Mac OS X Lion : l'adieu au fichier

Arnaud de la Grandière |
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Apple avait déjà oblitéré la notion même de fichier sur iOS, elle poussera la logique encore plus loin avec Lion. Qui d'entre nous ne s'est jamais retrouvé rageant contre un funeste plantage, intervenu "inopinément" avant la moindre sauvegarde du travail en cours ? Et à l'inverse, qui n'a jamais regretté une sauvegarde malencontreuse, défigurant bien involontairement des heures de travail suite à une fausse manip' ?

Tout ceci, Apple promet d'en faire un mauvais souvenir avec Mac OS X Lion.

Jusqu'ici, c'était à l'utilisateur qu'il appartenait de "faire le ménage" : gérer ses fichiers, les sauvegarder, les classer, les répertorier, bref, du temps bien inutilement volé à la productivité en elle-même, et des tracas dont chacun se passerait volontiers. En l'absence de toute alternative, il fallait faire contre mauvaise fortune, bon cœur.

Avec Mac OS X 10.7, deux technologies relégueront ces pratiques au rang d'incongruités du passé : la sauvegarde automatique comme sur iOS, et Versions, un système qui permet de revenir en arrière sur les différentes étapes des modifications de votre fichier.

Avec la sauvegarde automatique, vous n'aurez plus à craindre d'éventuels plantages, coupures de courant et autres accidents : l'application s'ouvre dans l'état où vous l'avez laissée, rouvrant le fichier sur lequel vous étiez en train de travailler. Mieux encore, les fenêtres se repositionnent telles que vous les aviez placées avant de quitter l'application, et même la sélection en cours est ramenée dans le même état. Rien ne distingue l'état de l'application entre les deux moments.

Versions promet d'assouplir encore l'utilisation des logiciels : avec une présentation similaire à Time Machine, vous pouvez naviguer dans le temps, pour revenir à des versions précédentes de votre document. Si une version vous intéresse, vous pouvez faire défiler la fenêtre du document pour l'inspecter, et même faire un copier-coller d'une ancienne version à une nouvelle. Cette seule fonction promet de nouvelles manières de travailler et d'utiliser son Mac. Le travail devient temporel : ainsi il deviendra possible d'annoter un document au fur et à mesure de son édition, sans que rien ne paraisse au final, et un simple retour sur l'historique du fichier vous dévoilera ces notes.

En utilisation courante, vous pouvez basculer le fonctionnement de Version entre divers paramètres : bloquer l'état du fichier (pour ne pas sauvegarder automatiquement les modifications que vous pourriez ajouter), cloner le fichier (pour créer une copie de travail, ce qui permet incidemment de créer des fichiers de gabarit), et revenir à l'état du document tel qu'il était lorsque vous l'avez ouvert. Ne nous y méprenons pas : avec cette fonction, Apple retouche pour la première fois depuis les premiers pas du Macintosh en 1984 la sauvegarde de fichiers.

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Autant dire que ces fonctions auraient grandement bénéficié du support de ZFS, qui intègre précisément des fonctions de sauvegardes itératives et différentielles, entre autres. Malheureusement Apple a dû abandonner le projet de supporter ZFS dans Mac OS X pour une question de licence (lire ZFS : chronique d'un abandon). Reste qu'Apple aura fait sans, probablement au prix d'un peu plus d'espace utilisé sur le disque et de moins de souplesse, HFS+ ne pouvant soutenir la comparaison avec le ZFS.

Le Finder lui-même reflète cette "mise à plat" des fichiers : la présentation par défaut des fenêtres affiche désormais tous les fichiers présents sur le disque à égalité, sans indication hiérarchique ni dossier. À terme, on peut envisager que Launchpad prenne le pas sur le Finder pour devenir le mode d'accès par défaut, bien que l'accès direct aux fichiers demeurera indispensable pour encore quelque temps.

