Rogue Amoeba : nouveau fiasco sur l'App Store

Arnaud de la Grandière |
Une voix de plus s'élève contre le système de validation de l'App Store, mais il s'agit cette fois d'un cas assez surprenant.

Rogue Amoeba, l'éditeur bien connu des utilisateurs Mac pour ses logiciels dédiés au son, a en effet connu un revers étonnant : en juillet dernier, l'équipe soumet une mise à jour d'Airfoil Speakers Touch à la validation d'Apple. Le logiciel permet de streamer le son de n'importe quelle application depuis votre Mac ou votre PC vers votre iPhone ou votre iPod touch, à l'aide du logiciel Airfoil du côté de l'ordinateur. La nouvelle version ne contient aucune nouveauté, si ce n'est une correction de bug. Pourtant, celle-ci est refusée par Apple, car elle fait apparaître l'icône correspondant au modèle de Mac qui émet le son, ainsi que l'icône de l'application dont provient le son. Cette fonction irait à l'encontre d'une des clauses de l'App Store, qui exige que les applications n'utilisent aucun des visuels appartenant à Apple.

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L'équipe de Rogue Amoeba est quelque peu perplexe : non seulement Airfoil Speakers Touch ne contient aucun de ces visuels (qui sont simplement fournis par Mac OS X, à l'aide d'une commande conçue dans ce sens même par Apple), mais mieux encore, la première version d'Airfoil Speakers Touch offrait la même fonctionnalité et n'avait posé aucun souci à la validation. Estimant qu'il s'agit d'un malentendu, l'équipe soumet à nouveau la mise à jour, sans la moindre modification. Quatre semaines plus tard, le 31 août, l'application se voit refusée une nouvelle fois.

Rogue Amoeba décide de prendre le taureau par les cornes et envoie un mail à Apple, expliquant la situation. Le 2 septembre, on leur demande de soumettre l'application une nouvelle fois, ce qui est fait. Le 12 septembre, un mail les informe que le processus prend plus de temps que prévu, sans plus de détails, puis une nouvelle fois le 22 septembre après que Rogue Amoeba se soit enquis de nouvelles. Le 5 octobre, un employé d'Apple les contacte par téléphone pour leur expliquer que malgré leurs éclaircissements, Apple ne souhaitait pas distribuer cette mise à jour, qui se verrait donc refusée une nouvelle fois. Le même jour, un autre employé d'Apple les appelle : il est fan du travail de Rogue Amoeba, et veut faire tout son possible pour débloquer la situation. Malheureusement, il rappelle mi-octobre pour leur faire part de son échec : la fonctionnalité doit disparaître.

La mort dans l'âme, les développeurs obtempèrent, en lieu et place apparaît donc ce visuel :
skitched

Celui-ci pointe vers cette page pour expliquer la situation. La mise à jour sera finalement publiée trois mois et demi après la soumission initiale.

Rogue Amoeba fait un constat bien amer : au lieu de valider cette mise à jour, Apple a laissé l'ancienne version, avec la même fonctionnalité d'affichage, mais avec un bug en plus, trois mois et demi durant. Pour l'éditeur, l'App Store est tout bonnement dysfonctionnel. En conséquence, l'équipe a décidé de se recentrer sur le développement pour Mac, tout au plus mettront-ils à jour les logiciels existant sur l'App Store.

Il s'agit là d'un vrai gâchis : non seulement l'application ne violait effectivement pas la propriété intellectuelle d'Apple puisque c'est son propre OS qui fournit les visuels, mais en plus Rogue Amoeba n'a fait que se comporter de la manière recommandée par Apple depuis des années, avec une approche très "Mac" : la fonction était propre, informative, et joliment réalisée. On peut concevoir qu'Apple tienne à ce que des similitudes graphique n'induisent pas de confusion pour l'utilisateur, mais encore faudrait-il ne pas jeter bébé avec l'eau du bain.
avatar cloudy | 

(suite et fin)

- Le dernier point risque de ne pas tenir bien longtemps aux USA au moins vu la position de la FCC exprimée dernièrement. Je pense que de toute façon Apple étant le seul acteur à jouer le jeu correctement car pouvant maitrisé la plateforme, cela n'a aucun intérêt puisque Apple subira les même déboires que les autres qui font tourner leur téléphone sur le même réseaux. Le risque était jusque là de se froisser avec les opérateurs dont Apple avait au moins pendant un temps besoin. Maintenant ce qu'Apple décide il l'encaisseront mais n'auront plus trop le choix. En plus c'est eux qui sont responsable de la qualité de leur service vis à vis de leur client. Donc il va leur falloir investir massivement tout en subissant une baisse du trafic voix et en ne réussissant pas à mener leur stratégie fournisseur de service à bien à cause de Google je penses. Leur métier a beaucoup perdu de sa capacité à produire de la valeur ajoutée avec l'apparition du net. Hier sur les fixes aujourd'hui sur les mobiles.

