Starry Night Pro 4

La redaction |
Starry Night 4 est une mise à jour majeure du fameux logiciel d'astronomie spécialement conçue pour les versions modernes des systèmes d'exploitation actuels : Mac OS X et Windows XP. Elle utilise OpenGL pour un superbe rendu des étoiles et de la Voie Lactée.


Il existe deux versions : la Backyard satisfera la plupart des acheteurs avec son catalogue de 2,5 millions d'objets tandis que la version Pro et ses 20 millions d'objets (et l'accès à un catalogue online de 500 millions) est indispensable aux rêveurs et aux observateurs les plus exigeants. La version Pro inclut également plusieurs catalogues spécialisés et permet de piloter un télescope.


Notons que la version Beginner très limitée n'a pas évolué. Elle reste en version 3 et ne tourne donc que sous Classic. Elle servait aussi de version de démo si bien qu'il n'y a pas encore de démo de la version 4. Mais l'éditeur annonce qu'elle sortira d'ici Noël.


Le ciel en Aqua


Le coffret contient deux CD. Le logiciel et sa base de données se trouve sur le premier, alors que le deuxième contient 90 minutes de vidéo QuickTime. Un manuel de l'utilisateur de 140 pages ainsi qu'un guide d'initiation à l'astronomie de 240 pages sont fournis, tous deux rédigés en américain.


L'installation dure un petit moment car il y a plus de 6 000 fichiers à copier. Heureusement, à l'arrivée tout est rassemblé dans un paquet sous la forme d'une icône unique dans le dossier Applications comme il se doit sous Mac OS X. La mise à jour ne semble pas réclamer la présence de la version précédente sur le disque. Toutefois, il est indispensable de préciser son numéro de série lors de l'achat sur Internet.


Par rapport à la version 3, l'interface a été complètement remaniée et il faut féliciter les auteurs d'avoir réaliser une application simple, robuste et cohérente respectant les règles d'ergonomie de Mac OS X. Les palettes flottantes ont été remplacées par un système de panneaux de contrôles accessibles par des onglets - et des raccourcis clavier - sur la gauche de la fenêtre. Une barre de navigation en haut permet de régler la vitesse de défilement du temps, le lieu d'observation et le champ de vision.


Accessible par Pomme-J, le panneau "View Options" permet une personnalisation extrême de l'affichage. Ici, l'on peut choisir quoi afficher parmi les systèmes de coordonnées, les objets du système solaire (satellites artificiels, comètes, astéroïdes, etc.), les types d'étoiles, les objets du ciel profond et les informations sur les constellations. On peut choisir d'afficher ou non les libellés et définir la police, le style, la couleur et même la quantité de libellés. Pour les étoiles, on peut restreindre l'affichage en spécifiant une plage de distances ou de magnitudes.





Pomme-I dévoile naturellement le panneau "Info" dont le contenu varie avec le type d'objet sélectionné. On y trouve les coordonnées spatiales; les heures de lever, de culmination et de coucher; la distance, la magnitude et une description généralement détaillée. C'est ici que vous apprendrez que telle étoile est double ou variable et même qu'on lui connaît quelques planètes. Des données plus techniques comme l'indice de couleur B-V ou la position sur le diagramme HR sont aussi accessibles.





Pomme-F active le panneau "Find" dont le fonctionnement est similaire à la fonction de recherche du Finder. C'est dire qu'il a bien évolué.





Tout cela est réalisé avec soin et efficacité. Même si les panneaux de contrôle occupent trop de place pour qu'on les laisse en permanence à l'écran (surtout qu'ils éblouissent par leur blancheur), on réalise rapidement qu'ils facilitent l'accès à bien plus d'informations et de paramétrages que les palettes flottantes qu'ils remplacent. En revanche, l'accès direct à un peu plus de fonctions depuis la barre de navigation serait une bonne chose.


