Macromedia Contribute 2

Vincent Absous |
Si la bêta de Mac OS X proposait un logiciel de composition de pages, les versions successives de l'Unix en sont depuis dépourvues. Ce ne sont pas les solutions tierces qui manquent, mais c'est sur Contribute que le choix d'Apple s'est en quelque sorte porté. La société propose en effet de télécharger la version d'évaluation du logiciel et elle offre un rabais de 20 dollars sur son achat. Pourquoi ce choix, plutôt que celui d'un Freeway, ou même d'un RapidWeaver, par exemple ? Parce que le logiciel de Macromedia offre beaucoup de fonctionnalités séduisantes dans une interface assez claire, qui ne saurait dérouter le novice.

Signalons d'emblée que pourtant Contribute n'est pas conçu pour les utilisateurs débutants ou ignorants tout de l'HTML, pas vraiment du moins. Le logiciel n'est d'ailleurs pas vraiment un logiciel de création de sites Internet. Non, Contribute répond à un autre souci : celui d'empêcher ceux qui contribuent (on comprend mieux maintenant le nom du programme) à la vie d'un site de nuire à sa mise en page, à son code, etc., bref, de mettre le site en péril alors qu'on attend d'eux qu'ils proposent avant tout du contenu éditorial. Dans les faits, Macromedia présente Contribute comme un auxiliaire, le principe étant que le(s) webmaster(s) aura (auront) réalisé le site avec un autre logiciel (Dreamweaver, FrontPage, etc.). Le site de Macromedia explique assez bien comment il est alors possible de verrouiller le site pour faire en sorte que les contributeurs (appelons ainsi les utilisateurs de Contrbute) ne puissent accéder qu'à ce qui les concerne : l'édition du texte.

Pourtant, Apple vante le logiciel d'une tout autre façon. La page que la firme lui consacre dans .Mac laisse assez entendre que pour elle, Contribute est le logiciel qu'il faut pour réaliser des sites personnels, commerciaux, associatifs. Pour aider d'ailleurs à la créativité, l'abonné .Mac se voit en plus offrir treize modèles de sites fournis clefs en main. Alors, Contribute la panacée ?

Découverte de Contribute

Passons sur l'installation : elle n'appelle aucune remarque particulière, si ce n'est que les modèles de pages offerts par Apple devront être installés après le logiciel, puisqu'ils sont placés dans le dossier Macromedia Contribute (>Configuration > Content > StarterPages > 00_dotMac).

Le lancement de Contribute est assez lent. C'est que le logiciel établit le contact avec le ou les serveurs où sont stockées les pages Web. La première fois, il propose d'ailleurs d'établir une connexion avec le serveur .Mac correspondant aux informations saisies dans les Préférences Système. Si on le laisse faire, à chaque lancement, Contribute montera l'iDisk sur le Bureau et l'on sait que l'accès aux serveurs d'Apple n'est pas des plus rapides. De même si l'on n'est pas connecté à Internet au moment où l'on lance le logiciel, ce dernier moulinera le temps de chercher, et finira par proposer de travailler hors-ligne. Il en sera de même si l'un des sites qu'on lui aura indiqués est injoignable.

Attention, dans sa version Mac (ce n'est pas le cas dans la version Windows), le logiciel est en anglais. Ce n'est pas gênant pour qui a l'habitude de ce genre de programmes, ça le sera certainement plus pour le novice qui découvre un créateur de site. C'est d'autant plus regrettable que l'interface de Contribute met en évidence l'aide qu'il ne sera donc pas facile de suivre.



À la différence de son grand frère Dreamweaver, qui aime à multiplier les fenêtres, Contribute joue de la sobriété : une fenêtre unique, divisée en trois zones. À gauche, en haut, s'affiche la liste des pages ouvertes en mode édition, ou simplement consultées. À gauche, en bas, l'aide. La place qu'occupent l'un et l'autre de ces deux pavés est facilement réglable en jouant du curseur de la souris, et l'utilisateur peut les faire disparaître depuis le menu View. Mais l'essentiel est ailleurs. L'essentiel réside dans la zone de droite, tour à tour navigateur Internet et éditeur. Navigateur, le logiciel s'appuie sur le moteur de rendu d'Opera, fourni d'ailleurs avec lui. Autant dire qu'une même page aura une apparence sensiblement différente aux yeux de l'habitué de Safari. De toute façon, on n'utilise pas vraiment Contribute pour flâner sur Internet.



