Saft 4.0/5.O

Vincent Absous |
Paradoxalement, mais la raison en est historique, de Windows et de Mac OS, celui qui met le plus en œuvre les fenêtres est assurément le second. Le système d'Apple est d'ailleurs toujours représenté en action avec une ou plusieurs fenêtres qui n'occupent généralement pas toute la surface de l'écran. Question de culture informatique, en quelque sorte. On reprochait d'ailleurs à iMovie, dans ses versions antérieures, de ne pas laisser à l'utilisateur le choix mais d'imposer toute l'occupation de cette même surface. Très rares sont alors les applications qui sont capables de faire du plein écran. Pourtant, dans certains cas, une telle possibilité peut être appréciable. Internet Explorer, sous Windows, permet par exemple d'afficher la page sur toute la surface, par le simple appui de la touche F11. La version Mac ne le permet pas. Safari, le navigateur en passe de s'imposer sur notre plate-forme ne le propose pas non plus. C'est là que Saft, un utilitaire de hao li, entre en jeu.



Il existe deux versions de Saft. Jusqu'à sa version 5.0, sortie il y a quelques jours, Saft était gratuit. D'ailleurs la version 4.0, la seule que peuvent utiliser ceux qui sont restés sous Jaguar, reste gratuite. La nouvelle version, la seule que peuvent installer les utilisateurs de Panther, lui est pourtant rigoureusement identique. Qu'un éditeur modifie le contrat de licence est fréquent. Pour autant, cela se fait généralement à l'occasion d'une véritable évolution du produit. Contestable donc.

Précisons également qu'il n'est pas possible d'essayer Saft 5.0. Il faut nécessairement payer le logiciel et attendre que hao li envoie par courriel, en pièce jointe, l'archive. À moins donc d'avoir eu l'occasion d'essayer la version 4 sous Jaguar, ou d'utiliser encore cette version du système d'Apple, il vaut mieux réfléchir à l'utilité qu'on aura du produit, ou lire ce labo et se laisser convaincre.



Saft nécessite une installation un peu particulière. Celle-ci s'effectue en deux temps. Il faut d'abord procéder à celle de SIMBL, un module qui permet de "hacker" une application. Un installateur s'occupe de tout et l'on n'a pas de crainte particulière à avoir : le système ne devient pas subitement plus instable et la désinstallation, le cas échéant, est très simple. Dans un deuxième temps, il faut glisser Saft.bundle dans le dossier plugins créé dans le répertoire SIMBL qui est apparu dans Application Support de la Bibliothèque (/Library/Application Support/SIMBL/Plugins). Il ne reste plus qu'à lancer Safari.

Le mode plein écran

Au premier abord, rien n'est modifié. Tout se passe dans le menu "Fichier" du turbo browser. En effet, deux nouveaux items, en anglais, sont venus le compléter : "Full Screen" et "Max Screen" ; pour chacun, un raccourci clavier est indiqué. "Max Screen" permet d'afficher la fenêtre Safari sur toute la surface du Bureau, entre le Dock (si celui-ci n'est pas masqué) et la Barre de menus (qui reste alors visible). Dans ce cas, la barre de titre du navigateur, avec ses trois boutons multicolores et le nom de la page en cours, reste visible. Ce n'est pas une option très intéressante, et ce n'est pas pour cela qu'on paie 10 $.



C'est évidemment l'option "Full Screen" qui nous intéresse. La choisir, depuis le menu ou par le truchement du raccourci Pomme+maj+F, fait disparaître Dock, Barre de menus, barre de titres, par défaut. Dans ce cas, quelle que soit la résolution de votre écran, la page web occupe l'intégralité de ce dernier. C'est assurément spectaculaire dans certains cas. Pour revenir au mode par défaut, il suffit d'appliquer la même combinaison de touches.

Pour paramétrer plus avant le comportement de Saft, il faut en passer par les Préférences de Safari. L'installation a en effet ajouté un nouveau panneau aux préférences du navigateur. Ce nouveau panneau se subdivise lui-même en quatre sous-parties : Shortcuts, Full screen, Tabs et Kiosk. Pour le moment, intéressons-nous au deuxième bouton.



Cinq cases à cocher permettent de définir le comportement de Saft en mode plein écran.
- La première option, "Auto hide/show full-screen windows" permet, si elle est choisie, de cacher automatiquement Safari lorsque l'on passe à une autre application. Si on décoche la case, Safari reste visible, en plein écran, l'autre application au premier plan.
- La deuxième option ("Auto show menu bar") permet, si elle est activée, de faire apparaître le Barre de menus du système, lorsque le curseur de la souris s'approche du sommet dans l'écran (dans ce cas, le Dock apparaît en même temps). Une option intéressante pour continuer à contrôler Safari ou pour prendre simplement connaissance de l'heure. En revanche, on regrettera qu'il n'y ait pas d'option similaire pour faire apparaître le Dock et l'utiliser. En effet, si le lanceur apparaît bien en même temps que la Barre des menus, on n'y accède pas puisque dès que le curseur a quitté le sommet de l'écran, Barre et Dock disparaissent. La solution consiste à effectuer l'habituel "Tab+Pomme" pour passer sur le Finder. Le Dock apparaît alors.
- La troisième option, "Enable full-screen at start", fera que le turbo browser pourra démarrer systématiquement en mode plein écran.
- "Enable Saft contextual menu", le quatrième item, valide le fonctionnement du menu contextuel auquel a pensé le développeur. En effet, dans ce mode plein écran, l'accès aux menus n'est pas facile (sauf si l'on a coché la deuxième case), ni évident. Un clic-droit partout sur la page et un menu contextuel "Saft" apparaît où l'on retrouve les éléments de la Barre de menus.
- La quatrième case à cocher permet de faire disparaître ou apparaître la Barre d'outils de Safari et la barre d'état.