Le vaisseau spatial


Aussi étonnant que cela puisse paraître, démarrer Starry Night en fin d'après-midi et assister en accéléré au coucher du Soleil et à l'arrivée progressive du crépuscule, des étoiles et de la Voie Lactée est une chose merveilleuse. L'usage d'OpenGL autorise un rendu réellement spectaculaire et réaliste de cet événement et constitue un prélude idéal à une nuit d'observation si le ciel s'y prête et sinon à une soirée de rêveries en compagnie de ce logiciel somptueux.


Une autre source d'émerveillements est que désormais des objets étendus comme les nébuleuses et les galaxies s'affichent en qualité photo progressivement dès le début du zoom telle une image dans iPhoto. L'intérêt est aussi pédagogique. On réalise l'existence d'objets largement plus étendus que la Lune mais peu lumineux qui dominent le ciel mais restent invisibles. Ainsi l'imposante nébuleuse North America du Cygne a un diamètre apparent 6 fois supérieur à celui de la Lune ! Dans Starry Night, elle trône dans le ciel d'été comme une reine. D'un clic, on peut zoomer sur elle jusqu'à ce qu'elle occupe tout l'écran et révèle d'authentiques détails. Il en va de même de centaines d'autres objets dans Starry Night.







Les planètes sont représentées correctement orientées dans le ciel (y compris la tâche de Jupiter) et montre bien plus de détails qu'on peut espérer en voir dans un télescope (à moins de pirater Hubble). Là aussi, il est possible de zoomer pour assister au ballets des satellites. Mieux encore, d'un seul clic, on peut y aller ! L'observateur s'élève et se projette dans l'espace jusqu'à sa destination. Vu depuis Io, Jupiter domine réellement tel un géant dans le ciel. Depuis la lointaine Pluton et sa compagne Charon définitivement immobile dans son ciel, les planètes intérieures apparaissent dans un mouchoir de poche autour du Soleil.





Pour voir d'autres cieux, le mieux est de se mettre en orbite autour d'une autre étoile. Oui, c'est possible. Pendant le voyage, les constellations se déforment et on laisse derrière soi quelques étoiles proches telle une scène de Star Trek. En même temps on réalise les limites de notre connaissance car hélas aucune planète n'est représentée autour des étoiles. Même celles pour lesquels on en connaît, d'ailleurs. Une évolution possible pour la prochaine version du programme.


Mais pour prendre la mesure de l'Univers, changer d'étoile ne suffit pas. Il faut quitter notre Voie Lactée et se balader entre les galaxies. 28 000 galaxies sont affichées correctement orientées. A cette échelle, on prend conscience de hétérogénéité de la répartition des galaxies. Celles-ci se concentrent en filaments qui entourent d'immenses bulles de vide.


Starry Night autorise tous ces voyages à travers l'espace, le rêve et la connaissance. On regrettera que la navigation entre les galaxies exige un moteur puissant. Sur un Powerbook 667 ça rame alors que les autres fonctions du logiciel sont fluides. L'éditeur propose un autre produit dédié à cette exploration : "Deep Space Explorer" qui est d'ailleurs bien plus fluide mais dont le portage sur Mac OS X est moins exemplaire.


Le professeur d'astronomie


Fourni avec un manuel papier d'initiation à l'astronomie de 240 pages et 90 minutes de vidéo en Quicktime, Starry Night se veut également outil de pédagogie. C'est bien mais surtout destiné au public anglophone car rien de cela n'est traduit en français. D'ailleurs vu la très bonne qualité du contenu de ces vidéos, on peut regretter qu'elles soient diffusées en CD. Il serait appréciable que l'éditeur utilise ses Mac pour monter un DVD qui offrirait une meilleure qualité de l'image et de multiples possibilités de doublage et de sous-titrage.


Même sans ces documents, l'aspect pédagogique est partout présent. Dans la description des objets pointés mais aussi par la diversité des situations qui peuvent être mises en scène : éclipse visualisée simultanément de la Terre, de la Lune et de l'espace grâce à trois fenêtres coordonnées; danse des satellites autour de Jupiter ou des astéroïdes autour du Soleil; représentation des étoiles proches ou des galaxies du groupe local vues d'un point extérieur.