La barre d'outils qui surplombe la fenêtre en question voit son contenu s'adapter dynamiquement. En mode navigation, si la connexion avec le site visité n'a pas été créée, un bouton "Create Connection", permet de saisir les informations qui permettront ensuite l'édition de la page visitée. Si, en revanche, l'utilisateur a déjà créé une connexion avec le site qu'il visite, il suffit de cliquer sur le bouton "Edit Page" pour basculer du mode navigation à celui qui permet la modification de la page. Un autre bouton est alors également présent, New page", qui permet, on s'en doute, d'ajouter une page au site sur lequel on travaille. Pour le reste, en mode navigation la barre f'outils propose l'essentiel de ce qu'on trouve dans d'autres butineurs : retour en arrière, page suivante, arrêt du chargement de la page, rafraîssement. Un dernier bouton, "Home Pages" dresse la liste, lorsqu'on clique dessus, des connexions qu'on a créées. Pour le reste, Contribute ne gère pas les favoris, et c'est normal. Enfin, quel que soit le mode dans lequel on évolue, on trouvera à côté de la zone d'adresse un bouton "Choose" qui permet de naviguer dans l'arborescence des sites pour lesquels on a les droits et qui permet d'accéder directement à la page qu'on veut éditer.

On notera que nulle part Contribute ne permet d'accéder au code HTML créé. C'est assez logique si l'on se souvient de pourquoi le logiciel a été créé, c'est assez gênant s'il est le seul programme dont on se sert pour l'édition de son site. Admettons toutefois que le novice n'a aucune envie de voir son code.


Créer une connexion

Contribute repose, on l'a dit, sur la notion de travail de groupe. Cela mérite quelques éclaircissements, faute de quoi l'on risque la confusion. Si l'on part du principe que l'on contribue à un site, mais qu'on n’en est pas le concepteur ni l'administrateur, cela implique que ce dernier nous a accordé les droits d'accès au site. En effet, pour Contribute, on est soit "aministrateur" du site soit "utilisateur". Dans le premier cas, on a la main sur tout et on définit les droits des seconds, dans le deuxième cas, on n'a accès qu'à ce qu'on a bien voulu nous donner accès (l'administrateur peut ainsi interdire à un utilisateur l'accès à la feuille de style ou l'utilisation au tag HTML tel que l'italique, le gras, etc.).

Pour pouvoir modifier une page ou pour créer un site, il faut avoir au préalable créé une connexion au serveur. Dans le cadre d'un travail en groupe, si l'on est simple contributeur, on utilise la clef que nous a fournie l'administrateur. Cette clef est en fait un simple fichier, reçu par exemple par courrier électronique, qui renferme toutes les informations permettant la connexion au site et définissant les droits que l'administrateur a conférés à l'utilisateur.

Pour autant, nous considérons ici que nous sommes le seul concepteur de ce site et que nous en sommes donc l'administrateur. Il nous faut donc créer nous-mêmes une connexion au serveur. C'est assez simple, un assistant est là qui nous pose quelques questions. En quelques minutes, nous sommes en mesure de créer notre site ou d'éditer son contenu.

















La connexion que nous venons de créer l'a été depuis un Cube sous Mac OS X 10.3.2. Le site est tout simplement hébergé en local, sur notre iBook, qui sert alors de serveur. Dans ces conditions, Contribute affiche la page index.html qui se trouve systématiquement dans le répertoire Site de chaque utilisateur du système. C'est dans ce répertoire que nous allons créer notre site (on regrettera un petit peu que Contribute ne sache pas utiliser le protocole Rendezvous). La démarche est exactement la même si le site est hébergé sur une machine distante. On effectuera alors le transfert des fichiers en FTP bien évidemment.

Créer et gérer son site



La page "Le partage Web personnel Mac OS X" est donc affichée dans Contribute. Un clic sur le bouton Edit Page provoque la création d'une copie de la page sur l'ordinateur. Contribute appelle cela "Draft", c'est-à-dire "brouillon". C'est sur ce brouillon que l'utilisateur travaille. Un clic sur le bouton New Page crée un nouveau brouillon qu'on enregistre ensuite. Dans les deux cas, modification d'une page existante ou création d'une nouvelle page, les possibilités sont nombreuses. Contribute permet en effet l'essentiel : saisie du texte, insertion d'image et de tableaux, importation d'animations flash, etc. Un regret : la version PC offre une fonctionnalité que nous n'avons pas pu tester, car elle n'existe pas dans la version Mac : Convertir un document Word, Excel, PDF, etc. en FlashPaper. Il suffit de glisser l'icône du document en question pour que Contribute en convertisse le contenu automatiquement et l'affiche dans l'éditeur où il sera alors possible de le modifier.



En mode Édition, la barre d'outils propose des icônes que tout utilisateur de traitement de texte saura reconnaître.



