Mac de bureau : qui est le maillon faible ?

Christophe Laporte |

Il y a des gestes qui n’ont l’air de rien, mais qui veulent dire beaucoup. Ni vu ni connu, Apple a retiré le Mac mini de la photo de famille la semaine dernière. Y aurait-il des ruptures de stock à Cupertino ? Plus sérieusement, sur cette photo utilisée depuis plus d’un an, le Mac Pro n’y a même jamais été.

On a souvent évoqué le fait qu’Apple avait trois niveaux de priorité très différents concernant ses produits (lire : Les changements de cycle d'Apple expliqués). Cette photo montre très bien les gammes auxquelles la Pomme accorde de l’importance, chacune avec des raisons particulières.

L’iMac a toujours été la machine emblématique d’Apple. C’est elle qui symbolise, mieux que n’importe quelle autre, la renaissance du Mac. Elle a forcément une place à part.

Le MacBook est sans doute le Mac qui incarne aujourd’hui la vision d’Apple en matière de mobilité. Il ressemble à un iPad sur bien des points : il est ultra léger, sa connectique est réduite au minimum… et il a la lourde responsabilité de succéder au MacBook Air.

Dans cette famille, le MacBook Air peut passer pour l’intrus. Mais s’il est encore là, c’est parce qu’il reste incontournable. Avec le MacBook Pro 13”, il représente le gros des ventes du Mac. Enfin, il y a le MacBook Pro qui, avec l’iMac, est l’autre machine historique d’Apple. À l’image du MacBook, Il montre dans quelle direction Apple souhaite aller ces prochaines années.

Que faire des ordinateurs de bureau ?

En cette fin d’année, Apple a pris soin de revoir (pour le meilleur et pour le pire) sa gamme d’ordinateurs portables. Son prochain chantier, ce sont les ordinateurs de bureau. On espère que cela sera l’un de ses chantiers du début 2017. Reste qu’Apple est largement capable de laisser pourrir mûrir la situation et de ne rien faire pendant de nombreux mois encore. Les fans du Mac Pro ne sont plus à ça près…

La question que l’on peut tout de même se poser, c’est de savoir si, après les moniteurs, elle ne va pas réduire la voilure dans sa gamme d’ordinateurs de bureau. Soyons réalistes, même si Apple ne donne plus de chiffres précis sur ses ventes d’ordinateurs, l’iMac, le Mac Pro et le Mac mini ne pèsent certainement pas lourd dans les 4/5 millions de Mac qu’Apple écoule chaque trimestre.

Dans les nouveaux Apple Store, il y a plus d'arbres que d'ordinateurs de bureau. Étonnant, non ?

De ce que l’on sait pour avoir sondé beaucoup de monde, les ventes de Mac mini et de Mac Pro sont confidentielles. C’est un « petit événement » quand un client repart avec l’une de ces deux machines sous le bras. L’iMac continue de se vendre, mais on est loin du succès qu’a pu avoir cette machine par le passé.

D’où la question : si Apple a eu le courage de sortir du marché des moniteurs, aura-t-elle le courage de faire le ménage sur les ordinateurs de bureau ? On peut toujours rêver à ce qu’Apple remodèle sa gamme, on a même des idées pour le Mac mini (lire : Trois fantasmes de Mac mini pour l'avenir), mais à vrai dire, on est persuadé qu’Apple, quoi qu’elle fasse, se contentera du minimum syndical. Alors quelle machine a le plus à craindre pour son avenir ?

L’iMac est-il intouchable ?

Dans cette équation, pour les raisons évoquées plus haut, l’iMac ne semble pas avoir beaucoup de souci à se faire. Le format monobloc a toujours représenté la vision d’Apple pour les ordinateurs de bureau.

Et d’ailleurs, si l’on devait raisonner par l’absurde, si Apple avait vraiment décidé de s’en prendre à son ordinateur fétiche, elle n’aurait probablement pas cessé de commercialiser des moniteurs. De notre point de vue, si la gamme d’ordinateurs de bureau devait se limiter à un seul modèle, ce serait lui.

Le Mac mini a-t-il perdu ses raisons d’être ?

Le Mac mini est une machine éminemment sympathique, mais n’a-t-elle pas perdu ses raisons d’être au fil des années ? Une machine à bas prix pour attirer les switchers ? Cette époque parait révolue.


De ce point de vue, la mission du Mac mini s’est soldée par un échec. Il n’a jamais connu un succès commercial considérable. De plus, en 2016, l’argument du prix questionne de moins en moins Apple. C’est le seul Mac désormais vendu à moins de 1000 €.

crédit : Macminicolo - Mac mini hosting - 2011 Mac mini first impressions

Sa philosophie a également été bafouée. C’était auparavant un ordinateur pour bidouilleurs où l’on pouvait changer beaucoup de composants. Aujourd’hui, il est plus fermé qu’un iMac 27”.

En quoi le retrait du Mac mini serait problématique pour Apple ? Pas grand-chose, si ce n’est un point : sa fonction de serveur. L’un des intérêts du Mac mini, c’est qu’il constitue un serveur pas cher pour le particulier ou les petites structures. Vous lui ajoutez une solution de stockage et macOS Server (qui est vendu 20 €), et le tour est joué.

Reste que macOS Server n’est pas forcément une grosse priorité pour Apple. Et que l’édition Server du Mac mini a été sortie de la gamme il y a quelques années déjà. Bref, comme pour les écrans, il ne serait pas étonnant qu’Apple recommande à ses clients d’opter pour un NAS qui, dans ce domaine, permet d’en faire à peu près autant. On perdrait juste au passage quelques fonctionnalités spécifiques à macOS Server (tout ce qui est gestion du cache notamment).

On ne voit pas d’autres alternatives : un iMac serait trop volumineux et un Mac Pro beaucoup trop cher.

Le Mac Pro est-il une niche encore suffisante ?

À l’opposé du Mac mini (en termes de prix), il y a le Mac Pro, dont le cycle de renouvellement est encore plus erratique. Il n’a tout simplement pas bougé depuis son lancement en fanfare il y a trois ans. Il n’y a rien qui s’opposerait à un retrait de cette machine de la vente, tant Apple semble lui accorder peu d’importance.

On a eu l’occasion de l’expliquer, mais on se demande si dans l’esprit d’Apple, le MacBook Pro n’est pas le nouveau Mac Pro. D’autre part, l’iMac est également une belle station de travail. Mais à tous ceux qui ont véritablement besoin de puissance, les deux machines ne sont pas à la hauteur.

Un retrait du Mac Pro serait sans doute mal vécu par la communauté des utilisateurs créatifs qui se sent déjà trahie par Apple avec les nouveaux MacBook Pro. Ce serait peut-être le coup de grâce pour le monde de la vidéo, qui a besoin de puissance dans certains cas.

Face à l’immobilisme d’Apple, ils sont déjà nombreux à avoir abandonné le navire. Toutefois, la société californienne a toujours cherché à s’attirer les faveurs d’Hollywood. On se demande même si ce n’est pas l’unique vocation de cette machine.

Dans le meilleur des mondes, on a toujours pensé que le Mac mini et le Mac Pro avaient tout intérêt à se rapprocher. Technologiquement, le Thunderbolt 3 offre des perspectives intéressantes. Mais l’enjeu en vaut-il la chandelle pour Apple ?

D’où notre question du jour : si Apple devait faire le ménage dans sa gamme de bureau, quel ordinateur doit-elle sacrifier selon vous ? Pour voter, c’est par ici !

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