Jonathan Ive et Craig Federighi, suite de leur interview chez Businessweek
Ive et Federighi - BB
La retranscription complète de l'interview de Jonathan Ive et Craig Federighi a été publiée par Businessweek (lire aussi Cook, Ive et Federighi : "Quoi, nous, inquiets ?" & La simplicité, la tasse de thé de Jony Ive). Dans le premier article, Jonathan Ive parlait d'une collaboration insuffisante entre les équipes, c'était l'époque où Scott Forstall dirigeait la destinée d'iOS. Depuis un an, Craig Federighi a repris cette fonction, en plus de celle qu'il occupait pour OS X, tandis que Ive a reçu la charge des interfaces logicielles. Ive estime toutefois que les choses ont moins changé pour lui que pour Federighi, qui explique :
« Si vous regardez le rôle qui était le mien jusque-là, je dirigeais le développement d'OS X et de toute l'infrastructure commune aux fondations d'OS X et d'iOS. C'est-à-dire nos couches graphiques, le noyau de notre système d'exploitation, les éléments de base et ainsi de suite.
Avec mon équipe, nous étions déjà impliqués dans iOS à un certain niveau du système, et l'année dernière j'ai commencé à prendre en charge le reste. Ce n'était donc pas quelque chose qui m'était étranger, mais c'était un rôle nouveau et différent, auprès d'une équipe avec qui je travaillais déjà et avec des moyens différents.
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Les équipes du design industriel et de l'interface utilisateur ne travaillaient pas assez ensemble et c'est devenu une collaboration intensive, en compagnie de l'ingénierie. Ce sont des équipes qui ont eu des relations riches sur un plan créatif depuis longtemps, mais c'est devenu très fort lors de la réalisation d'iOS 7. »
Jonathan Ive insiste ensuite sur une qualité d'Apple à ses yeux, qui voient des gens, forts d'expertises très différentes, échanger leurs compétences autour d'un projet commun. Cela se traduisait notamment par des réunions régulières entre ses équipes et celles de Federighi pour montrer, évaluer et réfléchir aux nouvelles fonctions.
Interrogés sur des exemples concrets, Federighi et Ive mentionnent le cas de l'effet de parallaxe qui donne cette illusion de profondeur dans l'écran d'accueil d'iOS 7. Ive explique qu'il y avait la volonté de fabriquer une interface avec plusieurs niveaux de profondeur pour illustrer les couches d'information, mais sans recourir à des effets d'ombres et de lumières : « Mais ce fut un travail d'équipe phénoménal pour trouver l'idée permettant de donner ce sentiment de profondeur, avec des apports en graphisme et en animation, avec l'utilisation de capteurs matériels et d'algorithmes remarquables »
Federighi ajoute que l'idée de cette parallaxe s'est imposée dès le début comme une piste prometteuse, qui pouvait fonctionner, mais avec des problèmes à résoudre. Comme de faire en sorte que les capteurs matériels participent correctement à l'effet, ou de l'optimiser de manière à ce qu'il fonctionne visuellement mais sans tirer sur la batterie :
« Cela nécessitait de puiser dans beaucoup, beaucoup de disciplines et on a constamment travaillé ensemble, pour l'améliorer. On avait des designers en interface qui travaillaient avec des ingénieurs pour affiner d'interminables paramètres pour que ça marche correctement. Mais comme le dit Jony, c'est un exemple sympa parce qu'il est à l'avant-scène de l'expérience d'iOS 7. Mais vous pourriez regarder dans plein d'autres endroits du produit et voir que c'est quasiment la même histoire qui s'est déroulée ».
Ive résume cela à la mission qui est celle des gens d'Apple : « Je pense que notre travail consiste à résoudre des problèmes compliqués, difficiles, mais nous faisons en sorte que la complexité du problème ne soit pas visible dans la manière dont nous l'avons résolu. Je veux dire par là qu'il y a tellement d'exemples d'objets ou de solutions ou de logiciels qui règlent des problèmes difficiles, mais, mon dieu, où l'on voit vraiment comment ils s'y sont pris »
Ive évoque également sa collaboration avec Tim Cook qui remonte aux premiers jours de ce dernier chez Apple, lorsqu'il dirigeait les Opérations « L'intérêt pour le produit et pour l'innovation n'a pas d'équivalent dans cette équipe. Je me souviens, il y a plusieurs années, lorsque je travaillais avec Tim sur des produits portables qui nécessitaient une approche complètement différente [peut-être les premiers Unibody, ndr] dans la manière de travailler avec les matériaux que nous utilisions. Toute la chaîne de fabrication a dû être repensée, transformée. C'était tout autant un processus créatif qu'un autre. » Et un processus que l'équipe de Tim Cook n'avait pas remis en question dès lors qu'il était nécessaire à la réalisation du produit voulu.
- L'interview complète de Businessweek