« Beaucoup d'utilisateurs d'Illustrator passent à Affinity Designer »

Mickaël Bazoge |

Un autre logiciel vectoriel est possible. Pour tout dire, il n'y a jamais eu de meilleur moment pour lâcher un Illustrator qui se repose depuis longtemps sur ses lauriers (certes prestigieux), et emprunter un chemin de traverse. Les graphistes ont en effet rarement eu autant de choix pour jouer avec les courbes de Bézier.

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Si l'horizon des graphistes s'est limité à Illustrator durant de longues années, de nouvelles propositions ont émergé ces derniers temps : entre Sketch, disponible en version 3.1 depuis peu ou le très intéressant iDraw [2.4.1 – Français – 21,99 € - Indeeo, Inc.], les professionnels ont l'embarras du choix.

L'éditeur Serif, qui a fait de Windows son terrain de chasse pendant 27 ans, s'est lancé récemment sur OS X avec une grosse ambition : devenir incontournable sur le marché de l'édition graphique et de la PAO avec une suite composée de trois outils qui viennent marcher sur les platebandes d'Adobe. Affinity Publisher veut s'attaquer à InDesign et QuarkXpress, Affinity Photo va taquiner Photoshop et Pixelmator, tandis qu'Affinity Designer se concentre sur Illustrator et ses concurrents. Ce travail de développement a débuté il y a quatre ans et emploie une dizaine de développeurs.

Un programme ambitieux donc, mais le studio se donne les moyens d'aller au bout de son projet : le premier module de la suite, Affinity Designer [1.1.2 – US – 44,99 € – OS X 10.7 – 107 Mo - Serif Labs], se révèle en effet déjà très convaincant alors qu'il n'en est qu'à sa version 1. Optimisé pour OS X Yosemite et l'écran 5K du nouvel iMac depuis la dernière mise à jour 1.1.2, le logiciel peut se permettre de remplacer Illustrator dans la plupart des tâches courantes, tout en apportant de nouvelles manières de fonctionner comme les Personas, des espaces de travail adaptés à différents types d'activité, ou encore un excellent aperçu des pixels (qui rend encore mieux sur des écrans Retina). On y trouve aussi une bonne partie des outils bien connus des utilisateurs d'Illustrator, comme un Pathfinder, l'export en de multiples formats (dont le PSD, le TIFF, l'EPS et le SVG) et l'importation de documents Ai, les raccourcis clavier…

Tout n'est évidemment pas parfait : Affinity Designer ne propose aucune prise en charge d'un système de scripts, ni d'extensions; les Plans de travail d'Illustrator pointent aux abonnés absents; mais l'équipe d'une dizaine de développeurs du logiciel est réactive et prévoit des mises à jour régulières afin de mettre l'application au niveau de la concurrence sur tous ces points. Le logiciel a aussi pour lui d'être commercialisé sous la forme d'une licence perpétuelle, sans abonnement donc. On trouvera sur le site de l'éditeur une démo pour se faire une idée d'Affinity Designer.

Afin de tirer un premier bilan de cette aventure sur OS X, et pour tracer les perspectives à venir, Ashley Hewson, directrice générale de Serif, a bien voulu répondre à nos questions.

Entre Illustrator, Sketch et quelques autres, les graphistes commencent à avoir l'embarras du choix pour leur logiciel de dessin vectoriel. Quelle était l'idée derrière Affinity Designer ? Qu'est-ce qui fait l'originalité de votre logiciel, qu'a t-il que les autres n'ont pas ?

Affinity Designer est le premier module de la suite de produits Affinity. Au cœur de cette suite, on trouve Affinity Designer pour l'édition vectorielle, Affinity Photo pour l'édition d'images, et Affinity Publisher pour la publication assistée par ordinateur. Affinity Photo sera disponible en mars de l'année prochaine, et Affinity Publisher d'ici la fin 2015.

Il y a beaucoup de choses qui font d'Affinity Designer, et la suite complète, des logiciels uniques. Les performances offertes par Affinity sont extrêmement rapides, bien plus que Sketch ou Pixelmator. Designer n'est jamais à court de mémoire, il est donc possible de travailler sur une image de 100 mégapixels et les performances restent fantastiques.

Ensuite, nous avons bâti Affinity autour des besoins des professionnels et des créatifs, nous avons développé des choses comme le support du CMJN et le 16 bits dès le départ. Enfin, lorsque les autres produits de la suite seront disponibles, ils partageront le même format de fichier; il y a donc une intégration totale entre les documents, sans avoir à importer ou exporter votre travail dans différents types de format.

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Combien de temps a nécessité le développement d'Affinity Designer ? Quelles ont été les difficultés rencontrées durant la conception du logiciel ?

Nous avons investi l'équivalent de 40 années de développement dans la suite Infinity jusqu'à présent. Comme notre expérience précédente résidait dans le développement pour Windows, il y a eu beaucoup de choses que nous devions apprendre sur le développement pour OS X, mais pour être honnête, nous avons trouvé que c'était une plateforme bien plus simple que Windows. Tout ne repose pas sur le système d'exploitation non plus : avec le matériel d'Apple viennent des processeurs, des cartes graphiques, etc. Il y a beaucoup de configurations de Mac, mais ce n'est rien face aux millions de combinaisons différentes que les gens peuvent avoir sur un PC.

J'imagine que vous avez déjà beaucoup à faire pour améliorer Affinity Designer et finir le développement des deux autres logiciels de la suite, mais à l'avenir prévoyez-vous également de vous lancer sur iOS ?

Oui, la base de tous les moteurs utilisés dans Affinity a été conçue pour iOS, donc ce n'est qu'une question de temps avant de voir les produits Affinity sur iPad.

Avec la suite Affinity complète, vous allez concurrencer directement la Creative Suite d'Adobe. Pensez-vous que le trio Photoshop/Illustrator/InDesign manque désormais de pertinence ?

Nous pensons simplement que nous pouvons créer quelque chose de meilleur pour la majorité des créatifs professionnels, que n'importe quoi d'autre qui existe déjà. Les avantages de nos produits parlent pour eux : meilleures performances, plus grande précision, intégration complète avec les formats de fichiers. Nous voyons déjà beaucoup d'utilisateurs d'Illustrator passer à Affinity Designer, donc je pense que que les créatifs sont prêts à adopter de nouveaux outils s'ils améliorent leur manière de travailler.

avatar Strix | 

Faut que j'essaye ce soft à l'occase.

Par contre je n'ai pas compris l'histoire de "l'excellent rendu des pixels".

Pour du vectoriel je ne vois pas l'utilité...

avatar jeanba3000 | 

Ton vectoriel s'affiche sur des pixels ; de la manière dont les vecteurs sont interprétés pour « colorier » ces pixels va dépendre le rendu, plus ou moins net.

Tu le vois dans Illustrator, par exemple avec la palette Caractère, le menu de netteté des caractères (sans, net, précis, avancé), également avec la palette Transformation > menu > Aligner les nouveaux objets sur la grille en pixels, ce qui a pour effet de rendre le contour d'un rectangle net car bien aligné sur les pixels.

Encore plus flagrant dans Flash la différence de rendu entre un rectangle dont les coordonnées et dimensions sont des entiers (contour net) et un autre dont les coordonnées et dimensions comportent des décimales (contour flou), si on n'a pas coché la case Repère dans le panneau des Propriétés pour forcer un affichage aligné sur la grille de pixels. Pareil avec les différents rendus des typos dans Flash.

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