L'instrument de l'amateur pointilleux


Accessoirement, Starry Night sert aussi d'outil de travail pour les puristes de l'astronomie amateur pour lesquels une soirée d'observation ne saurait se résumer à presser quelques boutons sur une raquette GO-TO. Même si le progrès c'est bien, travailler à l'ancienne permet d'apprendre davantage et comme dit le philosophe : "peu importe la destination, c'est le voyage qui importe".


Armé de Starry Night, vous pourrez donc enfin débusquer cette minuscule nébuleuse planétaire aux limites des possibilités de votre instrument que vous traquer depuis des nuits. Vous pouvez retourner l'image selon les deux axes et afficher des cercles délimitant le champ de vision obtenu dans un oculaire, un chercheur, une paire de jumelle ou un CCD. Le panneau "FOV Indicators" permet d'en créer de nouveaux et de sélectionner ceux adaptés à l'observation. Enfin, le mode de vision nocturne qui passe l'affichage en rouge est aussi présent.





Si ça ne suffit pas, vous pouvez toujours interfacer le logiciel avec un télescope. Vérifiez sur le site Web que Starry Night sait piloter votre appareil et n'oubliez pas de dégoter un adaptateur USB/RS-232C. Les auteurs ont eu la courtoisie d'intégrer des pilotes pour la plupart des télescopes actuels MEADE et CELESTRON. Que voilà une bien agréable nouvelle. Hélas, nous n'avons pas eu l'occasion de tester cette fonction.


Le panneau "Planner" établit de lui-même une liste d'objets à observer en fonction du lieu et de la date. Un outil idéal pour les soirées improvisées. On choisit les types d'objets parmi étoiles, planètes, comètes et objets du ciel profond. Bien mais pourquoi le résultat inclut-il tant de comètes de magnitude 17 et plus ?





Le "Grapheur" est aussi une nouveauté de cette version. Il dessine des graphes montrant la variation d'une variable choisie parmi : séparation, altitude, magnitude, distance, élongation et distance angulaire.


Quelques mots sur les catalogues de la version Pro. Les catalogues d'étoiles Hypparcos (100 000) et Tycho-2 (2 millions) intègrent les distances. Ils sont complétés par 19 millions d'étoiles du catalogue Hubble. Pour le ciel profond, le catalogue Messier est judicieusement remplacé par un catalogue de "Bright Objects" contenant tous les objets de Messier plus 60 autres injustement oubliés. Il est complété par l'indispensable NGC-IC aux 14 000 références mais aussi par quelques autres catalogues d'objets relativement lumineux. Enfin, des catalogues spécialisés référencent 45 000 étoiles variables, 11 000 multiples, 700 pulsars, 18 000 quasars et 28 000 galaxies proches avec leurs orientations. Cela devrait suffire !


Un seul petit bémol, c'est l'impossibilité d'enrichir la liste des lieux d'observation proposés par des sites personnels. Un oubli étonnant et une régression par rapport à la version précédente. L'éditeur m'assure que cette fonction sera présente dans une mise à jour qui sortira avant Noël. En attendant, il est toujours possible d'éditer le fichier Earth-E.txt présent dans le dossier Locations.


En conclusion


Les possesseurs de la version 3 Pro jugeront diversement l'intérêt de cette mise à jour qui permet essentiellement d'utiliser l'application directement sous Mac OS X alors qu'elle tourne déjà très bien sous Classic et qui affiche de magnifiques animations en OpenGL par le truchement d'une interface remaniée mais qui apporte peu de nouveautés.


En revanche, les nouveaux utilisateurs et les anciens sensibles aux rêveries qu'inspirent les voyages cosmiques réalisés avec Starry Night seront sûrement stupéfaits par la richesse, la qualité et l'imagerie de ce logiciel.


La réalisation est exemplaire. A la fois outil de travail pour les amateurs, outil pédagogique et vaisseau d'exploration de la galaxie, Starry Night 4 mérite un succès universel.


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