Apple/Samsung : Google fait la moue

Arnaud de la Grandière |
Bien qu'Apple n'ait à ce jour intenté aucune procédure judiciaire à l'encontre de Google, il ne fait aucun doute que c'est Android qui se trouve au centre des procès qui l'opposent aux fabricants.

Et la récente victoire d'Apple face à Samsung est un message clair pour toute l'industrie : il va falloir changer de pratiques et faire preuve d'un peu plus d'originalité.

Si Google n'a pour l'heure pas pris fait et cause pour ses partenaires constructeurs en justice (un mail envoyé par Google, exhortant Samsung à procéder à des modifications pour moins ressembler à l'iPad, aura même contribué à sa condamnation, lire Justice : des documents compromettants pour Samsung), elle n'en est pas moins concernée de prime abord.

Dans une interview accordée à Bloomberg, David Lawee, Vice-Président de l'Expansion Commerciale chez Google, a déclaré qu'il considérait ce jugement comme une « douche froide ».



« J'espère qu'on a passé le plus difficile, dans la manière d'accorder de la valeur aux brevets, et que le monde "thermonucléaire" n'est pas celui dans lequel nous vivons ». Il fait ici référence aux termes attribués à Steve Jobs par son biographe Walter Isaacson (lire Steve Jobs : anecdotes et extraits de sa biographie). Autre référence à Apple, qui fait furieusement penser à un « élément de langage » tant elle a été reprise à l'envi depuis que Samsung en a fait part dans son communiqué (lire Apple : Samsung condamnée à verser 1 milliard de dollars et Samsung : « Il est insensé que nous nous battions pour des rectangles ») : « Nous ne pensions pas vraiment que les coins arrondis étaient brevetables ». Résumer le problème à de simples coins arrondis (qui font en l'occurrence, et avec d'autres critères plus discriminants, appel à un modèle déposé, tout comme la célèbre bouteille de Coca-Cola, et non pas à un brevet) est particulièrement réducteur et empreint de mauvaise foi.

Lawee espère également que Google prendra mieux la mesure de sa propriété intellectuelle à l'avenir. Il faut souligner que la position de la société a été à géométrie variable, puisqu'elle a tantôt décrié l'attitude d'Apple (en l'accusant de vouloir prévaloir sur le marché par la justice plutôt que par l'innovation, comme un vulgaire Patent Troll, lire Android et les brevets : une lettre ouverte de Google en forme d'écran de fumée), mais a tôt fait d'embrasser la même lorsqu'il était question de ses intérêts propres, en achetant à prix d'or des portefeuilles de brevets, refusant notamment de s'associer à Apple et Microsoft pour les partager (lire « Tous contre Android » : Google revient à la charge… Microsoft aussi).

Quoi qu'il en soit la pilule semble bien amère pour Google, qui prend acte de cette décision. Reste à voir si on en mesurera des conséquences au sein d'Android à l'avenir.

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