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Apple a d'ailleurs apporté un autre élément de réponse à cette question avec iCloud, qui synchronise vos appareils de manière transparente. Un même utilisateur n'aura donc plus à utiliser de clé USB ou à s'envoyer ses propres fichiers par email pour les faire passer d'une machine à l'autre, ce qui désincarne un peu plus le fichier. Reste le problème de la communication d'un ficher à une tierce personne. Là aussi Apple a voulu la simplifier avec AirDrop, qui permet d'échanger des fichiers avec les Mac avoisinants, sans configuration et sans même le moindre réseau Wi-Fi. Cependant, cette méthode redonne un semblant de consistance au fichier, alors que tout dans Lion pousse à l'utilisation comme sur iOS : les applications deviennent les points d'accès à leurs propres fichiers, par une présentation sous forme de bibliothèque.

Ce mode d'utilisation a connu quelques détracteurs, non sans raison eu égard à la manière dont, jusqu'ici, la gestion des fichiers de chaque application iOS était effectuée dans iTunes. Là aussi iCloud répond à ce problème, et offre une solution cohérente : le fichier n'existe plus. Ceux qui réclamaient un Finder dans iOS en seront pour leur frais : le concept en lui-même est devenu tout simplement caduc. Il restera cependant à proposer un moyen d'échanger des fichiers avec d'autres utilisateurs facilement à la manière d'AirDrop sur iOS.

Et il aura fallu bien des étapes pour en arriver à la disparition du fichier tel que nous l'avons toujours connu. Ces fonctions sont des héritières directes de Time Machine, mais également de Spotlight : c'est bien la recherche par méta-données qui est susceptible de rendre la navigation par fichier caduque à terme. La reconnaissance faciale intégrée aux photos permet de faire des recherches sur le contenu des images mêmes, sans avoir à se rappeler du nom et de l'emplacement du fichier jpeg. Diverses équipes travaillent actuellement à la reconnaissance d'objets génériques dans les images.



Mais Apple n'en est pas à son coup d'essai. En 1995, elle tenta de redéfinir les frontières entre fichiers et applications avec OpenDoc, qui permettait d'utiliser des fonctionnalités d'applications éparses au sein d'un seul et même document. Certes, il n'était pas à l'époque question de mettre fin au fichier, malgré tout Apple avait tenté une approche différente, qui s'avéra infructueuse, et à laquelle il fut mis fin peu après le retour de Steve Jobs chez Apple, à l'époque comme conseiller spécial de Gil Amelio.

