« Don't make me steal » : le manifeste des futurs ex-pirates

Anthony Nelzin-Santos |
« Don't make me steal » est le message de participants de la conférence Lift à l'industrie du film au sujet du piratage. Plutôt de se cacher derrière des prétextes plus ou moins fallacieux, les initiateurs de ce manifeste exposent clairement les raisons de leur mécontentement et proposent quelques pistes pour enrayer l'hémorragie.

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« Soyons francs, nous sommes en 2011 et l'on s'attend toujours à ce que nous allions à la boutique du coin pour louer un film. Bien sûr, nous pourrions utiliser iTunes. Mais quel cinéphile veut regarder un film doublé ? Il est si difficile et frustrant de se procurer un film en toute légalité. Voilà pourquoi les gens sont souvent tentés par la facilité. Torrent, Open Subtitles et boom, 30 minutes plus tard vous êtes comme au cinéma. » explique les organisateurs de cette initiative. « [Les fournisseurs de contenu] nous voient comme l'ennemi. Mais nous ne le sommes pas ! Nous aimons les films, et la plupart d'entre nous comprennent que les films ont un coût. »

Ce manifeste est simple : « je promets de ne plus jamais télécharger de films illégalement si une alternative légale respectant certains critères voit le jour ». Ces critères sont au nombre de cinq :

  • le prix : les locations ne devraient pas dépasser le tiers du prix d'un ticket de cinéma, les locations de séries TV ne devraient pas dépasser le tiers du prix des locations de films, l'achat d'un film ne devrait pas dépasser le prix d'un ticket de cinéma, tandis qu'un abonnement mensuel ne devrait pas dépasser le prix de 3 séances ;

  • la langue : on devrait pouvoir regarder le film dans toute langue dans laquelle il est disponible, et on devrait pouvoir changer de langue après l'achat (et créer des sous-titres le cas échéant) ;

  • les aspects pratiques : le contenu payé est immédiatement disponible, sans publicité, et est disponible à travers un moteur de recherche (année, réalisateur, langue, pays, genre, etc.) ;

  • le choix : la date de lancement est la même dans le monde entier, et l'on peut télécharger tout le catalogue sans restriction de pays ;

  • les droits d'accès : les films sont interopérables et dépourvus de tout DRM.



