Interview : Leopard vu par Delicious Monster

Florian Innocente |
Avec l'arrivée de Mac OS X 10.5, nous avons interrogé plusieurs développeurs (*) qui utilisent ce système depuis plusieurs mois : en quoi va-t-il transformer leurs applications et quels en seront les bénéfices ou les contraintes pour l'utilisateur ? William Jon Shipley, fondateur de Delicious Monster et co-développeur de Library (un utilitaire de cataloguage pour bibliophiles et autres DVDvores) donne son point de vue.

Interview précédentes : (*) Tri-Edre - Rogue Amoeba - app4mac - Objective Decision - Elgato


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Au vu du type d'applications que vous réalisez, en quoi Leopard apporte-t-il un changement ?

WJS : La version 2 de Library est complètement dépendante des nouvelles possibilités offertes par Leopard. Tout au long du logiciel nous utilisons Core Animation pour donner aux éléments graphiques un aspect plus riche et pour mettre de l'animation dans des opérations qui étaient statiques. Apple a aussi amélioré Core Data grâce auquel on dispose maintenant d'une véritable base de données (au lieu d'un simple fichier XML). On peut dès lors stocker beaucoup plus de données sans ralentissements pendant les phases de lectures et d'enregistrements. On tire aussi profit des nouvelles commandes de capture vidéo de QuickTime, celles de la synthèse vocale, des dernières possibilités d'AppleScript et tout a été réécrit en Objective-C 2.0. On pourrait citer encore beaucoup d'exemples comme ça. D'ailleurs nous avons encore gagné un Apple Design Awards (ndr : remis à quelques développeurs pendant leur conférence annuel et récompensant leur travail) pour l'usage que nous faisions des technologies de Leopard dans Library 2… On peut raisonnablement affirmer que Library 2 ne pourrait pas exister dans sa forme actuelle sans Leopard.


Comment ces changements vont-ils se traduire côté utilisateur ?

WJS : Il va se retrouver face à une application globalement plus fluide, à ce titre la conséquence de l'arrivée de toute nouvelle technologie devrait être d'accompagner l'utilisateur dans un mouvement régulier. Car lorsqu'une application s'arrête pendant un défilement par exemple ou que des animations se mettent à saccader, on est brutalement sorti de cette sorte d'état de béatitude et l'application devient tout de suite moins fun à utiliser.

Est-ce que vous avez des regrets vis à vis de ce qui a été fait dans Leopard ?

WJS : Je suis déçu qu'Apple ne nous ait pas fourni une solution simple pour intégrer Core Data et Spotlight, deux technologies apparues avec Tiger mais qui ne sont toujours pas réconciliées. L'association des deux au sein d'une application implique encore des opérations fastidieuses. Je suis aussi furieux qu'Apple ait écrit (à destination de la fonction QuickLook) un module pour aller récupérer les images des albums dans iTunes et qu'elle le réserve à son seul usage. Les développeurs ne peuvent pas s'en servir. En dépit du fait qu'il s'agisse d'une des formes d'intégration les plus courantes avec iTunes et que, sans ce module, l'opération est assez compliquée à réaliser.


Cette version 10.5 est pour vous plus importante que les précédentes ?

WJS : Oui absolument. Lorsque nous avons vu les possibilités offertes par le 10.5 nous avons décidé de retarder d'un an la sortie de notre produit. On ne voulait pas sortir un logiciel qui, sur Leopard, aurait eu immédiatement une allure totalement dépassée.


Pourquoi avez-vous décidé de sortir Library 2 uniquement pour Leopard ?

WJS : On ne peut pas maintenir en service deux versions de notre application. Et les technologies que nous utilisons avec Leopard n'existent pas dans Tiger. Si les utilisateurs ne veulent pas mettre à jour leur système vers Leopard, je suppose que de la même manière il resteront également sur Library 1.


Cette fois en tant qu'utilisateur vous-même de Leopard, qu'est-ce qui vous plaît le plus dans ce nouvel OS ?

