Firefox en danger de mort ?

Christophe Laporte |

Il n’y a pas que Flash dont les jours sont comptés. Pour Andreas Gal, la fin de la partie n’est pas loin pour Firefox. Son avis compte forcément un peu plus qu’un autre. L’homme a travaillé pendant sept ans en tant que directeur technologique de la fondation Mozilla avant de fonder il y a deux ans sa société spécialisée dans l’intelligence artificielle.

La dangereuse chute de Firefox dans les statistiques

S’appuyant notamment sur les chiffres de StatCounter, il clame haut et fort ce qui apparait sans doute comme une évidence aux yeux de nombre d’observateurs : Chrome a plié le marché des navigateurs web de bureau.

En 2010, Firefox culminait à 31 % de part d’utilisation. Aujourd’hui, toujours selon StatCounter, sa part d’utilisation est passée sous les 15 %. Pendant ce temps, celle de Chrome est passée de 6 % à 63 %.

L’autre victime de l’irrésistible ascension du navigateur web de Google, c’est Internet Explorer. Sa part d’utilisation en 2010 était de 55 %. Aujourd’hui, elle est de 9 %. À ce chiffre, on peut toujours ajouter les 3,89 % de son successeur Edge, qui fait moins bien que Safari. C’est dire l’anonymat dans lequel il baigne actuellement.

La réalité est encore plus cruelle si l’on inclut les chiffres du mobile : Firefox pèse moins de 6 % des connexions au web et Internet Explorer vient de passer sous les 4 %.

Google : l’excuse facile ?

Pour expliquer le succès de Chrome, Andreas Gal a insisté dans un second billet sur la promotion agressive dont il bénéficie. Dès que l’on passe par un service Google, on est en effet incité à installer le navigateur maison.

Aujourd’hui, si Google est agressif d’un point de vue marketing, c’est davantage pour asseoir sa domination sur le mobile où la concurrence est plus forte entre iOS qui propose Safari par défaut et les fabricants de terminaux Android qui ne font pas forcément de Chrome le navigateur par défaut.

Face à des mastodontes comme Apple et Google, il est sans doute difficile de rivaliser. Mais le déclin de Firefox et d’Internet Explorer tient dans la même explication : les deux acteurs ont échoué de manière retentissante sur le mobile (lire : Windows aPhone) .

Plutôt que de tenter d’imposer leur navigateur web sur les différentes plateformes, ils ont voulu remporter la partie en créant leur propre système d’exploitation avec le succès que l’on sait. Le pari était déjà compliqué pour une société comme Microsoft, il était tout simplement irréaliste pour une structure aux moyens limités comme la fondation Mozilla.

Comment concourir face aux équipes de développement d’iOS et d’Android qui sont sans doute les plus performantes au monde ? Comment s’imposer dans les négociations avec les opérateurs et les constructeurs de terminaux lorsque l’on a en face des sociétés comme Google et Apple ?

Les mauvais choix de la fondation Mozilla

Cette erreur, la fondation Mozilla la paie cher. Andreas Gal se rappelle avoir lancé le projet Firefox OS en 2011 estimant que le marché des navigateurs de bureau était mort. L’analyse était juste, mais sans doute trop tardive et la décision inadaptée.

Au lieu de faire preuve de pragmatisme, la fondation Mozilla a fait dans l’idéologie et s’est noyée, accordant trop d’importance à certains détails techniques comme cette volonté d’avoir à tout prix son moteur de rendu sur iOS, moteur de rendu qui de surcroit n'avait aucun avantage particulier sur mobile.

Tristan Nitot au Mobile World Congress 2013. Photo MacGeneration CC BY.

Tristan Nitot, fondateur de Mozilla Europe, nous l’expliquait en 2014 :

À notre grand regret, nous ne pouvons pas du tout être présents sur certaines plateformes, comme iOS. Même si Chrome est disponible sur iOS, il ne dispose pas de certaines avancées comme le JavaScript accéléré et il ne peut pas remplacer Safari comme navigateur par défaut. Chrome profite des faiblesses de Safari, mais ça se limite à ça : on peut profiter de la négligence d’Apple, mais on ne peut pas réellement la concurrencer sur sa propre plateforme.

Cette stratégie n'a pourtant pas trop mal réussi à Chrome, qui est loin d’être un acteur anodin sur iOS. Et c’est ce que Firefox aurait dû faire dès les débuts de l’App Store. Proposer un navigateur web basé sur WebKit, mais avec des fonctions innovantes. Chose que la fondation a décidé de faire en 2015, mais il était déjà trop tard !

Cette voie comportait également son lot de difficultés. On insistera par exemple sur le fait qu'iOS ne permet toujours pas de changer de navigateur par défaut. Mais sur Android, on aurait très bien pu imaginer des accords avec des constructeurs de smartphone désireux de ne pas laisser la voie libre à Google et à Chrome. Une telle stratégie, à condition qu'elle soit effectuée de manière efficace et habile, lui aurait sans doute permis de connaitre un meilleur sort qu'actuellement.

Si l’on veut voir le verre à moitié plein, on peut toujours se dire d’une certaine manière que la fondation Mozilla a en grande partie réussi sa mission. Le web est dans un bien meilleur état qu’il ne l’était au début des années 2000. De plus, son avis compte quand il s’agit de développer de nouveaux standards. Mais la difficulté à venir pour la fondation va être de conserver cette voix si sa part d’utilisation continue à se réduire comme peau de chagrin. En attendant, comme Internet Explorer, son déclin parait irréversible.

avatar Moonwalker | 

Pour moi, ils peuvent bien disparaître.

Je n'ai aucune confiance envers la Fondation Mozilla depuis qu'elle a essayé de me vendre aux publicitaires.