L'essentiel est donc là. Il est possible de définir les propriétés de la page, comme le montre la capture d'écran ci-dessous :



Établir un lienL'insertion de liens est simplifiée. Contribute propose d'établir un lien vers une page en cours d'édition, vers une nouvelle page, vers une page Web externe au site, vers un fichier présent sur le serveur ou vers une adresse mail. À chaque fois, le logiciel vérifie la validité du lien Web pour éviter toute erreur. Les options avancées permettent de lier vers une ancre et de sélectionner un affichage dans une autre fenêtre, dans un cadre, etc. L'essentiel donc, mais on doit reconnaître que si l'on a beaucoup de liens à créer (c'est le cas, par exemple, dans une page de... liens), on regrettera l'ergonomie d'un Dreamweaver qui, avec sa palette flottante, accélère grandement les opérations. Il faut ici pour chaque lien ouvrir la fenêtre Liens.

L'insertion des images se fait de deux façons : le glisser-déposer du Finder vers la fenêtre ou en passant par le menu Image qui apparaît lorsqu'on clique sur le bouton idoine de la Barre d'outils et qui permet de localiser le fichier sur son ordinateur ou sur le serveur du site.



Si une image insérée est sélectionnée, le choix de l'une ou l'autre option affichera la fenêtre de propriétés de l'image (un clic droit sur l'image y mène également). On retrouve là encore ce qu'il faut et l'on pourra définir la taille et l'emplacement de l'image, ainsi que son alignement et le texte alternatif. Nous avons tout particulièrement apprécié le fait que lorsqu'on choisit un alignement particulier ("left", "middle", etc.), l'icône symbolise immédiatement la manipulation. C'est très parlant. Une autre option du menu contextuel de l'image permet de lancer un éditeur graphique externe et d'appliquer les modifications que l'on veut à l'image, modifications qui seront enregistrées directement par le logiciel sur le serveur et répercutées automatiquement dans Contribute.



L'insertion des tableaux n'appelle aucun commentaire particulier, l'image devant se suffire à elle-même. Là encore, l'assistant est clair. Le tableau créé, il est possible de lui ajouter colonnes et lignes en cliquant simplement sur les icônes dédiées de la barre d'outils. Pour accéder aux propriétés du tableau déjà créé, un clic droit ou un clic sur l'icône Table de la barre d'outils affiche une fenêtre simple, composée de deux onglets, le premier consacré aux informations sur le tableau, le second à celle de la ligne et de la colonne. La manœuvre est tout à fait similaire lorsque c'est une cellule qui est sélectionnée. Dans tous les cas, Contribute facilite les choses en visualisant immédiatement le résultat de la commande à l'aide de pictogrammes très parlants.

Lorsque les modifications sont achevées, deux solutions s'offrent à l'utilisateur : publier la page ou enregistrer sur son disque dur la page, mais ne pas la publie encore (une troisième solution consiste à annuler son travail).

Création d'une nouvelle page



La création d'une page appelle quelques réflexions supplémentaires. Cliquer sur le bouton New Page provoque l'apparition d'une nouvelle fenêtre où l'on retrouve les connexions établies. On choisit celle qui nous intéresse, c'est-à-dire le site auquel on va ajouter une page (en l'occurrence celui qui est hébergé sur notre iBook). Contribute offre alors de créer une nouvelle page vierge ("Blank Web Page"), de créer une nouvelle page à partir de la page en cours ("Copy of Current Page") ou enfin de sélectionner un modèle. Le logiciel est fourni avec quatre jeux de modèles ("Business", "Collaboration", "Personal" et "Calendars"). Les abonnés à .Mac, on l'a dit plus haut s'en voient offrir treize supplémentaires. Chaque jeu propose un certain nombre de sous-modèles qu'on choisira en fonction de la page à créer : une page d'accueil, une page de catalogue, une page de texte, etc.). Il est encore possible de choisir un modèle personnalisé. Par la suite, toute création d'une nouvelle page ouvre cette fenêtre et il est nécessaire de parcourir l'arborescence pour repérer et indiquer le modèle voulu. On aurait apprécié que, par défaut, Contribute pointe déjà vers le modèle précédemment utilisé, considérant qu'il est rare qu'un site obéisse à plusieurs chartes graphiques.



Le modèle choisi, il faut donner un titre à la page. La page s'affiche alors dans l'éditeur et l'on n'a plus qu'à remplacer le texte en latin ou en anglais par son propre texte, et à établir les liens (une navigation est déjà mise en place). Parce que ces modèles reposent sur l'emploi d'une feuille de style incluse, un menu déroulant apparaît qui n'est pas présent lors de l'édition d'une page vierge. Il est aussi possible de définir des styles de caractères ou de paragraphes personnalisés (à moins que l'administrateur du site, le cas échéant, l'ait interdit).