Un peu moins de 6.000 personnes ont à l'heure actuelle signé ce manifeste dont on doute qu'il soit entendu avant longtemps.
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avatar liocec | 
@ Armas : 100 % d'accord. Mais comment peut-on priver les majors des extras monumentaux qu'ils se prennent sans en affecter le petit business d'un artiste qui a bossé sans compter sur son disque ? Certes il faut que l'industrie s'adapte, mais la solution au piratage est très complexe.
avatar liocec | 
@ PA5CAL : Ok mais je n'autorise personne à me voler une "taxe copie privée" si je n'effectue aucune copie privée avec mon iPad, disque dur, etc... C'est trop facile, le seigneur (du chateau) dit : je prends ta femme et hop il en a le droit...on est plus au moyen-âge. !
avatar Abd Salam | 
@ Pa5cal, J'ai très bien compris la loi en question... Je comprends votre interprétation de la loi sur le racket légal relatif à la copie privée, pour ma part, vous l'avez compris, je n'en fais pas la même interprétation. De quel droit je payerais deux fois pour le même service ? je posséde le droit de consulter une oeuvre, que j'en fasse des copies pour les sauvegarder ou les visionner d'une manière ou d'une autre... je n'ai pas à payer pour ça, et ce conformément à la version initiale du Code de la Propriété intellectuelle. Je fais mon propre lobbying contre le lobbying des grosses "majors" qui ont réussi à faire valoir l'idée que l'on devait payer pour les copies privées. J'accepte le racket légal... à condition d'avoir un vrai service en échange de l'argent que je verse. Conclusion, à mon avis, la loi m'autorise à faire du téléchargement privé pour consultation privée, point final.
avatar Abd Salam | 
@ Pa5cal, Les "majors" ont réussi à détourner le principe du droit de "copie privée", qui est gratuit et ne nécessite aucune autorisation à l'origine... Bientôt, les "majors" arriveront à exiger que l'on paie aussi pour avoir le droit de citer une oeuvre... Et pourquoi ne pas faire payer aussi une taxe pour avoir le droit de conserver le support matériel de l'oeuvre ? faudrait pas s'arrêter en si bon chemin. Si on refuse de payer, on devrait effacer l'oeuvre et/ou détruire le support. Avec des idées pareilles, je suis sûr que les "majors" m'adoreraient...
avatar CorbeilleNews | 
La mondialisation ça doit être dans les 2 sens : sortie mondiale. Une solution : ne plus acheter de DVD ou de location ou achat par les plateformes tant qu'elles se moqueront de nous au niveau prix mais ce n'est par pour cela qu'il faut pirater. En plus ça ne leur laissera pas l'excuse de dire qu'ils perdent de l'argent au vu du nombre de téléchargements de leur navets que l'on aurait de toute façon pas acheté ...
avatar gloupsy | 
Ils ont bien raison, mais ils ont oublié de mettre leur 6e critère : L'industrie du film va nous écouter et mettre en place immédiatement ces mesures et nous croyons au père Noël.
avatar Abd Salam | 
@ Gloupsy, Les "majors" imposent pourtant bien des clauses abusives, et croire au père noel, ça leur réussit plutôt bien. Mais bon, c'est comme dans toutes négociations, celui qui arrivent à imposer ses choix, rends réel ou pas l'existence du "père noel".
avatar rom54 | 
"[Les fournisseurs de contenu] nous voient comme l'ennemi. Mais nous ne le sommes pas ! Nous aimons les films, et la plupart d'entre nous comprennent que les films ont un coût. " C'est une erreur totale. Les consommateurs téléchargeants sont bel et bien les ennemis mortels aux yeux des producteurs et distributeurs et leurs âmes damnées de législateurs. Pour ces gens la, à l 'inverse des réalisateurs, le débat ne porte pas sur la qualité du film. Ces gens sont dans une considération uniquement mercantile. La dimension artistique, culturelle, philosophique est étrangère a leur domaine de réflexion. La seule propriété d'un film a leurs yeux c'est le rapport investissement/bénéfices avec en ligne de mire une croissance continue du bénéfice. Le prix de vente d'un film n'est que limité par le risque d'être trop cher a l'achat qui conduit a un benefice nul, voire un deficit. Le cout de production réél n'est qu'une donnée minoritaire. Et les astuces pour augmenter le seuil de tolerance sont multiples: la VOD et l'insertion de publicite en etant deux bien tordues. Faut bien se rendre compte que la pub est payee par le consommateur, et non par l'annonceur, meme si c'est indirect. Dans le modele ideal des distributeurs, le film ideal serait celui qui rapporte a chaque visionage bien sur, mais qui rapporte aussi alors qu'on ne le regarde pas (cf taxe sur les supports de données). Avec en plus une contrainte de publicite qui est equivalente a une taxe par rapport a un impot, si on veut faire le parallèle. Donc, le pire ennemi de l'industrie du divertissement, c'est justement l'amateur de films, qui s'interresse à la dimension artisitique, culturelle,.. du film, celui qui aime aller en salle voir de "bon " film et qui va telecharger soit pour voir si le film est bon avant d'aller le voir sur grand ecran, histoire de ne pas se faire avoir par les teaser, et celui qui télécharge des films indisponibles a la vente (car alors il ne conssomme pas le produit de gavage prévu). L'ennemi du distributeur et du marketteu, c'est l'amateur, le