Pour ce qui est des onglets, Saft permet d'affiner leurs réglages, même en mode normal, fenêtré. Le bouton Tabs offre une option générale ("Always open browser window in tab"). Si elle est activée, elle permet d'afficher toute nouvelle page, dans un onglet, même si le webmestre du site visité a prévu qu'un lien s'ouvre dans une nouvelle fenêtre. Une deuxième option, dépendante de la première, permet, elle, de préciser si l'on veut que celle-ci soit effective en mode plein écran ou en mode fenêtré. On a tout intérêt, de toute façon, à cocher la première case, car, sinon, les fenêtres viendront se superposer et, en mode plein écran, elles s'empileront parfaitement l'une sur l'autre, rendant alors la navigation entre elles particulièrement délicate (à moins d'utiliser le raccourci clavier Pomme+>).


Le mode Kiosque

Saft ne permet pas que de visualiser une page web sur tout l'écran. L'autre intérêt du logiciel réside dans sa capacité à verrouiller l'utilisation du Mac et à ne permettre que l'utilisation de Safari. C'est ce qu'on appelle le mode kiosque. Dans la pratique, le particulier n'aura pas vraiment recours à cette fonction qui intéresse au premier chef ceux qui sont amenés à laisser en libre service un Mac dans un endroit et ne veulent pas voir l'utilisateur occasionnel de la machine accéder à autre chose qu'à la seule consultation d'Internet. Attention, ce que propose Saft est très basique et s'avérera insuffisant dans de nombreux cas.



Si l'on veut afficher les préférences, et donc pouvoir désactiver le mode kiosque, il faut saisir son mot de passe utilisateur. Saft, ainsi paramétré, est censé empêcher qu'on accède au menu Pomme. Il est censé empêcher qu'on force Safari à quitter par le raccourci Pomme+alt+esc. Il est censé empêcher qu'on bascule d'une application à une autre en appuyant simultanément sur Tab et Pomme. Il est enfin censé empêcher l'utilisateur d'éteindre ou de mettre en veille le Mac.

Dans les faits, il n'a pas empêché grand chose, au moins sous Panther. En effet, une fois sur deux, le simple fait de glisser la souris vers le haut de l'écran faisait apparaître la Barre de menus. À partir de là, le menu Pomme reste étonnamment accessible, les Préférences Système aussi, et tout ce qu'il contient. Le Force Quit, la fermeture de session, l'extinction de l'ordinateur aussi... Il est toujours possible (par le Pomme+tab) d'accéder au Dock et donc au Finder et à tout le contenu du Mac. Reste que l'item "Quitter" a disparu du menu "Safari", que le raccourci Pomme+w n'entraîne pas la fermeture de la fenêtre (mais celle de l'onglet s'il y en a plusieurs), qu'il est désormais impossible de cacher l'application), etc.

On le voit donc, Saft ne peut pas véritablement rivaliser avec des applications dédiées à la protection d'un poste. Saft n'est pas wKiosk à l'évidence.

Les raccourcis

Saft propose une autre possibilité. Celle de définir des raccourcis vers ses sites préférés. Par défaut, un certain nombre de raccourcis sont déjà présents (vers VersionTracker, MacUpdate, Google, par exemple). On peut évidemment les supprimer, les modifier ou en ajouter d'autres. Ensuite, il suffit de saisir le raccourci ("mg" pour https://www.macg.co") pour atteindre le site.



On peut également utiliser les raccourcis pour autre chose. On repère un mot dans une page, on veut effectuer une recherche dessus. C'est alors que les raccourcis définis par défaut sont utiles. On sélectionne le mot. Un clic droit et la liste des raccourcis apparaît. On sélectionne Google et la recherche sur Google est lancée. On sélectionne VersionTracker ou MacUpdate et, cette fois, c'est dans la base de données de l'un ou l'autre site qu'on cherchera les entrées concernant le logiciel dont on a sélectionné le nom. Intéressant et assez pratique, à condition de penser à l'utiliser (les utilisateurs d'une souris à deux boutons auront peut-être plus facilement ce réflexe).

Conclusion

Nous voici parvenu au terme de cette prise en main de Saft. On l'aura compris, nous avons apprécié le logiciel. La question qui peut maintenant se poser est la suivante : vaut-il les 10 $ réclamés par l'auteur.

La réponse est double. 10 $, c'est peut-être déjà beaucoup. Le mode kiosque n'est pas vraiment complet et, surtout, il ne fonctionne pas très bien, au moins sur notre machine. Pour afficher en plein écran, une telle somme est un peu excessive. Admettons toutefois qu'on soit prêt à la payer. Reste que l'on comprend mal que les utilisateurs de Panther doivent se fendre eux de ces 10 $, alors que leurs comparses restés sous Jaguar utiliseront exactement le même logiciel pour 10 $ de moins. Certes, à l'avenir, on peut penser que seule la version payante évoluera, mais dans ce cas ce sont les utilisateurs de Mac OS X 10.2 qui seront lésés, et hao li aurait tout autant pu attendre alors que les deux versions de son produit soient suffisamment différentes pour faire payer.

Pour le reste, on peut surtout regretter qu'Apple ne propose pas le mode plein écran avec son Safari. Ce serait une fonction bienvenue dans de nombreux cas. Mais, peut-être suffit-il d'écrire à Cupertino pour faire bouger les choses.
avatar Anonyme (non vérifié) | 
"c’est clairement un utilitaire pour ceux qui aiment surfer en plein écran et pas un logiciel de sécurité pour les bornes internet comme wKiosk d’appMac.com" Salut appMac ! Comment ça va ? Toujours aussi subtile on dirait....

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