Un gros reproche, essentiel, même. Contribute crée à chaque page enregistrée dans un sous-dossier du site une feuille de style et un dossier Image, où il place les images du modèle. C'est idiot et cela alourdit considérablement le site. Cela empêche également que la modification de la feuille de style se répercute sur l'ensemble du site. Un comble !



La publication d'une nouvelle page, créée ou non à partir d'un modèle, nécessite l'enregistrement du fichier sur le serveur. À l'utilisateur de définir exactement l'emplacement voulu. Précisons que les fenêtres d'enregistrement sont très fortement inspirées de celles proposées sous Windows. L'utilisateur Mac sera certainement dérouté. Là encore, c'est dommage.



Machine arrière

Contribute offre une fonctionnalité intéressante : la possibilité d'enregistrer les états successifs d'une page et d'y revenir au besoin. Pour cela, il suffit de sélectionner l'item Roll Back to Previous Version du menu File. Une fenêtre s'affiche qui liste les différentes publications de la page. Il suffit alors de sélectionner l'état du site désiré pour qu'un aperçu s'affiche. Un clic sur le bouton Roll Back et le tour est joué. Le mieux est encore que le logiciel conserve la mémoire de l'état C quand on revient à l'état B. Voilà qui devrait singulièrement rassurer les distraits. C'est sur le serveur même que Contribute enregistre ces différentes versions. Ainsi, tout utilisateur qui en a les droits, peut y accéder et choisir de restaurer tel ou tel état du site.



C'est dans le menu "Administer Websistes", puis en choisissant la connexion voulue, qu'on définit le nombre de versions que doit conserver Contribute. Évidemment, cela peut prendre de la place, et l'on aura tout intérêt à jouer avec rigueur si l'on ne veut pas voir son espace réduire comme une peau de chagrin.

Administrer un site




Nous venons de faire connaissance avec le menu Administer Websites. C'est depuis cette fenêtre que l'on définit les droits des contributeurs (il est aussi possible de le faire depuis Dreamweaver). Passons rapidement sur les options proposées. Le premier point, Sidewide Settings, permet de définir l'adresse e-mail et le mot de passe de l'administrateur. C'est donc ici que ce dernier définira le nombre de retours en arrière autorisés. C'est également ici qu'il supprimera l'administration, considérant que tout à chacun peut accéder librement au site.



C'est encore depuis cette première fenêtre qu'on définit les droits de chaque groupe, celui des administrateurs, et celui des utilisateurs. Il serait trop long de tout passer en détail. On retiendra qu'un administrateur peut grandement limiter la marge de manœuvre d'un utilisateur. Il peut choisir de ne lui donner accès qu'à certains fichiers et dossiers du site, il peut lui interdire de supprimer les uns et les autres ; il peut limiter son action à la seule saisie de texte ; il peut lui interdire l'utilisation des tags HTML de formatage ou l'utilisation de la feuille de style ; les limitations peuvent encore porter sur la création de page (il peut forcer la création de pages selon un modèle prédéfini), et sur l'utilisation d'images d'un certain poids. Et ce n'est pas tout.

Pour l'utilisateur lambda, celui qu'Apple vise avec cette offre promotionnelle, tout cela a de toute façon peut d'intérêt. De même, nous n'abordons pas ici la possibilité d'inclure dans sa page un système de paiement PayPal automatisé.

En conclusion

Apple a-t-il bien fait de choisir de pointer Contribute plutôt qu'un autre logiciel ? La réponse est ambivalente. Oui, la Pomme a bien fait dans la mesure où l'interface du logiciel (une fenêtre unique, une barre d'outils dynamique claire) est bien pensée. Oui, dans la mesure encore où Contribute permet sans conteste la réalisation de pages ou de sites soignés, d'autant que les modèles proposés par Apple aux abonnés .Mac sont assez réussis. Mais la réponse peut être plus nuancée si l'on pense que le logiciel n'a pas été conçu véritablement pour concevoir des sites, mais pour en alimenter le contenu. De ce fait, la partie administrative du programme peut ici dérouter. Le fait de devoir être connecté au serveur pour travailler sur le site (une fois la page publiée, on n'en conserve pas a priori de traces sur son disque dur) n'offre pas la souplesse des autres logiciels. De plus, le fait que le logiciel ne soit disponible sous Mac qu'en anglais peut s'avérer gênant, notamment si l'on veut suivre les étapes du tutoriel proposé. Apple n'aurait-il pas mieux fait, dans ces conditions, de proposer un autre programme, à la finalité plus évidente ? On pense notamment à Freeway, de l'anglais Softpress, qui, dans sa version Express, aurait certainement mieux convenu au public visé par la Pomme. Il n'empêche : Contribute est un bon programme.

CONNEXION UTILISATEUR