connaisseur, l'individu autonome, celui qui choisi en conscience, apres reflexion et information. Pas le consommateur compulsif telecommandé par un plan com associant malbouffe, buzz et film predigéré. Meme si un amateur éclairé accepte de payer cher la qualité d'un film et un confort de visionage, il sera toujours l'epine dans le pied du producteur et du distributeur, car il ne sera pas le boulimique-vomisseur frénétique que recherche l'industrie du divertissement. Les critéres définis sont adéquates pour des amateurs, la démarche est rationnelle. Seulement elle s'oppose aux objectifs même de l'industrie... "le prix : les locations ne devraient pas dépasser le tiers du prix d'un ticket de cinéma, les locations de séries TV ne devraient pas dépasser le tiers du prix des locations de films, l'achat d'un film ne devrait pas dépasser le prix d'un ticket de cinéma, tandis qu'un abonnement mensuel ne devrait pas dépasser le prix de 3 séances ;" qu'importe la qualité de la salle, ce qu'on y vend c'est de la captivité, de l'alimentation et de la pub. Les benefices sont repartis dans la holding vers les filliale de maniére a avoir un coup d'exploitation constant et homogéne. Le prix de la location est fixée au plus proche de la limite de découragement au prix de la série tv il faut amputé la "taxe" publicitaire payéé lors de la diffusion TV. Ca peux representer plusieurs fois le prix d'un billet de ciné... meme chose pour un abonnement mensuel. Un fortfait ne peut etre moins rentable qu'un réachat multiple avec publicité "la langue : on devrait pouvoir regarder le film dans toute langue dans laquelle il est disponible, et on devrait pouvoir changer de langue après l'achat (et créer des sous-titres le cas échéant) ;" achat séparé pour chaque langue, sous titres payant dans chaque langue. "les aspects pratiques : le contenu payé est immédiatement disponible, sans publicité, et est disponible à travers un moteur de recherche (année, réalisateur, langue, pays, genre, etc.) ;" la taxe publicitaire doit etre reporté dans le cout On fait payer le "service" associé de distribution, l'objectif est de contraindre a consommer ce qui est le plus rentable et non favoriser une consommation de qualité. "le choix : la date de lancement est la même dans le monde entier, et l'on peut télécharger tout le catalogue sans restriction de pays ; les droits d'accès : les films sont interopérables et dépourvus de tout DRM." impossible a mettre en oeuvre, le prix de vente dépend du niveau de vie. Les pays riches vont pouvoir payer plus cher que les pays pauvres. Les consommateurs n'accepteraient jamais de payer plus cher s'ils n'avaient des avantages finement marketté. Un film sur support numérique est le meme, a New York qu'a Cotonou! Et on parle meme pas des disparités phénoménales entre états d'europe... interopérable: on ne pourrait pas refaire payer tous les 2 ans en apportant un changement minime technologique justifiant un réachat! Regardez l'escroquerie de la HD et de la 3D... Le summum de l'ignominie pour l'industrie du divertissement serait l'idéal du développement artistique et culturel: la licence globale!
avatar PA5CAL | 
@ Abd Salam : le droit de consultation d'une œuvre n'est pas universel. Il s'entend sous des conditions fixées expressément par les ayants droits. S’acquitter d'une licence ne donne pas automatiquement droit à ce qui ne sont pas prévus dans cette licence, tant sur l’œuvre que sur les conditions de reproduction et de représentation. La loi fixe avant tout par principe que l'accès à l'œuvre doit donner lieu à rémunération. La copie privée n'est qu'une exception, et ne s'applique que dans des cas très restreints. Par ailleurs, la taxe pour la copie privée est avant tout une ... taxe ! c'est-à-dire un moyen de financement, en l’occurrence pour compenser le manque à gagner généré par les copies privées autorisées, dont le volume est évalué par des organismes spécialisés. Elle ne représente en aucun cas l'acquittement d'un droit d'accès aux œuvres. Donc, à défaut d'un accord de licence formel avec les ayants droits, le «téléchargement privé pour consultation privée» est de la contrefaçon caractérisée. Et on ne paye pas deux fois pour le même service, car par défaut il est bien prévu qu'on paye deux fois si l'on accède deux fois à la même œuvre. Enfin, la loi n'a pas été détournée, mais au contraire elle a été taillée sur-mesure pour le commerce audiovisuel, et ce depuis l'origine. Même si c'est effectivement du racket, il a été organisé par le législateur, et on est censé s'y soumettre. Les interprétations exotiques personnelles de la loi n'y changent rien. Je précise qu'il s'agit là d'une explication, pas d'une justification ni d'une apologie. Pour ma part je trouve ce système particulièrement injuste.
avatar Abd Salam | 
@ Pa5cal, La taxe pour copie privée est employée (et augmentée) pour compenser les pertes réelles ET imaginaires causées par le "piratage". Si je ne pirate pas, et que je dois payer cette taxe malgré tout, alors, je télécharge. D'où mon interprétation de la loi : taxe pour copie privé = le téléchargement illégal n'existe pas.
avatar Abd Salam | 
adenda : Ce sont "les interprétations exotiques" de la loi qui font évoluer la jurisprudence...