Toujours est-il que pour les utilisateurs de Mac OS X, il y aura résolument un avant et un après Lion. À l'avenir, vous repenserez probablement à la façon dont vous gérez actuellement vos fichiers avec quelque amusement.
avatar BeePotato | 
@ PA5CAL : « Ceux dont les sauvegardes ont été perdues par TimeMachine doivent savoir de quoi je parle. » Ceux-là devraient se dépêcher de se renseigner sur la différence entre sauvegarde et archivage.
avatar BeePotato | 
@ ichris75 : « L'avenir est au remplacement des arborescences par les meta-données sur les objets. Pour que cela soit pratique il faut faciliter le taggage des objets. » Notons qu’une arborescence de dossiers [b]est[/b] un système de taggage permettant d’ajouter des méta-données aux fichiers. Avec l’avantage, par rapport à un système de tag à un seul niveau, de permettre une hiérarchisation des tags. En revanche, ce serait bien que les fonctions de recherche permettent d’exploiter ça à fond (en permettant de chercher tous les fichiers qui ont tel nom (donc tag) n’importe où dans leur chemin d’accès (ou plutôt leur[b]s[/b] chemin[b]s[/b], en raison des possibilités offertes par les alias et autres liens), et si possible en unifiant ça (au niveau présentation) avec la gestion des autres types de tags. Pas simple, mais intéressant si bien réalisé. Enfin, intéressant pour la poignée d’utilisateurs dans le monde qui se retrouveraient à utiliser vraiment un tel système… qu’on ne verra donc sans doute jamais. :)
avatar RickDeckard | 
@YannK 35°C dans l'Abri 13. Heureusement, il y a du Nuka-Cola pour se rafraichir.
avatar eden-eden | 
@ Elnorreip : merci pour ta réponse. Pour l'analogie avec la vie courant, je dirais que ça dépend de la vie courante des uns et des autres. Mais l'analogie avec le bureau n'est pas nouvelle en effet. Je dis juste que, quand on se pose à un poste de travail, on prend par exemple un stylo et une feuille, et on écrit, ou des pinceaux et une toile, et on peint, ou des ciseaux, du carton et de la colle, et on assemble... L'idée d'application est totalement artificielle, ou alors elle correspondrait au lieu où l'on vient travailler : l'atelier pour le peintre, le bureau pour l'écrivain, la salle de montage pour le cinéaste... et dans ce cas en effet, dans chacun de ces lieux se trouvent tous les outils nécessaires pour le travail recherché. Mais tout cela est en fait bien plus compliqué : c'est la virtualisation même de l'ordinateur qui rend les choses artificielles. "Évidemment !" diront certains. Comme un artiste me le faisait dernièrement remarquer, dessiner avec le doigt sur son iPad est plus une régression qu'un progrès : c'est la disparition de l'outil (le pinceau, le crayon, le couteau, etc.). Pour lui, dessiner avec les doigts, c'est amusant certes, mais c'est davantage une régression vers l'enfance plutôt qu'une avancée. Bref, on s'éloigne... Mais cette réflexion sur la place de l'ordinateur dans nos sociétés n'est pas inintéressante. Et on peut parier que la place de ces réflexions chez les ingénieurs qui concoctent nos OS et nos logiciels est loin d'être marginale, y compris quand il s'agit de faire "disparaître" les fichiers des yeux des utilisateurs. Cordialement.
avatar USB09 | 
@ RickDeckard : Au lieu de faire des importations, ne serait il pas préférable de faire un pdf (au format) ? Beaucoup plus class, je trouve.
avatar USB09 | 
@ eden-eden : Pas tout a fait tord. Mais vois tu le monde de l'informatique apartidnt a Windows et pour ramener des devs sur Mac, et bien faut les mettre en avant. Toute la démarche iOS, AppStore consiste a cela: mettre en avant les applications. C'est pas plus mal, on parle vraiment des Mac maintenant.
avatar PA5CAL | 
@BeePotato : que TimeMachine ait été compris comme de la sauvegarde ou de l'archivage, il n'en reste pas moins que la perte aléatoire des données n'est pas le comportement normal auxquels les utilisateurs s'attendaient en mettant ce système en route. Rendre la gestion automatique des informations totalement opaque et fermée n'est pas une bonne chose. Je peux citer également le cas d'iPhoto, qui a fait perdre à certains les clichés qu'ils avaient accumulés durant des mois ou des années.
avatar USB09 | 
@ PA5CAL : Iphoto n'est ni plus ni moins qu'un dossier avec une zolie iconeuh.
avatar BenUp | 
La pomme commence à pourrir... il est encore temps de quitter le verger. Cette simplification, n'est pas une évolution. Mais une régression, et empêche de plus en plus toute forme d'innovation. Apple contrôle tout de plus en plus, un peu comme les produits maison au supermarché qui remplace le choix. Le nouveau FinalCut est un bon exemple, et ce n'est qu'un début.
avatar Benlop | 
@ BenUp : Tiens, encore un qui n'a pas lu l'article.
avatar diegue | 
Depuis quelques temps MacGeneration nous fait part du nombre importants de managers de premier ordre quittant le navire pommé. C'est "évolutions" y sont peut-être pour quelque chose. On ne sait vraiment pas où Apple veut aller : certes nous vendre des applis mais au bout de la logique si le client en arrive à trouver le Mac trop limité, ils pourront toujours installer windows, première étape avant d'acheter un PC, par exemple l'un des Vaio beaucoup plus performants que les mac à isoprix
avatar pmphilipps | 
C'est sûrement une blague? On est en beta finale et personne n'a évoqué ça avant???? C'est bien plus important que toutes les branlettes cérébrales qu'on a lu jusqu'ici sur système! en tout cas ce me plait pas comme fonctionnement...

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