WJS : Depuis un an que j'utilise les pré-versions de Leopard j'en arrive presque à ne plus me rappeler comment fonctionnait Tiger. Leopard a été nettement plus paufiné. La partie réseau par exemple est beaucoup plus claire. Sinon il y a une fonction que j'utilise à fond dans Leopard c'est le partage d'écran dans le Finder.

instantsharing


Je suis tout le temps en train de me connecter à mes serveurs et de prendre le contrôle de leur écran depuis le café où je travaille (ndr : l'équipe de Delicious Monster a établi son QG dans un Internet Café près de Seattle). Ca me permet de vérifier très facilement que tout fonctionne normalement. C'est vraiment une fonction géniale.

shipley


avatar moochamerth | 
@Kerala: www.apple.com/fr/macosx/features/finder.html Voir 'Connexions rapprochées.'
avatar Pyby | 
Le partage d'écran permet de contrôler la souris et le clavier d'un autre mac par un simple clique et une authentification. Avant, c'était possible mais il fallait acheter Apple Remote Desktop( 299€, 10 clients, 499€ illimité) pour contrôler un autre Mac. Avec Léopard, on peut le faire simplement et directement dans le Finder. Apple Remote Desktop existe toujours et à beaucoup plus de fonctionnalité, mais il est plutôt destiné à des administrateurs réseau.
avatar kubernan | 
A la première question posée, c'est le seul interviewé qui donne une réponse concrète sans réciter les pages d'Apple. Bravo.
avatar ola* | 
Pas besoin de Remote Desktop pour piloter un mac sous Tiger, il suffit d'un client VNC.
avatar naas | 
Au risque d'insister, j'attends avec une impatience à peine dissimulée qu'ils nous pondent une version embarquée sur l'iphone/itouch. vous ne pourriez pas leur demander si c'est dans l'ordre de leur priorité ou pas , je sais qu'ils sont très impatient de faire des jeux dessus, mais ont ils pensé seulement à développer une syncrho avec l'iphone/itouch via coverflow ?
avatar thierry93 | 
On ne peut pas réellement comparer VNC et apple remote. Il y a une différence de taille. VNC est multi-plateforme c'est sa force et sa faiblesse. Sa force, car l'on peut commander un mac àpartir d'un mac, du windows, d'un linux etc... Sa faiblesse car pour être multiplateforme, il transmet des images bitmap des écrans... Génial les performances réseaux et fluidité :( Apple Remote,comme le bureau distant windows, transmet des appels aux APIs de l'OS. C'est bien moins gourmand en bande passant et bien plus réactif. Je suis tres heureux en réalité que léopard intègre cette fonctionnalité car VNC me semble souvent trop lent par internet.En réseau interne aucun problème mais en ADSL de province je dirais cela me semble trop lent. Cela donne deux produits complémentaires : - VNC quand on doit échanger avec une personne qui n'a pas la chance d'être sur MAC - Solution Apple de Mac à MAc De plus, la sécurité de l'échange VNC était à un époque assez moyenne. je ne sais pas ce qu'il en est actuellement.
avatar ola* | 
Apple Remote Desktop est basé sur VNC depuis la version 2, c'est la raison pour laquelle je dis que tu peux utiliser un client VNC pour te connecter en remote sur un mac sur Tiger ou Leopard.
avatar Kerala | 
Bonjour, excusez ma question qui peut paraitre stupide, mais c'est quoi le partage d'écran dans le Finder ? Merci.
avatar Flexo | 
Cool, une interview de Will Shipley! Call him Fishmeal! ;-) C'est étonnant qu'Apple ne fournisse pas une API pour récupérer les pochettes dans iTunes. C'est limite idiot. D'un autre côté je ne pense pas que ça va empêcher Delicious Monster de nous sortir un DL2 qui déchire!
avatar Ploumette | 
@Kerala : ce ne serait pas le Mode Spaces ? Toujours intéressantes vos interviews ! Merci ! ; )

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