avatar apple78310 | 
dans mon cinéma de quartier, la place est a environ 3/4€ pour un film qui sort directement. Je trouve pas ça trop cher
avatar PA5CAL | 
@ Abd Salam : « [i]Si je ne pirate pas, et que je dois payer cette taxe malgré tout, alors, je télécharge. D'où mon interprétation de la loi : taxe pour copie privé = le téléchargement illégal n'existe pas.[/i] » Tu ne sembles pas avoir compris le principe des taxes. Tu les payes parce qu'elles sont obligatoires, et le fait de les payer ne te donne absolument aucun droit. De la même manière, ce n'est pas parce que tes taxes locales payent le nettoyage des voies que tu as le droit de décharger des immondices dans la rue, et ce n'est pas non plus parce qu'une partie de tes impôts servent à subventionner les musées et les théatres que tu as droit d'y entrer sans payer. Concernant la taxe pour copie privée, l'argument du piratage n'a jamais été avancé que manière orale et officieuse, pour la simple raison qu'il n'a aucune justification légale. L'argument officiel, c'est seulement la copie privée telle que définie par la loi (d'où l'appellation de cette taxe). En d'autres termes, tu payes cette taxe pour compenser le fait que tu peux, très légalement, copier le contenu du CD [i]que tu as acheté[/i] sur ton baladeur MP3, en faire une copie sur CD réinscriptible pour tes enfants, ou encore enregistrer un film qui passe à la télé ([i]dont tu as payé la redevance[/i]) sur un DVD pour ton usage personnel. Bref, tu as payé l'original, et la taxe sert à payer pour les copies légales, dont le nombres est déterminé statistiquement. ...
avatar PA5CAL | 
... Même si de ton point de vue le téléchargement d'une musique sur Internet te semble légitime, d'une part il est totalement illégal, et d'autre part il ne donne pas lieu à une compensation pour les ayants droits puisqu'aucun indicateur ne permet de le comptabiliser. Le fait que la base de compensation de la copie privée te paraisse surévaluée est une autre affaire, même si tu n'as pas tort. Par ailleurs, on se faisait déjà saigner par les majors. Mais c'est justement parce que des gens comme toi clamment haut et fort qu'ils trouvent légitime de pirater que nos politiques et leurs copains ont pu trouver prétexte pour augmenter le racket dont nous sommes victimes. Si on avait continué à pirater en toute discrétion, sans en faire la publicité (on passe les K7 et les CD copiées sous le manteau depuis des décennies), on n'en serait pas arrivé aujourd'hui à payer pour ce qu'au fond on ne consomme pas. On n'en serait pas non plus sur le point de voir Internet placé sous surveillance généralisée.
avatar jesfr | 
@ali baba N'importe quoi, en 1960 l tous le monde n'avais pas de voiture de téléphone etc... Mais la nourriture coutais un rein,pas comme aujourd'hui, il passais une grande part de leurs budget dans la bouffe, aujourd'hui c'est loin d'être le cas, sans être un poste de budget négligeables, c'est pas non plus le plus cher,
avatar Dark Phantom | 
@ PA5CAL : Tu as raison, mais malgré le téléchargement illégal, je vois encore Madonna et lady gaga se trémousser dans leurs milliards et des bons artistes crever la faim. Les taxes ne compenseront jamais rien. Par contre, elles révèlent juste l'injustice des puissants envers la classe moyenne honnête qui accepte de se saigner d' impôts pour consommer les produits d' une illusoire richesse et d' un faux conforts. Les commentaires ici sont ceux de geeks éclairés. Une toute petite frange de la population, malheureusement
avatar Abd Salam | 
@ Pa5cal, Tu es en effet libre d'interpréter le plus librement possible ma démarche ; je n'en disconviens pas. Mais je vais tout de même répéter mon point de vue : Je me permets de répéter donc la loi sur la copie privée est dévoyée, elle sert à compenser le piratage. Et on augmente le nombre de produit soumis à cette taxe, c'est pour faire plaisir au lobby des "majors". J'ai bien compris toutes tes explications... as-tu bien compris les miennes ? Je n'ai jamais dit qu'il était légal de pirater, au contraire, je condamne le piratage ! j'ai dit que le piratage n'existe pas à partir du moment où on paie une taxe pour télécharger. En résumé, je choisis de comprendre que la taxe pour copie privée est une autorisation à télécharger tout ce que je veux. Je ne pirate pas, je prends ce que je paie. Suis-je plus clair ? On m'oblige à payer, donc je suis obligé de télécharger. Voilà mon interprétation de la loi. N'inversons pas les causes et les effets, dans mon cas personnel, c'est parcequ'on me taxe que je télécharge. La taxe pour copie privée n'est pas seulement sur évaluée, elle est également calculé en fonction du piratage... Si les "majors" ne veulent pas être les dindons de la farce du piratage, moi je ne veux pas non plus être le dindon de la farce du piratage, ni le dindon de la farce de la mauvaise volonté des "majors". Donc, je décréte que moi aussi, je peux faire preuve de mauvaise volonté... Libre à toi d'interpréter ma démarche comme tu le souhaites, ça ne me dérange nullement.
avatar gator | 
A lire attentivement, pour tous ceux qui trouvent que "c'est trop cher" : http://www.ecrans.fr/Deezer-Spotify-YouTube-et-les,12002.html

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