avatar françois bayrou | 

La différence entre le bon lutin et le mauvais lutin ?
le mauvais lutin ... il REJETTE l'application. Ah ca pour rejetter il rejette ! un vrai bourrin ! y cherche pas à comprendre !
Tandis que le bon lutin, il rejeeeEEEEEeeette l'application. C'est pas pareil !

avatar SolMJ | 

Consternant... :(

J'ai l'impression que plus la pomme grossit, plus elle devient véreuse...

avatar Almux | 

Combien de directeurs, sous-directeurs, commissions et sous-commissions filtrent, interprètent, vérifient, adjugent, jaugent, transmettent, délèguent et traitent le moindre bidule?
Je pense qu'Apple, habitué aux optimisations, pourrait gentiment améliorer son système de validation, là!

avatar DarkMoineau | 

Y a effectivement un dysfonctionnement du côté d'Apple là.

avatar Atchoum | 

@Almux : c'est vrai quoi : Steve Jobs devrait être le seul habilité à tout valider! ;-)

Plus sérieusement : l'ITunes machine est une machine à Cash qui verrouille toute initiative. Il serait temps que nos institutions demandent l'ouverture des protocoles de communication entre téléphones/ordinateur pour permettre des alternatives à ce store qui enrichit Apple mais qui appauvrit les alternatives.

avatar GillesB | 

Phénomène classique lorsque l'on construit une organisation en basant tout sur des règles et non sur l'intelligence des gens en charge de répondre. On aboutit a deux choses:

1) des décisions idiotes car toute règle est forcément "interprétée"
2) une absence de sentiment de responsabilité (voir l'expérience de Milgram).

avatar ligouane | 

L'AppStore n'est qu'un magasin, en ligne, certes, mais ça n'est qu'un magasin.

avatar bluheim | 

Consternant, c'est le mot !

Le cas de Rogue Amoeba va malheureusement créer un précédent, puisque dorénavant tous les logiciels qui font appel à Quicklook pour récupérer l'icône d'un fichier, application, ordinateur, se verront refuser par l'App Store. Ce qui est, comme le signale l'article, inexplicable puisque le méthode qui permet de récupérer l'aperçu QuickLook de n'importe quel fichier de l'OS est publiquement disponible et documentée dans les API de développement. En d'autre termes, plus aucun développeur ne peut prendre le risque d'utiliser cette méthode puisqu'il s'expose alors au risque de voir son appli refusée.

Après les applis refusées pour cause d'utilisation de méthodes privées, voici venu le temps des applis refusées pour cause d'utilisation de méthodes publiques.

Que ceux qui croient encore qu'Apple n'est pas devenu le nouveau Microsoft se jettent par une fenêtre.

avatar bluheim | 

@ligouane :

Non, tu te trompes. L'App Store n'est pas qu'un magasin. C'est LE magasin.

Sur iPhone, il n'y a pas d'alternative. Vivement que l'Europe mette son nez là-dedans. Et avant que les fanboys viennent hurler, qu'ils se rappellent que si Microsoft obligeait les acheteurs de PC à acheter leurs logiciels sur un magasin en ligne qu'il contrôleraient absolument, tout le monde serait d'accord pour dire que c'est scandaleux et anti-concurrentiel.

L'iPhone explose au niveau des vente, devient quasiment un standard de fait. C'est très bien, Apple a fait du bon travail et c'est la juste récompense. Mais ils doivent aussi s'adapter aux effets secondaires d'un tel succès : en devenant un standard de fait, en plaçant de plus en plus Apple en position dominante, l'iPhone va les forcer à devoir jouer avec les mêmes règles du jeu que Microsoft dans le monde des OS. Il est temps qu'ils arrêtent leurs pratiques anti-concurrentielles qui pénalisent tout le monde à part eux.

avatar sams | 

@GillesB +1

sauf que Apple ne donne pas la vraie raison de ce qui s'apparente pour l'avenir à un refus catégorique de cette appli.
Quand je pense que je n'aurais probablement pas acheté une AirportExpress si l'excellent soft airfoil n'existait pas.

avatar yougou | 

Le filtrage est vraiment incompréhensible..(bon pardon je parle de mon cas .c'est pas pour la pub,.)
Surprise sur itunes musique ,après acceptation du dossier de mes disques,quand je vois un titre d'un des albums qui s'intitule à l'origine: "culcul prisu" remplacé par : "c*c*prisu" !!
Mais qui fait ça?

avatar sams | 

Essaye fionfion prisu ça devrait passer.
Ah les robots ...

avatar FIvan | 

incompréhensible et déconcertant.......

avatar Yohmi | 

À côté de ça, le titre Sexy Bitch est censuré, mais la pochette qui apparaît juste à côté écrit Sexy Bitch en non-censuré et en plus gros. Ce type de censure ne sert vraiment à rien… mais vraiment.

Et le processus de validation des applications de l’AppStore commence à me courir sur le haricot… on va vraiment de mauvaise surprise en mauvaise surprise, des investissements moraux et financiers pour rien, c’est aberrant. Y’a des refus discutables mais pas choquants, mais là en ce moment c’est le festival du n’importe quoi, avec l’affaire des caricatures, et celle-ci, entre autres, on touche le fond d’une politique mal menée.

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