iWork 2013 : un nouveau format pour la synchronisation

Nicolas Furno |

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les nouvelles versions des trois logiciels qui composent la suite iWork ont suscité la polémique. Apple a totalement revu sa suite bureautique pour uniformiser les interfaces entre OS X, iOS, mais aussi les versions web. Un pari audacieux, mais qui nécessite quelques concessions : plusieurs fonctions ont été retirées dans le traitement de texte Pages, comme dans le tableur Numbers ou bien encore dans l’outil de présentation Keynote (lire : Test de Pages 5, Keynote 6 et Numbers 3).

Outre ces fonctions en moins qui énervent certains habitués, l’autre point qui concentre les critiques est le format de fichier. Inchangés en apparence, les fichiers créés par les trois logiciels n’ont en fait plus rien à voir et ils ne sont plus compatibles avec les anciennes versions. D’ailleurs, Apple prévient quand on veut ouvrir un ancien document qu’il va être converti et qu’il ne sera plus compatible avec les versions précédentes, sur Mac, comme sur les appareils iOS.

En ouvrant ce vieux document créé avec la version 09, Pages 13 prévient qu’il ne sera plus compatible avec les anciennes versions. De fait, le logiciel va convertir le document dans le nouveau format.

Pour l’utilisateur qui n’utilise plus que les dernières versions de Numbers, Keynote ou Pages, le changement sera indolore. L’aspect des documents ne change pas, les extensions n’ont pas changé et on ne note aucune différence, si ce n’est sur la taille des fichiers. De manière générale, le nouveau format choisi par Apple pour sa suite bureautique crée des fichiers plus lourds. Sur un document Pages composé exclusivement de texte, le nouveau fichier est plus lourd, mais la différence reste légère (138 ko contre 103 ko dans notre exemple).

Avec Keynote, on retrouve le même type d’écart, mais avec Numbers la différence est parfois plus sensible. Michael Tsaï a comparé les deux versions du tableur d’Apple et le résultat n’est pas bon. Les mêmes données au format CSV ouvertes, puis enregistrées avec Numbers 09 pèsent six fois moins lourd qu’avec Numbers 13 : 2,6 Mo auparavant, contre 15,5 Mo aujourd’hui. Une différence énorme qui s’accompagne d’ailleurs d’une baisse des performances pour ouvrir ou sauvegarder des documents.

Malheureusement, on ne peut pas facilement tirer de conclusions générales sur le poids des nouveaux documents. Pendant nos essais, nous avons constaté autant de cas où les fichiers des nouvelles versions pèsent plus lourd qu’avant, que de cas où c’est l’inverse. Avec un fichier Pages de près de 30 Mo avec un grand nombre d’images, on a même obtenu un gain à hauteur du tiers de l’original simplement en l’enregistrant dans la dernière version du traitement de texte.

Peu de signes du nouveau format, si ce n’est un poids différent pour les fichiers : dans ce cas, le nouveau format pèse plus lourd, mais ce n’est pas systématiquement le cas.

Qu’importe la différence de poids des fichiers, ce nouveau format est très différent de l’ancien, comme le montre cette exploration menée par Nick Heer sur son blog. Avant la mise à jour, la suite iWork rassemblait dans des paquets un fichier XML qui contenait le contenu (texte ou chiffres) et des dossiers pour les aperçus Coup d’œil et pour toutes les images et autres documents intégrés au fichier. Au total, on avait un format propriétaire, certes, mais que l’on pouvait assez facilement convertir dans un autre format, ou qui pouvait au moins servir pour extraire le texte.

Keynote, Numbers et Pages abandonnent ce modèle et optent pour une organisation différente. Le système des paquets est conservé et l’utilisateur peut toujours effectuer un clic secondaire sur un document pour afficher ce qu’il contient. À l’intérieur, on trouve des images qui servent d’aperçu dans les applications iOS et OS X, mais aussi sur le web. On trouve aussi un dossier Data pour les images et autres éléments intégrés aux documents. Un dossier est dédié aux métadonnées et le texte ou les chiffres sont désormais stockés dans un fichier Index.zip.

Contenu d’un paquet Pages : ici, on a ouvert Index.zip pour en afficher le contenu, mais le dossier Index n’est pas présent normalement.

À l’intérieur de cette archive que l’on peut facilement décompresser, le contenu est enregistré dans des fichiers .iwa. Une extension assez rare, utilisée par IBM dans les années 1980, mais qui ne correspond pas au même format dans iWork. Ici, il s’agit d’un format original pour stocker autant les mots ou les chiffres que leur présentation. Mais le problème, c’est qu’il est très difficile de déchiffrer le contenu…

Impossible d’ouvrir ces fichiers .iwa dans un éditeur de code normal. Le Terminal peut les afficher avec la commande nano, mais comme on peut le constater, le résultat n’est pas très lisible. Après quelques enquêtes, l’auteur de l’article a déterminé qu’Apple avait adopté le protocole Buffers créé par Google. Un format d’enregistrement des données qui est similaire dans l’idée au XML, mais en plus léger et plus simple. Google a inventé ce protocole avec la synchronisation en tête et on peut ainsi comprendre l’objectif d’Apple : iWork 13 place la synchronisation entre Mac, appareils iOS et web au centre de ses préoccupations et le choix de ce nouveau format paraît, à cet égard, logique.

Le texte contenu dans un fichier Pages n’est pas facilement lisible et encore moins récupérable.

Reste que ce changement pose de vrais problèmes, autant d’interopérabilité que de pérennité. Autant on pouvait facilement convertir un document créé avec iWork 09 et ses prédécesseurs dans l’hypothèse où Apple abandonnerait sa suite bureautique, autant l’opération pourrait être bien plus complexe maintenant. Pour Nick Heer, le bilan est un peu amer : même si on peut comprendre les raisons d’Apple, ce nouveau format est comparé au .doc de Microsoft. Sauf qu’iWork n’est pas aussi répandu qu’Office, loin de là…

avatar levincefr | 

Heureusement que Microsoft est là ! Le pack office est de loin la meilleure solution bureautique et le restera encore longtemps. N'en déplaise à Apple qui excel (attention jeu de mot) dans l'art d'agacer ses clients.

avatar Titov | 

Oui, Pages 5 est encore revenu cette nuit .......................

Son fantôme hante-t-il mon iMac ? Et bien non.

Il faut aller dans Préférences Système -> App Store -> décocher "Télécharger les dernières mises à jour disponibles en tâche de fond" (enfin, je pense)

A cause Pages 5 je ne peux plus bénéficier de ce service bien pratique : merci Apple

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