860 Mbps (j'aurais pas mieux, ces enfoirés d'Apple ont mis que 2 antennes) et je suis déja bien content, mais oui, le wifi malgré ce que certains en disent ici, c'est loin d'être comparable à un bon cable gigabit ^^

avatar Niarlatop | 

Du coup en théorique, 860 Mbps ça devrait permettre un peu plus de 100 Mo/s, mais le taux réel utilisable est environ la moitié (de 40 à 60% selon les cas).
Si tu obtiens plus de 50/60 Mo/s en tout cas fais moi signe ^^

De ce que j'en comprends pour avoir l'équivalent de l'Ethernet Gigabit en débit il faudrait du matos de classe AC5300 (routeur + carte WiFi de l'ordinateur capables d'établir un Link Rate de 2135 Mbps).

J'étais tout content avec mon WiFi ac, mais j'ai un peu surestimé ses capacités :p
(On va pas se plaindre effectivement, le WiFi n c'était encore pire)

Pour ton 860 Mbps, de toute façon même si mon 15" est compatible 1300 Mbps, la majorité du temps il tourne autour des 700/860 Mbps, donc si tu arrives à obtenir une vitesse de connexion similaire tu ne rates pas grand chose !

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