D'ailleurs, elle nous vend toujours :
https://www.developpez.com/actu/149357/Firefox-Mozilla-a-conclu-un-accord-avec-Google-pour-traquer-les-utilisateurs-sur-le-catalogue-de-modules-avec-Google-Analytics/

À Google.

Tant qu'à faire, autant supprimer les intermédiaires et carrément installer Chrome.

avatar Remords Sincères | 

Et?
Tu reçois des catalogues d'équitation dans ta boite à lettres dès que tu tapes "cheval" dans Google?

Non mais c'est hallucinant ici. Vous êtes du genre à croire que le test de Guthrie à la naissance sert au fichage ADN aussi non?
Vous avez tous un smartphone Apple, qui demande les coordonnées et le compte bancaire à peine 30 secondes après qu'il soit allumé la première fois, qui demande vos empreintes digitale, qui enregistrera ensuite votre visage, mais totale confiance là ? ..... ? ? ? ? ? ? ? ?

Par contre Google c'est le vilain petit canard. Oh non dieu ils savent ce que je recherche ..
Notons que ça ne vous a jamais porté préjudice dans votre vie.

avatar jacobinet | 

On a compris ton point de vue. Merci de respecter celui des autres.

avatar patrick86 | 

"Vous avez tous un smartphone Apple, qui demande les coordonnées et le compte bancaire à peine 30 secondes après qu'il soit allumé la première fois, qui demande vos empreintes digitale, qui enregistrera ensuite votre visage, mais totale confiance là ? ..... ? ? ? ? ? ? ? ?

Par contre Google c'est le vilain petit canard. Oh non dieu ils savent ce que je recherche ..
Notons que ça ne vous a jamais porté préjudice dans votre vie."

Vous ne voulez donc pas essayer de comprendre dans le détail ce dont il est question, et préférez tomber dans un obscurantisme ridicule ?

Bien vous en fasse. ? C'est votre choix.

Mais pourquoi cherchez-vous donc à ridiculiser toute idée, avis ou compréhension différente de la votre ? Besoin de vous rassurez sur vos choix ? ?

avatar 142xe14 | 

Enfaite Apple clame a tout bout de champs qu'ils ne revendent pas les données des utilisateurs (sous-entendus les autres, notamment Google et Microsoft oui)... Sauf qu'en réalité, Google vends des emplacements publicitaires, une entreprise souhaite vendre un produit aux de jeunes adultes, elle propose sa pub a Google qui l'affichera uniquement aux jeunes adultes. En revanche, Google ne vends pas les infos sur ses utilisateurs, car c'est sur ses infos que se base sont business... Les revendre permettrait aux entreprises de se passer de Google. Au passage, Apple fait la même chose avec Search Ads, comme quoi...

avatar docmib | 

C'est une blague ? Alors oui je le lance parfois vu que je dois jongler entre différents compte Google de notre domaine, mais il est TELLEMENT gourmand en RAM ce truc, je suis quasi tout le temps sur FireFox ou Safari...
J'ai pas envie que FireFox disparaisse comme Netscape !

avatar ataredg | 

Firefox ne disparaitra pas.
La version 55 qui arrive le 8 aout allege considérablement l'empreinte memoire.
http://www.papergeek.fr/firefox-55-peut-gerer-1691-onglets-ouverts-avec-moins-de-500-mo-de-ram-selon-ce-benchmark-66466

Et les travaux à venir chamboulent beaucoup de choses.
Il paie ses errements comme souligné à de nombreuses reprises ici mais je crois que la nouvelle direction est consciente du fait.

avatar akseor | 

J'espère vraiment que de tels gains vont être bientôt réalisés. Il est très important que les utilisateurs conservent le plus de choix possibles, y compris des choix open source. La disparition de Firefox serait très dommage de ce côté là...

J'utilisais Firefox jusqu'à environ 2010, puis je suis passé à Chrome presque par défaut. En l'état, lorsque je l'essaye, Firefox me parait inutilisable, à cause des resources qu'il consomme (côté mémoire, mais aussi surtout énergie : de ce côté, il me semble bien pire que Chrome).

Aujourd'hui, je cherche à me débarrasser de Chrome (lourdeur, consommation d'énergie, éco-système Google qui a fini de me fatiguer) et ce n'est pas si facile.
J'essaye d'utiliser Safari le plus possible (vraiment plus rapide que Chrome), et j'essaye aussi Brave (sa rapidité me stupéfie, mais je manque de recul pour vraiment le juger).

avatar Honorgate | 

En ce qui me concerne j'avais Firefox depuis plus de 10 ans, juste après Netscape. Un petit passage sur Opéra puis Chrome, j'utilise désormais Opéra dans sa dernière version qui est pas mal du tout et me permet d'avoir une interface simple à ma main.
Sur mon iPhone je n'ai pas trouvé mieux que Safari.

avatar Average Joe | 

Par contre, avec Safari, on ne peut regarder de vidéos YouTube en 4K. Il faut -si l'on dispose de l'écran qui va bien- utiliser un autre navigateur. Ça marche avec Opera, possiblement avec Firefox.

avatar Hertzfield (non vérifié) | 

???.

avatar Average Joe | 

Si Firefox devait disparaître, ce serait triste, alors ce sera Opera pour moi, ou Sea Monkey s'il fonctionne toujours. On ne peut installer Chromium sur Mac (j'y avais songé mais ce n'est faisable que sur PC). Firefox est présent sur mon iPhone aussi même si je ne m'en suis pas beaucoup servi.

avatar Someody42 | 

Je ne pense pas que Firefox va mourir. Pour moi, dans le pire des cas, il ne sera plus utilisé que par les personnes qui le connaissent et savent pour quoi ils l'utilisent, à la manière de Linux.

Pages

CONNEXION UTILISATEUR